Faut-il être un joueur ou une joueuse de niveau moyen pour réussir dans l'arbitrage ? On est bien tenté de répondre par l'affirmative au vu des nombreux exemples dans bon nombre de disciplines d'où ont émergé des referees internationaux. Aujourd'hui, nous évoquons le cas de mademoiselle Zenagui Nadjet, basketteuse anonyme durant 23 ans, devenue aujourd'hui arbitre internationale FIBA depuis son succès au stage de Tunis, dirigée par la célèbre formatrice française Chantal Julien. Aujourd'hui, Nadjet a atteint l'un de ses objectifs qui lui tenait à cœur : devenir la première femme arbitre internationale algérienne. On imagine que ce titre si recherché n'est pas tombé du ciel. En effet, Nadjet a eu un très long parcours de joueuse, depuis qu'elle a découvert le sport au panier en scolaires alors qu'elle n'avait que 13 ans. Douée, elle a rejoint très vite la sélection scolaire de la wilaya de Aïn-Témouchent. Ensuite, elle fera partie, tout à tour, de l'OMS, du COUS, de l'IRJO et de l'ASUC. «J'ai aimé le basket et je voulais continuer dans cette discipline. Devenir arbitre était la meilleure manière de rester dans ce milieu qui est devenu ma seconde famille. Outre mes parents, beaucoup de gens m'ont encouragée à embrasser la carrière d'arbitre. En premier lieu, Hamid Kaddour, lui-même arbitre international qui a vraiment «l'œil du maître». Nadjet a commencé à officier en 1999, dès le terme de sa carrière de joueuse. Son mérite n'est pas mince d'avoir concilié son activité sportive très accaparante à ses études universitaires qui se sont achevées par une licence d'anglais. Ayant passé avec succès un concours, elle enseigne la langue de Shakespeare à l'école d'agriculture de Aïn-Témouchent. Le hic, elle n'enseigne que par vacations, avec les inconvénients qui se rattachent à cette particularité. C'est à croire qu'il existe une surabondance de prof d'anglais ! Dans ce sens, nous avons senti, et malgré sa réserve apparente, que la gracieuse Nadjet se sent marginalisée. Heureusement qu'elle a le soutien de toute sa famille, une famille sportive avec son père, ancien champion de boxe, son frère Mohamed, actuellement entraîneur de football des U-20 à Dubaï, sans oublier Boumediène (ex-MCS), footballeur qui évolue cette saison au CRB El-Amria, et sa sœur Amina, handballeuse d'un club de nationale Une. Nadjet n'oublie pas tous ceux qui l'ont aidée à réaliser son rêve. «Avant le stage de Tunis, j'ai été préparée pas deux spécialistes. Je citerai Malioui Mustapha (athlétisme) qui m'a assuré un très bon programme pour améliorer ma force et ma vitesse, tandis qu'avec Belarbi Omar, j'ai travaillé spécialement les appuis au stade de basket, ceci sous l'égide du DJS Moncef Merabet. «Enfin, je n'omettrai pas de citer tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre, ont contribué à ma réussite, à savoir madame la wali de Aïn-Témouchent, Mosteghalmi Hakim, la fédération, les différentes ligues de Aïn-Témouchent, celle d'Oran et son président Ghozali, lui-même ancien arbitre international, et Djedidi Abderrahmane, formateur au niveau national. Toujours soucieuse d'aller de l'avant, Nadjet était prévue pour suivre le stage international de basket pour handicapés qui devait se dérouler au mois d'octobre au Maroc. Malheureusement, ce stage a été reporté à une date ultérieure. Ce n'est que partie remise et, lorsqu'elle décrochera ce nouveau diplôme comme tout le monde le souhaite, elle sera alors la seule femme arbitre en Afrique dans cette spécialité. Un fort beau parcours pour une jeune fille qui s'est beaucoup investie dans cette discipline où elle compte «fermement honorer l'arbitrage algérien», pour peu qu'on lui en donne l'occasion et, c'est important, son souhait ultime est de former des femmes arbitres en Algérie. Et tout cela, sans doute, au détriment de sa vie professionnelle et familiale. Assurément, Nadjet Zenagui mérite plus d'égards de la part des structures concernées, car tous ses sacrifices ne doivent pas rester vains.