Les 28 et 29 juin, TV5 consacre entièrement son programme à l'Algérie à travers son émission 24 Heures à Alger. C'est un Frédéric Mitterrand fidèle à son image sereine et compassée qui s'est présenté, hier matin, à la presse algérienne à la villa Raïs Hamidou ex-Pouillon, siège du commissariat général chargé de l'Année de l'Algérie en France, dans le cadre de l'enregistrement de son émission 24 Heures consacrée à Alger qui sera diffusée sur TV5 les 28 et 29 juin. C'est à l'issue de 4 jours de travail, d'interview et de rencontres avec les différents acteurs de la société algérienne, qu'est née cette émission. Alors que Frédéric Mitterrand et l'équipe de TV5 étaient à Alger le mois dernier, pour effectuer les repérages de l'émission, la terre a tremblé à l'est de la ville. TV5 a donc décidé de maintenir la réalisation de l'émission 24 Heures à Alger pour affirmer son soutien au peuple algérien, en appelant tous les téléspectateurs de TV5 dans le monde, à se joindre aux multiples actions de solidarité. «Trop de cris de douleur nous parviennent d'Alger, il faut s'y rendre pour écouter, transmettre, tenter de comprendre», affirme Frédéric Mitterrand. Ainsi, son équipe et lui se sont rendus, notamment au Bastion 23, au musée des Beaux-Arts, à la cinémathèque, à la plage, au jardin d'Essais et à Bab El-Oued, pour prendre le pouls de cette ville, qui continue à vivre et à bouillonner au rythme des gens qui l'animent. A l'instar de ces petites gens, ces enfants devenus orphelins, par la force tragique du destin, ces intellectuels, hommes et engagés, activement dans leur société, notamment ces artistes et écrivains qui vivent de part et d'autre de la Méditerranée. Le souci majeur de Frédéric Mitterrand, est «d'éviter de tomber dans le spectaculaire». «L'important est, dit-il, de situer certains aspects sur l'échange culturel entre les Français et les Algériens. Un échange fait d'opposition et de retrouvailles». Au programme donc, différents documentaires, reportages et interviews sous forme de salon, notamment une interview exclusive du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, mais aussi de Khalida Toumi, ministre de la Communication et de la Culture, des documentaires sur Jean Pelgi, Kateb Yacine, des plateaux avec différents invités du milieu politique (Louisa Hanoune) et culturel (Rachida Bracni, Nina Bouraoui, Dalila Orfali...). A travers cette émission, Frédéric Mitterrand dira qu'il n'a pas de message ni de leçon à donner à qui que ce soit. Il avouera être épaté de la multiplicité linguistique et culturelle de notre pays, veillant à indiquer que la part trilingue (arabophone, francophone et berbérophone) a été respectée pour répondre à la variété linguistique de la réalité algérienne. Le conférencier révèle avoir été tiraillé, en tant que Français face au vécu des Algériens et donc, constamment confronté à ses remords, sa culpabilité ou encore son refus de remords et de culpabilité et se trouver donc chamboulé sur le plan émotionnel. «C'est peut-être aussi bien comme ça: quitter le pays en ayant des questions à poser et non pas de réponses» et de renchérir: «Sur le plan personnel ce n'est pas si facile à vivre. Je pense ne pas être le seul dans ce cas, j'ai le sentiment que beaucoup d'Algériens éprouvent ce genre d'incertitudes contradictoires.» Au bout de cette aventure humaine (l'émission), Frédéric Mitterrand affirme repartir non pas changé, mais enrichi de par une écoute approfondie de l'Algérie et des Algériens. Cela étant, il n'omet pas de préciser que «l'émission est un travail non exhaustif qui appelle un complément». Toutefois, indiquera-t-il, «je n'ai été déçu par personne». Frédéric Mitterrand déplorera enfin l'absence d'images ici sur l'Algérie. «Heureusement qu'il y a eu l'Année de l'Algérie en France pour remobiliser certains circuits du cinéma.»