Le 16 janvier 2007, dans la matinée, un huissier de justice se présente au 50, rue des Ecoles à Bachdjarah, muni d'un ordre d'expulsion et accompagné de la force publique. Il intime l'ordre à sept familles occupant l'immeuble de quitter les lieux illico presto et met en demeure deux autres familles de déménager dans un délai de deux mois. Il vient exécuter un jugement du tribunal de Hussein-Dey rendu en décembre 2005. Un écheveau inextricable Rue des Ecoles à Bachdjarah, dans la banlieue Est d'Alger, lundi 22 janvier, 11h. Une femme d'une quarantaine d'années, debout devant une tente de fortune, les yeux rougis par le manque de sommeil, scrute minutieusement le ciel. Non pas que la sécheresse qui perdure l'inquiète, mais, au contraire, elle prie pour que quelque vent vienne chasser les cumulus qui se profilent à l'horizon. C'est que cette mère de trois enfants et six autres familles, expulsées de leurs logements depuis une semaine, passent leurs nuits dans une tente improvisée. Depuis plusieurs années, 9 familles, soit un total d'une quarantaine de personnes, occupaient, qui une pièce, qui deux, en qualité de locataires, dans cet immeuble appartenant à un particulier et sis au 50, rue des Ecoles à Bachdjarah. Jusque-là, les choses se sont plutôt bien passées, même si, faut-il le signaler, les parties n'étaient liées par aucun contrat. Jusqu'au mois d'août 2005, quand le propriétaire décide de récupérer son bien. Il saisit la justice et obtient gain de cause. Le 25 décembre de la même année, le tribunal d'Hussein-Dey ordonne l'expulsion de sept familles qui ont reçu une première - et dernière - mise en demeure le 31 août dernier. Quatre mois plus tard, elles sont jetées à la rue en plein hiver et au milieu de l'année scolaire. Les choses ne sont, cependant, pas aussi simples qu'elles ne paraissent et l'affaire a tout l'air d'être un écheveau inextricable. Si deux familles avaient loué chez le véritable propriétaire (Z. A., 85 ans), les sept autres n'étaient là que par la grâce des enfants de ce dernier. Autrement dit, ce sont Z. A et Z. L (fils et fille du propriétaire et eux-mêmes résidant dans l'immeuble) qui ont loué aux sept familles. L'action en justice a, donc, été engagée à l'encontre des dernières nommées et c'est tout naturellement que le jugement rendu à leur encontre est appliqué à toutes les personnes qu'ils hébergent. C'est la loi et même les concernés ne semblent pas remettre en cause cette décision de justice. Ils n'ont, d'ailleurs, opposé aucune résistance aux forces de l'ordre venues les déloger. Ce qu'ils n'admettent pas, en revanche, c'est le fait d'être mis à la rue en plein mois de janvier. Ils ne comprennent pas non plus l'attitude des autorités locales qui n'ont pas bougé le petit doigt pour leur venir en aide ne serait-ce qu'en mettant… une tente à leur disposition.