L'angoisse des familles des 17 membres algériens de l'équipage (27 en tout) du vraquier MV Blida qui ont manifesté dans la rue leur crainte d'un abandon des leurs était justifiée. Selon le site Somalia Report, les pirates somaliens qui les détiennent commencent à donner des signes d'impatience et menacent de s'en prendre aux otages. Dans un entretien téléphonique avec un porte-parole des pirates qui détiennent l'équipage depuis le début de l'année 2011, ils exigent le versement rapide d'une rançon de 7 millions dollars pour les otages algériens sous peine de s'en prendre à leur vie. Il est difficile de savoir s'il s'agit d'une simple pression exercée envers l'Etat algérien et l'affréteur du navire qui négocie avec eux ou d'un tournant dans l'affaire. C'est en tout cas des nouvelles très inquiétantes qui sont de nature à alarmer considérablement les familles des otages algériens qui ont organisé à plusieurs reprises des manifestations et des sit-in pour alerter sur la situation, très éprouvante, des leurs. Somalia Report a parlé, par téléphone, à un porte-parole des pirates répondant au nom - sans doute faux de Mohamoud Haji Ismail qui dit exiger une rançon de 7 millions. Selon le site, le porte-parole des pirates répondait à la réaffirmation, par le ministre de la Justice Tayeb Belaïz, de la position officielle de l'Etat algérien d'un refus de payer des rançons. « Si le propriétaire du navire ne veut pas payer de rançon, on s'en fiche. On reste sur notre position. Nous avons une négociation avec les affréteurs mais on n'est pas satisfait du rythme de cette négociation. Notre dernier message est que nous passerons les otages au couteau s'ils n'acceptent pas de payer la rançon exigée ». Un message angoissant Un message angoissant pour les otages du vraquier MV Blida ancré au large de Garacad, village côtier de la région de Mudug, dans la zone semi-autonome du Puntland. Qualifié dans un article de la revue Foreign Policy d'un « des pires endroits » au monde. Le vraquier battant pavillon algérien était affrété par la compagnie jordanienne « CTI ». Il a été attaqué par les pirates alors qu'il se dirigeait vers le port de Mombasa (Kenya) ». Le vraquier est la propriété d'International Bulk Carriers, une société mixte entre saoudiens et le groupe Cnan. Ce sont 27 membres d'équipage qui sont détenus en otages, 17 algériens, 6 officiers ukrainiens et quatre autres marins (Jordanie, Indonésie et Philippines). Le message des pirates est inquiétant même si l'on peut trouver positif qu'il n'y ait aucune allusion à un ultimatum. Mais il est clair qu'on est devant un chantage sur la vie des otages. Et cela s'adresse en partie à l'Etat algérien qui n'est pas acteur direct de la négociation et qui a réaffirmé sa position de « principe » de ne pas verser de rançon. Au-delà de la position de principe, des Etats paient ! Une position qui n'est d'ailleurs pas appréciée par les familles des otages qui estiment que leurs enfants sont abandonnés. Mais le message s'adresse surtout à la Sekur Holding Inc., société grecque chargée de la gestion de la flotte du groupe jordanien CTI, l'affréteur du MV Blida. La société avait créé, en janvier, une cellule de crise basée à Athènes qui mène des tractations avec les pirates. Des tractations qui durent sans que l'on comprenne les raisons. Jusqu'à présent, on ne connaissait pas la somme exigée par les pirates. On le sait désormais. Il faut souligner qu'au-delà de l'affirmation d'une position de principe « publique » plusieurs Etats ont fini par accepter de payer une rançon. Dans le cas de l'Algérie, la difficulté tient au fait que le gouvernement algérien mène au niveau international une campagne pour la « criminalisation » du paiement de rançon. Mais l'affréteur du MV Blida n'est pas l'Etat algérien. Il est responsable également du sort de l'équipage.