La bancassurance pourrait bien être au cours des prochaines années le principal vecteur de transformations dans les assurances algériennes. Le tandem Cnep-Cardif a pris de l'avance, la concurrence suit Bancassurance : le terme barbare désigne l'association entre un banquier et un assureur dans le domaine de la production et de la distribution des produits d'assurance. C'est par ce canal que sont intervenues, pour l'heure, les évolutions les plus notables au sein du secteur. En Algérie, la démarche a été inaugurée dès le mois de mars 2008 par la CNEP qui, en surprenant beaucoup d'observateurs, avait proposé et fait entériner, d'abord par ses instances internes puis par les pouvoirs publics, un accord de partenariat avec Cardif El Djazaïr, filiale spécialisée du groupe BNP Paribas et première compagnie d'assurance étrangère agréée en Algérie. UNE LONGUEUR D'AVANCE La longueur d'avance prise par la CNEP-Banque sur ses concurrents est à la fois le résultat du choix d'un partenaire de premier plan et de l'investissement réalisé par la Banque de l'habitat dans cette nouvelle activité. La CNEP affiche ses ambitions. Elle veut devenir le leader de la bancassurance en Algérie. La branche a été intégrée dans la stratégie de développement de la Banque. À terme, elle devra générer 20 à 25% des bénéfices du groupe. Pour réussir son pari, la banque a créé une nouvelle structure rattachée au P-DG et une cellule bancassurance a été installée dans chacun de ses 14 réseaux régionaux. Simultanément, depuis la signature de l'accord avec Cardif, des actions de formation intensive ont été lancées qui ont concerné plus de 800 collaborateurs. Les premiers packages de produits sont arrivés dans les agences au cours de l'année 2009. D'abord une assurance des emprunteurs puis, surtout depuis septembre 2009, une assurance décès et invalidité. Pour les responsables de la structure, le tandem Cnep-Cardif a fait franchir à la profession une étape importante en matière de produits disponibles et de qualité de services. Nous nous engageons à indemniser les assurés dans un délai inférieur à 72 heures. Les premières indemnisations réalisées ont porté sur le paiement d'un capital compris entre 1 et 2 millions de dinars versés en 48 heures. Les résultats sont aujourd'hui au rendez-vous avec un rythme de vente qui dépasse 2000 contrats par mois depuis septembre 2011. Une stratégie de ciblage de la clientèle a été mise en place. Elle privilégie dans une première étape les catégories socio- professionnelles les plus aisées et les classes d'âge supérieur à 40 ans. Les instruments utilisés pour développer les ventes se sont perfectionnés et passent désormais par des courriers adressés directement aux clients potentiels. Les futurs produits sont à l'étude. Une assurance santé différente dans son principe des assurances de groupes existantes qui sont alignées sur les tarifs de la Cnas, dont les remboursements sont symboliques. Elle pourra couvrir les frais occasionnés par une hospitalisation dans des structures privées. Une multirisque habitation est également en projet, ainsi que des produits de placement susceptible de constituer des compléments de retraite. UNE CONCURRENCE QUI FOURBIT ENCORE SES ARMES La CNEP et son partenaire ne sont pas les seuls protagonistes du secteur. On sait que toutes les banques publiques ont été invitées par l'Etat actionnaire à développer leurs activités dans le domaine de la bancassurance. Appliquant les instructions, la BADR et la BDL ont signé avec la SAA, un accord qui s'appuie également sur le partenariat stratégique conclu en avril 2008 entre la SAA et la Macif française et qui a débouché dans le domaine des assurances de personnes sur la création de la SAPS , une filiale commune aux 4 entreprises. Les activités de la nouvelle entité sont en phase de démarrage - les premiers produits sont arrivés dans les agences au cours de l'été dernier- mais ont déjà donné des résultats notamment à travers une partie significative du réseau de la BADR pour lequel a été formé un nombre important de souscripteurs. Le CPA ainsi que la BNA sont nettement en retrait après avoir signé avec la CAAR pour la première, la CAAR et la CAAT pour la seconde, des accords de distribution des produits d'assurance de ces 2 compagnies qui peinent encore à produire des effets visibles au sein des agences dans lesquelles ont été identifiés quelques guichets pilotes. Dans les années à venir la concurrence devrait s'intensifier avec l'entrée en lice prochaine de Société Générale Algérie. Celle-ci n'a pas pu obtenir d'agrément pour sa filiale spécialisée, contrairement à son concurrent BNP Paribas, mais elle est, selon son nouveau PDG Pierre Boursot, en passe de conclure un accord avec un partenaire local dont l'identité n'est pas encore connue. La concurrence la plus redoutable devrait cependant être représentée par le couple AXA-BEA associé au FNI qui vient d'annoncer l'ouverture du premier espace AXA au sein d'une agence BEA d'Alger. L'attelage AXA -BEA compte ouvrir une trentaine d'agences et une quinzaine d'espaces au sein des agences BEA à fin 2012 pour atteindre une centaine de points de vente en 2016. Il prévoit à travers ses 2 filiales spécialisées dans les assurances dommages et les assurances de personnes, la création de 300 à 400 postes d'emploi en 2012 et 600 en 2016. Il devrait à terme offrir une gamme de produits très variée : assurance automobile, la multirisque professionnelle et la multirisque habitation ainsi que la couverture des risques liés à l'activité des entreprises. La filiale commune assurance de personnes proposera des assurances voyage, de prévoyance collective et de santé, ainsi que des garanties des accidents de la vie, assurance scolaire et assurance emprunteur.