Hier matin, un important dispositif de sécurité a été déployé à Bachdjarrah, pour déloger les indus occupants des logements squattés durant le week-end. Les forces de l'ordre dépêchées très tôt le matin ont commencé par encercler un ensemble de cités appartenant à l'AADL, la Cnep, l'OPGI et d'autres promoteurs immobiliers privés. Le forcing des centaines de policiers avait pour objectif de mettre fin à l'occupation illégale de logements par des centaines de familles depuis deux jours. Cette opération n'a pas été une mission facile pour la police qui a dû faire face à la résistance des occupants. Le terrain a été transformé en piste d'affrontement durant plusieurs heures avant que les appartements ne soient vidés et que plusieurs personnes ne soient arrêtées. Des blessés ont été signalés parmi les forces de l'ordre et les citoyens. Les habitants des quartiers avoisinants affirment que des centaines de familles (300 personnes) ont pris d'assaut dans la nuit de vendredi à samedi plusieurs immeubles vides de l'OPGI de Hussein Dey et une partie des logements de la Cnep. Elles avaient ramené des couvertures, des matelas et de la nourriture. La majorité de leurs membres sont âgés entre 17 et 32 ans. Selon des témoignages, «des jeunes et des femmes avec des enfants ont squatté les logements aux environs de 22h», alors que d'autres jeunes se chargeaient de sécuriser le site et d'empêcher l'intervention de toute personne étrangère. Des gravats et des planches de bois ont été utilisés pour fermer l'accès aux immeubles. Les squatteurs «sont venus de Oued Ouchayeh et des bidonvilles voisins. Nous les avons vus en train de surveiller les immeubles qu'ils ont squattés. Ils ont posté des jeunes à l'entrée des immeubles et sur les toits pour tout contrôler. Cela a duré deux jours», dira un habitant. La première intervention des services de l'ordre a eu lieu samedi matin pour évacuer les logements de la Cnep. «Les occupants des lieux sont sortis sans heurts mais au terme d'une discussion avec les policiers qui leur ont demandé de quitter les lieux», dira un habitant. Les choses étaient plus compliquées pour les squatteurs des logements sociaux de l'OPGI. «Ceux-là ont utilisé tous les moyens pour empêcher l'intervention des policiers. Ils ont usé de tout pour se défendre, notamment des cocktails Molotov, des armes blanches, des planches, des gravas, des bouteilles en verre pour attaquer et s'opposer aux agents de l'ordre. Au bout de cet affrontement, qui a commencé à 6h du matin, un jeune a tenté de s'immoler après s'être aspergé d'essence, mais il a été sauvé par des agents», nous a-t-on raconté sur place. Plusieurs dégâts Plusieurs dégâts ont été constatés sur place : portes des immeubles et des appartements défoncées, fenêtres et vitres endommagées. Il est à noter qu'une bonne partie de ces immeubles ne sont pas totalement achevés puisque les entrepreneurs étaient encore sur place pour les travaux de finition. Le même scénario s'est produit à la cité Mokhtar Zerhouni, à Mohammadia. Plus de 300 personnes de Kouba, Mohammadia, Hamiz, Kaïdi, Bab Ezzouar, et El Harrach occupant des bidonvilles ont squatté quelque cinq immeubles sociaux appartenant à l'OPGI de Hussein Dey. «Un groupe est arrivé jeudi soir et d'autres les ont rejoints dans la matinée de samedi», selon un témoin. Le dispositif sécuritaire dépêché depuis vendredi pour évacuer les lieux a été rappelé samedi matin à Alger. Des renforts ont été par la suite envoyés dans la soirée de samedi pour faire sortir toutes les familles. En début de matinée d'hier, les équipes de l'hygiène étaient sur les lieux pour nettoyer la cité. «Une fois les lieux libérés, nous sommes intervenus pour ramasser les ordures et remettre de l'ordre dans la cité», dira Abdelkader Hamitouche, P/APC de Mohammadia, présent sur place. Là aussi, plusieurs dégâts sont signalés et concernent le saccage des appartements et de plusieurs espaces de la cité. On apprend, par ailleurs, que des opérations similaires ont eu lieu dans plusieurs quartiers d'Alger. Il s'agit de la cité 24 Logements à Kadour Rahim, à Hussein Dey, et de 100 chalets au lieudit Draâ El Ghandour, à Bordj El Kifane.