La première expérience professionnelle en Algérie s'est avérée loin des espérances escomptées, comme l'ont souvent souligné un grand nombre de techniciens, connaisseurs et présidents de clubs tout au long de la saison. En somme, une première édition bien en deçà des attentes avec un niveau technique au-dessous de la moyenne. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le nouveau président de la ligue professionnelle de football (LFP), Mahfoud Kerbadj, aura du pain sur la planche lors du prochain exercice, d'autant plus que beaucoup d'imperfections ont été relevées. Toutefois, cette édition a été caractérisée par un suspense à couper le souffle concernant la lutte pour le maintien, avec pas moins de huit équipes qui n'ont pu être fixées sur leur sort qu'à deux journées de la fin seulement, comme c'est le cas du CABBA et de l'USMB, relégués en Ligue 2, voire jusqu'au déroulement de la 30e et dernière journée, pour certaines équipes et pas des moindres, à l'image de la JSK, du MCA, de l'USMA, du WAT, ainsi que de l'ASK, du MCEE et de l'USMAn. Tout ce beau monde a bataillé dur pour sauver sa tête. Il restait un seul ticket à prendre pour l'antichambre de l'élite et c'est l'équipe annabie qui a été condamnée au purgatoire, au grand dam de son public. Pour ce qui est du titre, l'ASO Chlef a remporté sa première couronne. Les Chélifiens ont bouclé un championnat qu'ils ont dominé de bout en bout devant l'effondrement des Sétifiens soumis à un marathon et des Kabyles essoufflés. Un sacre que le club de Oued El Asnam a mérité au vu de son parcours tout au long de la saison, au vu de son potentiel mais aussi de la rage de vaincre d'un groupe aussi solide que performant. - ASO : Un sacre édifiant Avec la meilleure attaque du championnat (51 buts marqués) devant la JSMB (47 buts), et la meilleure défense (20 buts encaissés), le titre du meilleur baroudeur du championnat et celui du meilleur entraîneur attribué au technicien Meziane Ighil, le bilan de l'ASO Chlef est plus qu'édifiant, et démontre l'efficacité des compartiments d'une équipe reposant sur une ossature composée essentiellement de joueurs d'expérience. Les «Lions de Chélif» ont réussi à faire le break au moment où leurs principaux concurrents au titre ont lâché, avec à la clé une avance considérable de 13 points sur leur dauphin, la JSMB. - JSMB : Un résultat probant La JSMB, équipe phare de la ville des Hammadites, a réalisé la meilleure performance de son histoire au sein de l'élite, avec une seconde place bien méritée, où la trace du travail accompli par l'entraîneur Djamel Menad est des plus évidente. Les partenaires du portier Djabaret, et en dépit du changement survenu à la tête de la barre technique, avec l'engagement de Fouad Bouali à six étapes du dénouement, ont forcé le respect. C'est donc en toute logique que la JSMB jouera la plus prestigieuse des compétitions africaines, la Ligue des champions d'Afrique, en l'occurrence. Bon vent ! - USMH-CRB : Une stabilité payante On ne cessera jamais de répéter que la stabilité est une clé importante dans la réussite, si ce n'est la principale, à l'image de l'USMH et du CRB, les deux clubs algérois qui ont titillé les grosses cylindrées en réalisant des parcours exemplaires. Ces clubs ont réussi à bousculer la hiérarchie et ont été récompensées des efforts consentis tout au long de la saison, avec à la clé une satisfaction à tous les niveaux. - ESS-JSK : Loin du compte Les deux «locomotives» du championnat algérien ont calé cette fois-ci. Ces pourtant grosses cylindrées sont passées complètement à côté de leur sujet. Même si le club Kabyle a réussi à sauver sa saison avec la Coupe d'Algérie, remportée en finale aux dépens de l'USMH, l'ESS n'a pas concrétisé un seul de ses objectifs et le club a fait face à une crise financière aiguë avec des joueurs qui traînaient les pieds et n'attendaient que le versement de leurs indemnités, oubliant le football et les couleurs du club. - MCS-MCO : Un brin de satisfaction Classés respectivement 6e et 7e, le MCS et le MCO ont réussi une saison honorable. Contrairement aux précédentes saisons, où le Mouloudia d'Oran jouait à chaque fois sa survie parmi l'élite, cette fois les Oranais ont frôlé le podium. C'est le cas également pour l'équipe de Saïda qui a donné satisfaction et qui, malheureusement, a perdu des points pourtant à sa portée. L'autre point positif cette saison que ce soit à Oran ou à Saïda, c'est l'émergence de plusieurs jeunes talents appelés à faire parler d'eux dès cette saison s'ils confirment leurs potentialités. - Le lot des déceptions Le WAT, le MCEE, l'ASK, le MCA et l'USMA, dont l'avenir en Ligue 1 était des plus menacés, s'en sont finalement tirés d'affaire à bon compte in-extremis. El-Eulma classée ex-aequo avec Annaba, a sauvé sa tête grâce à un meilleur goal-average. C'est la saison de tous les ratages pour ces clubs qui, il faut le dire, nous ont habitués à mieux à l'image du MCA, le champion sortant, ou encore l'USMA à qui les moyens financiers n'ont pas suffi pour sortir le club de l'ornière. Mais les leçons semblent cette fois-ci tirées au niveau de ces clubs qui sont en train de rectifier le tir si l'on se fie aux efforts fournis durant l'actuelle intersaison. - USMB, CABBA et USMAn : Des facteurs pénalisants Les équipes de l'USM Annaba, l'USM Blida, et le CABB Arreridj, joueront la saison prochaine en Ligue 2, à l'issue d'une saison à mettre aux oubliettes pour ces trois formations. On ne peut pas dire que le CABBA, l'USMB et l'USMAn méritaient plus que les autres de rétrograder, puisque plusieurs équipes terminent le championnat dans un mouchoir de poche. Tout cela pour dire que beaucoup d'autres équipes pouvaient se retrouver en Ligue 2 aujourd'hui. Il n'empêche que ces trois relégués payent cash les erreurs dans le casting lors du recrutement ainsi que les turbulences au niveau de la barre technique. - La valse des entraîneurs Sur les 16 entraîneurs qui ont entamé le championnat, quatre seulement sont restés en poste jusqu'à l'épilogue. L'une des règles qui s'est ancrée malheureusement dans la vie des clubs est celle relative à l'entraîneur, qui continue de jouer le rôle de fusible, prêt à sauter dès que l'équipe tourne mal ou que les résultats ne suivent pas. Le phénomène a pris des proportions inquiétantes et que même le professionnalisme, instauré cette saison, n'arrive pas à stopper l'hémorragie. Les choses se sont accélérées à mi-parcours. Cela porte le total à vingt-trois «divorces» depuis le début de la saison. Ainsi, et exception faite à l'ASO (Ighil), au CRB (Gamondi), au MCS (Rouabah) et à l'USMH (Charef), les autre clubs de l'élite ont changé d'entraîneur au moins une fois depuis l'entame du championnat le 24 septembre dernier. Le triste record est détenu par le CABBA (Mouassa-Belkacem-Lozano-Belkacem-Hocine Zekri), soit cinq techniciens, ce qui est assurément excessif. Mais, rien ne dit que cette valse ne va pas se répéter encore la saison prochaine. Il faut signaler le meilleur exemple qui nous vient de la formation harrachie où le président Laïb a signé un bail avec son coach Boualem Charef. Les deux hommes collaborent depuis trois longues années, ce qui constitue une performance record ces dernières années, dans ce registre, et qu'on ne cessera pas d'évoquer. - L'argent et le football font bon ménage ! S'il y a un sport en Algérie où l'argent coule à flots, c'est bien le football. Ce n'est plus un secret pour personne, des sommes colossales sont consommées annuellement par les clubs algériens tout au long de la saison (subventions, transferts de joueurs, primes de signature, transports, hébergements, etc ) De quoi se poser des questions, lorsqu'on sait que le niveau de notre championnat national est loin d'être attrayant. Les joueurs du championnat algérien, et plus particulièrement ceux de l'élite, gagnent de plus en plus d'argent, sans pour autant le mériter. Contrairement aux années de gloire du sport roi algérien, où les Belloumi, Assad, Madjer et autres jouaient pour l'honneur et des gratifications raisonnables par rapport aux sommes faramineuses étalées à profusion sur les médias spécialisés. Le problème, c'est que l'afflux d'argent génère également un apport de plus en plus important de capitaux d'origine douteuse, rendant ce sport aléatoire pour plusieurs raisons. Rien d'étonnant lorsqu'on sait que certains dirigeants ont opté pour la politique de la surenchère pour «monter une équipe compétitive dans l'immédiat». Des milliards sont consacrés tout au long de la saison et certains clubs ont pourtant adopté un rythme de vie très nettement au-dessus de leurs moyens. A ne rien comprendre ! - Quel professionnalisme ? Il était prévu que beaucoup de choses changent. Mais, «rien n'a changé par rapport aux précédentes éditions, c'est uniquement l'appellation qui a pris un nouveau nom», estiment unanimement les spécialistes. Il est vrai que les clubs et les joueurs ont été confrontés à une nouvelle mentalité, un nouveau mode de gestion, d'où la nécessité de leur laisser un peu le temps de s'habituer à ces nouvelles donnes. Mais, il aurait été plus raisonnable de commencer le professionnalisme dès la base, soit chez les jeunes catégories, pour ainsi bien former les prochaines générations à la vraie pratique professionnelle sportive, mais aussi et surtout culturelle et mentale. Instaurer le professionnalisme chez une génération de joueurs et dirigeants en fin de cycle, c'est comme jeter de l'argent par les fenêtres. Parmi l'un des exemples à citer récemment, ce sont ces joueurs qui signent en faveur d'autres clubs alors que leurs contrats avec leurs clubs employeurs sont toujours en cours. C'est le cas du mercato actuel qui ne répond à aucune norme logique. Pire encore, aucune visite médicale n'est imposée avant la signature du joueur. Les statistiques Total matches : 240 Victoire à domicile : 140 (58%) Matches nuls : 68 (28%) Victoire à l'extérieur : 32 (13%) Total buts : 514 Buts à domicile : 348 Buts à l'extérieur : 166 Plus grande victoire à domicile : CRB-JSK 7-1 (18e J) Plus grande victoire à l'extérieur : USMB-ESS 0-3 (5e J) Match avec le plus de buts : CRB-JSK 7-1 (18e J) Les meilleurs buteurs - El Arbi Hillel Soudani (ASO): 18 buts - Yannick N'djeng (JSMB): 14 buts - Hamza Boulemdaïs (MCEE): 11 buts