Les nouvelles dispositions annoncées le 29 décembre dernier par Paris concernant les commerçants algériens désireux de se rendre en France continuent de faire des vagues d'indignation. Pour obtenir un visa de court séjour, les commerçants algériens doivent désormais s'engager à ne pas demander de titre de séjour ni à bénéficier de prestations sociales ou médicales en France. Halim Benattalah, Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la communauté nationale à l'étranger, est de nouveau monté au créneau, jeudi, pour fustiger ces directives restrictives. «L'ensemble des Algériens considèrent discriminatoires les nouvelles mesures de délivrance des visas d'entrée aux hommes d'affaires algériens prises par les autorités françaises, a-t-il affirmé. «Ces mesures, plus restrictives encore, sont de nouveaux obstacles qui vont créer davantage de difficultés dans les mouvements d'affaires», a dénoncé M. Benattalah dans une déclaration à la presse au terme d'une réunion qu'il a tenue avec des représentants d'organisations patronales et des chefs d'entreprises algériens. Le Secrétaire d'Etat a affirmé que ces nouvelles mesures «ont profondément touché les hommes d'affaires et la dignité de l'ensemble des Algériens». Et d'estimer que «cela devient assurément problématique». «Le questionnaire que les demandeurs de visas doivent remplir contient des questions intrusives qui laissent supposer que tout Algérien, même s'il est aisé, est considéré comme un immigrant potentiel», a-t-il déploré. Et de souligner que ces nouvelles mesures «suscitent de nombreuses interrogations portant notamment sur leur portée», soutenant que «tout Algérien a des raisons légitimes de se déplacer». Autre point considéré comme «important» pour M. Benattalah: «s'assurer qu'il y ait effectivement un consensus national sur cette affaire pour ne pas laisser croire à notre opinion qu'il y a une catégorie d'Algériens qui est privilégiée et qu'il y a une autre qui va faire les frais de ces nouvelles mesures». Le Secrétaire d'Etat en charge de la communauté nationale établie à l'étranger a souligné l'importance de cette réunion qui l'a regroupé avec les chefs d'entreprises. «Cette rencontre permet d'avoir un éclairage important pour nous (les diplomates algériens) dans la perspective des futures négociations consulaires qui auront lieu vers la fin du mois avec le partenaire français», a-t-il affirmé. Et de souligner que ces négociations vont intégrer ce nouvel élément dans l'octroi de visas de court séjour aux Algériens. Paris et Alger tentent, depuis plus d'un an, de signer un quatrième avenant à l'accord bilatéral de 1968 sur la circulation entre les deux pays. De leur côté, les chefs d'entreprises algériens se sont dit «indignés» face à ces nouvelles mesures. C'est le cas de Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), qui a affirmé que celles-ci suscitent «le mécontentement de tous les chefs d'entreprises algériens. Et ce dernier de juger ces nouvelles règles de «dangereuses», et qu'elles susciteront un impact négatif sur les relations économiques entre les deux pays. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohand Saïd Naït Abdelaziz, a, quant à lui, dénoncé le caractère «discriminatoire» de ces nouvelles mesures qui ne concernent que les hommes d'affaires algériens. «C'est une mesure inacceptable et inutile», a-t-il dit, ajoutant que son organisation compte interpeller ses partenaires économiques français dans le but de faire pression sur les autorités françaises afin d'annuler cette mesure». Le vice-président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Nadir Bouabbes, a déclaré que son organisation avait déjà affiché aux autorités algériennes le mécontentement des hommes d'affaires algériens à l'égard de ces mesures. Le vice-président de la CAP plaide pour la révision de l'ensemble des procédures de délivrance de visas d'entrée en France pour faciliter la libre circulation des personnes et encourager les relations économiques». Le ministère français de l'Immigration avait indiqué que «ces nouvelles dispositions contribuent à réduire la liste des pièces demandées et sont donc favorables aux commerçants». Ces derniers, selon le même ministère français, «ont indiqué qu'ils étaient satisfaits de la simplification». Les commerçants sont désormais dispensés de fournir une attestation d'hébergement et une attestation de devises, a-t-on relevé. Les services consulaires français ont délivré 125.027 visas aux Algériens durant les onze premiers mois de l'année 2010.