Une rencontre ayant pour thème «la culture Mainsteam», animée par Frédéric Martel, universitaire et écrivain français versé dans le monde des médias, a été organisée, jeudi, au centre culturel français d'Oran. «Mainstream» est un mot d'origine américaine qui veut dire global ou de masse, visant le plus grand nombre, et culture Mainstream, d'après le conférencier, peut avoir deux perceptions, l'une positive et l'autre négative. Donc, pour y répondre, Frédéric Martel précisera avoir visité 30 pays différents pour mener son enquête sur le sujet. De son enquête, il écrira un livre ayant pour titre «Mainsteram». Comme premier constat, il dira que cette globalisation culturelle n'est pas hégémonique, puisque les cultures locales et régionales ne se sont pas effacées face à cette déferlante américaine. Pour illustration, il citera le Bollywood Indien qui produit 80% du box office indien et qui fait concurrence aux studios de cinéma américains de Hollywood, les bouquets satellitaires arabes de Rotana, MBC, El Arabia et El Jazeera pour le divertissement ou de l'information font coexister deux cultures différentes, mais pas plus. Les maisons d'édition de Beyrouth ou du Caire, pour l'édition littéraire, pour tout le monde arabe, ainsi que pour les Brésiliens, les Chinois et tous les pays émergents, pour des raisons démographiques et d'aisance financière, ont pu résister en faisant intéresser leurs jeunesses au produit local et domestique qui porte également en lui ses propres valeurs. Pour les promoteurs de ces labels à Dubaï, Bombay, Rio de Janeiro ou Pékin, la plupart des jeunes n'affichent aucune peur face à la globalisation : ils font avec en adoptant les nouvelles techniques de communication et de production. Questionnés, ils affirment que la globalisation et un enrichissement par le dialogue et l'échange et que la promotion de la culture locale est un signe de résistance face au déferlement qui vient d'Amérique. Les raisons ? Ils affirment tous que leur culture porte d'autres valeurs. Ce que l'auteur de Mainstream dément en affirmant que, justement, la culture américaine n'est pas seulement blanche, mais faite de multiples mélanges, de telle sorte que chacun dans le monde peut se voir dans les nouveaux héros américains, qu'ils soient noirs, latinos, asiatiques et autres races qui ont réussi à démentir l'idée de ce héros archétypal du Blanc. De même que le cinéma américain qui se délocalise pour monter aux premières lignes ; des films tournés en Inde par des Indiens Slumdog millionnaires, Bangkok dangerous ou Tintin. La recherche du produit financier par l'exportation de la culture, la mise en avant de la culture underground (lady Gaga) et l'apport des start-up dans la confection des films font que ce produit de diversité culturelle voyage bien. Au contraire, les Européens détenteurs de labels culturels se recroquevillent sur eux-mêmes en ayant peur de cette déferlante. Ils se replient sur eux-mêmes et croient que cette culture va effacer la culture locale et, du coup, l'identité nationale, d'où la fuite vers l'ethnocentrisme qui risque de les faire mourir de leur propre consanguinité. La culture américaine parle ainsi avec ce soft power (pouvoir doux) au monde entier. Et, d'après le conférencier, cela est faux dans la mesure où celui qui ne veut pas prendre le cours des choses perdra en fin de compte. L'auteur abordera en dernier lieu le chapitre lié à l'Internet et aux chamboulements qui en ont découlé par l'effacement même de certaines choses qu'on croyait éternelles. La même remarque a été faite pour la télévision dès son apparition, pour dire que les autres vecteurs culturels telle que la radio vont s'effacer. En tous les cas, Internet annonce un nouveau monde qui fait peur légitimement et personne ne peut savoir comment demain sera fait en matière de communication et de média.