La cité Sarkina, à Constantine, a vécu hier une matinée mouvementée, lorsque l'expulsion d'une famille par la force publique a failli tourner au drame. A 9h, un huissier de justice accompagné de plusieurs agents de l'ordre public s'est présenté à l'adresse en question (100 logements, bloc 9, n°38) et a ordonné aux occupants d'un appartement F3, une famille de 6 personnes (les parents, 3 enfants et un beau-frère du mari), de libérer les lieux. C'est alors que les occupants se saisissent d'une bouteille de gaz butane et menacent de faire exploser l'appartement, créant une panique générale parmi le voisinage. L'expulsion manu militari sera ainsi freinée quelque peu par la tournure des évènements. Contacté par nos soins, l'un des occupants menacé d'expulsion, D. Mohamed, âgé de 25 ans, s'insurge contre «cette décision d'expulsion qui n'a pas pris en compte tous les facteurs du dossier». Notre interlocuteur nous explique que sa famille a acheté en 2003, auprès d'un particulier ce logement de type F3, qui demeurait un bien de l'OPGI (achat sous forme de pas-de-porte). Ce particulier, lui-même locataire de l'OPGI, empochera 130 millions de centimes avant de remettre les clés aux nouveaux locataires. La vente des logements sociaux étant interdite par la loi, les deux parties se contenteront d'une reconnaissance de dette, dont copie a été exhibée par les occupants du logement, signée par le vendeur devant un notaire et en présence de deux témoins. En 2011, le prix de ce logement a dépassé les 350 millions de centimes, chose qui a poussé le vendeur à exiger des nouveaux occupants un second versement de 130 millions, sinon il a menacé de les expulser du logement en leur reversant l'argent accepté en reconnaissance de dette contre la remise des clés. À défaut de la somme exigée, le vendeur déclenchera une procédure judiciaire d'expulsion et obtiendra gain de cause, au mois de janvier. Les expulsions étant bloquées durant la période d'hiver, ce n'est qu'hier, 18 mai, qu'il obtiendra le droit d'exécution de la décision d'expulsion. L'OPGI de son côté nous indiquera, par la voix de la cellule de communication, que plus de 1.800 cas du genre, la majorité recensés à la nouvelle ville Ali Mendjeli, sont actuellement sur la table du service juridique ! En fin d'après-midi, nous apprenons que les services de l'ordre public ont réussi à calmer les occupants, tout en éloignant la bouteille de gaz butane. L'expulsion est inévitable.