La situation s'est nettement décantée, hier vendredi, en Libye avec le début d'installation à Tripoli du Conseil national de transition (CNT), qui a déplacé de facto son gouvernement de Benghazi après la chute de la capitale, et surtout la disparition du colonel Kadhafi, ouvrant toutes grandes les portes à la transition politique en Libye après 42 ans de règne sans partage du colonel. Pour autant, la traque de Kadhafi, dont la tête a été mise à prix, continue. Les combats se poursuivaient vendredi à l'est du pays et dans plusieurs quartiers de Tripoli, et la bataille était particulièrement violente jeudi soir dans le quartier d'Abou Salim, tenu farouchement par les soldats du régime déchu, alors que des milliers de prisonniers politiques ont été libérés par les rebelles. Les combats se déroulent également à Syrte, fief du colonel. L'aviation britannique avait bombardé, dans la nuit de jeudi à vendredi, un bunker dans la ville de Syrte, où l'ex-guide libyen se serait réfugié, selon la rébellion. Syrte, située à 360 km à l'est de Tripoli, est l'un des bastions du régime, et selon les rebelles, l'un des refuges possibles pour le leader traqué. Dans la nuit, la page Facebook de la télévision d'Etat libyenne avait annoncé que les rebelles tentaient de progresser vers Syrte, qui était bombardée par l'Otan. Les rebelles contrôleraient près de 90% de la capitale, et évoluent rapidement vers la ville de Syrte pour détruire les dernières poches de résistance des pro-Kadhafi et surtout «mettre la main» sur le Guide et ses fils, jusqu'à présent introuvables, en dépit d'un prime de presque 2 millions de dollars. Une attitude du CNT dénoncée par ailleurs par le Haut-commissariat des Nations unies des Droits de l'homme, qui a lancé une mise en garde vendredi contre les chasseurs de prime qui chercheraient à tuer Mouammer Kadhafi, alors qu'Amnesty international a prévenu contre les dérapages de cette «révolution», notamment contre la torture et les maltraitances. L'après-Kadhafi se met en place, l'Algérie réfute A l'étranger, la plupart des chancelleries ont reconnu le CNT. Le groupe de contact pour la Libye s'est réuni jeudi à Istanbul, assurant au CNT que 2,5 milliards de dollars d'avoirs seront débloqués d'ici à la fin août. Une conférence des Amis de la Libye» est prévue également le 1er septembre à Paris. Et le président du CNT a promis «de favoriser les pays qui nous ont aidés» lors de la reconstruction du pays. Par ailleurs, l'Union africaine, qui a reconnu que son plan de règlement du conflit «a échoué», a tenu hier vendredi à Addis-Abeba une réunion de son Conseil de paix et de sécurité consacrée à la Libye. De son côté, l'Algérie, qui n'a pas encore reconnu officiellement le CNT, même si l'emblème de la rébellion flotte sur l'immeuble de l'ambassade libyenne à Alger, a réfuté «catégoriquement l'information rapportée par l'agence Reuters selon laquelle une source gouvernementale affirmerait que l'Algérie serait prête à reconnaître les rebelles libyens s'ils s'engagent à combattre l'Aqmi». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, cité par l'APS, a souligné qu'il «réfute catégoriquement cette information qui est dénuée de tout fondement et qui ne représente pas la position et ne reflète pas les vues du gouvernement algérien sur les évènements récents intervenus en Libye.» L'Algérie a, dès le début de la crise libyenne, observé une «stricte neutralité en refusant d'interférer, de quelque manière que ce soit, dans les affaires intérieures» de ce pays voisin, a encore précisé M. Amar Belani. L'Algérie a également réaffirmé «son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale», a-t-il ajouté, rappelant que dès le début de la crise libyenne, Alger a observé une stricte neutralité et s'est «conformée scrupuleusement aux résolutions des Nations unies et elle en a tenu informés les membres du Conseil de sécurité». M. Belani a indiqué que, dans une correspondance adressée le 24 août 2011 au secrétaire général des Nations unies et au président du Conseil de sécurité, l'Algérie a porté à la connaissance de l'ensemble des Etats membres de l'ONU les éléments d'information suivants en rapport avec la situation en Libye. «Dès le début de la crise en Libye, l'Algérie a déclaré, de la manière la plus officielle, qu'il s'agit d'une affaire interne à la Libye, qui concerne au premier chef le peuple libyen, tout en soulignant ses implications régionales en termes de stabilité et de sécurité», a-t-il rappelé. Les autorités algériennes ont relevé toutefois des «accusations répétées et inadmissibles mettant en cause le respect par l'Algérie des obligations découlant de la résolution S/RES/1970 (2011) du 26 février 2011 et de la résolution S/RES/1973 du 17 mars 2011 relatives à la Libye», a souligné le porte-parole. Il a fait savoir à cet égard que «l'Algérie s'est conformée scrupuleusement et a appliqué, activement et de bonne foi, les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011) du Conseil de sécurité imposant des sanctions à la Libye». «L'Algérie a tenu à informer, dans un premier temps, les membres du Conseil de sécurité des mesures prises dans le cadre de la mise en oeuvre de ces deux résolutions», comme «elle a également notifié ces mesures à la partie libyenne et soumis, le 21 juin 2011, au Comité des sanctions du Conseil de sécurité un rapport sur les mesures prises au plan national pour la mise en oeuvre des résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011) du Conseil de sécurité sur la Libye», a-t-il précisé. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a en outre indiqué que le gouvernement algérien a «autorisé l'approvisionnement de l'ensemble du marché libyen en produits alimentaires et pharmaceutiques à travers des contrats commerciaux entre opérateurs algériens et libyens», et que «le système des Nations unies a été invité à déléguer un représentant pour assister à ces opérations». Le gouvernement algérien a aussi «apporté une aide humanitaire au peuple libyen, notamment au niveau de la frontière et fourni l'assistance nécessaire pour l'évacuation des ressortissants étrangers qui le souhaitent», a-t-il encore rappelé. M. Belani a également indiqué que le gouvernement algérien a «accepté la visite en Algérie de la délégation d'experts du Comité des sanctions aux différentes dates proposées par les Nations unies, à savoir les 15 et 16 août, puis les 25 et 26 août ou les 28 et 29 août 2011, et à chaque fois reportée à la demande des Nations unies». Les Nations unies, notamment le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et le Comité des sanctions, sont les dépositaires des résolutions 1970 et 1973, «qu'il leur revient de constater le respect ou le non-respect par les Etats membres de ces textes, et de mettre fin, en cas de besoin, aux allégations et accusations qui mettent en cause des Etats membres et donc l'autorité de l'Organisation des Nations unies elle-même», a réaffirmé le porte-parole du ministère. D'autre part, la France et l'Italie, en dépit de leurs dénégations, se livrent en coulisse une guerre pour prendre les plus juteux contrats pétroliers, selon des observateurs. L'entourage du président français, actuellement en déplacement en Nouvelle-Calédonie, laisse entendre que Nicolas Sarkozy veut se rendre en Libye, «dès que possible». L'Italie et la France ne sont pas engagées dans une bataille «de type colonial» pour s'emparer des richesses de la Libye, a de son côté assuré vendredi le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini, dans un entretien à la radio publique RAI. Enfin, l'ex-Premier ministre français Dominique de Villepin a mis vendredi en garde la France et les Occidentaux, les appelant à agir pour que «la révolution libyenne ne se retourne pas contre ceux qui les ont hier aidés».«Gagner une guerre, c'est une chose, gagner la paix c'est beaucoup plus difficile (...)», a-t-il prévenu.