L'ancien président égyptien Hosni Moubarak se dit victime de «campagnes de diffamation» et dément posséder des biens à l'étranger, dans un message sonore diffusé hier sur la chaîne al-Arabiya, sa première intervention depuis sa chute, il y a deux mois. «Je ne peux garder le silence face aux campagnes de diffamation et aux tentatives de porter atteinte à ma réputation et à mon intégrité, ainsi qu'à la réputation et à l'intégrité de ma famille», affirme M. Moubarak, qui a démissionné le 11 février, sous la pression de la rue après trois décennies de pouvoir. Il évoque aussi une «campagne injuste» dont il dit avoir «beaucoup souffert». M. Moubarak assure que ni lui ni son épouse Suzanne n'ont «de biens ou de comptes à l'étranger», alors que les nouvelles autorités égyptiennes ont demandé le gel de ses avoirs dans le pays et à l'étranger, et annoncé la création d'une commission pour enquêter sur ses biens et ceux de ses proches. L'ancien chef de l'Etat assure être prêt à coopérer avec la justice sur cette question. Il ne mentionne toutefois pas les avoirs de ses deux fils, Alaa et Gamal, qui détiendraient d'importantes fortunes, selon leurs détracteurs. Dans ce message sonore enregistré, de quelques minutes, que la chaîne a diffusé avec une simple photo de lui en illustration, M. Moubarak ne donne aucune indication sur le lieu où il se trouve. Les autorités assurent qu'il est assigné à résidence, dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh. Le nouveau pouvoir égyptien a récemment démenti des informations de presse selon lesquelles M. Moubarak se serait rendu dans la ville de Tabouk, en Arabie Saoudite, pour un traitement anti-cancéreux. Des manifestants rassemblés sur la grande place Tahrir du Caire, épicentre des manifestations qui ont provoqué sa chute, réclament depuis plusieurs jours, que l'ancien président et d'autres membres de son régime soient traduits en justice. Par ailleurs, Hosni Moubarak et ses deux fils sont convoqués par la justice, dans le cadre d'une enquête sur les violences contre les manifestants, lors de la révolte et pour des accusations de corruption. M. Moubarak et ses fils Alaa et Gamal sont convoqués «pour être interrogés sur des accusations contre eux, concernant les attaques contre des manifestants pacifiques qui ont provoqué des morts et des blessés», a déclaré le procureur général Abdel Méguid Mahmoud dans un communiqué. Les manifestations qui se sont déroulées entre le 25 janvier et le 11février, date de la démission de M. Moubarak, ont fait quelque 800 morts et des milliers de blessées, selon les autorités. L'ancien chef d'Etat et ses fils vont devoir aussi s'expliquer sur des accusations concernant «l'utilisation d'argent public», poursuit le communiqué de la justice. Aucune date n'est donnée pour leur audition.