« Nous récusons toutes les déclarations du ministre à propos du déroulement de la grève des praticiens spécialistes et du taux de suivi, mais également concernant le règlement de nos revendications dont il a fait état dans les médias, et les montants largement exagérés des indemnités et des augmentations de salaires», a déclaré, hier, le président du SNPSSP, Dr Mohamed Yousfi, lors d'une conférence de presse pour faire le bilan du débrayage de trois jours. Le président du SNPSSP appelle le ministre à une confrontation devant les médias. «Je le défie de s'asseoir autour d'une table, avec les médias, pour qu'il nous montre, devant témoins, quelles sont parmi nos revendications qu'il dit avoir réglées». Dr Yousfi n'a pas été tendre avec Ould Abbas à qui il a rappelé «sa parole d'homme qu'il m'a donnée» lors de leur dernière entrevue qui remonte au 24 octobre 2011. «Où est votre parole d'homme M. le ministre?», réplique-t-il. Le président du SNPSSP persiste et signe: «Aucune de nos revendications qui datent d'au moins juin 2010, dont certaines ont été présentées à l'époque à d'autres ministres, n'a été satisfaite à ce jour». A propos des «350 millions de centimes» d'arriérés de primes, dont a fait état le ministre à la télévision nationale, Dr Yousfi récuse ce chiffre qu'il dit «être très loin de la réalité même pour le plus ancien des spécialistes de la santé publique». Concernant les «menaces» de la tutelle de «limoger les grévistes», Dr Yousfi lance un autre défi «à Ould Abbas de venir remplacer les spécialistes et gérer les services qu'ils occupent». «Le ministre ne peut être juge et partie en déclarant illégale la grève des praticiens spécialistes», ajoute le président du SNPSSP qui affirme qu'aucune décision de justice n'a été notifiée. Sur un ton ironique, Dr Yousfi estime que «pour une fois, le taux de suivi de la grève déclaré par la tutelle a atteint 10,5% au lieu des 4 et 5% qu'ils ont l'habitude de donner». Et de rétorquer aussi: «Si le taux est aussi faible que 10,5%, pourquoi ont-ils pris des mesures répressives, jamais prises auparavant, pour contraindre les spécialistes à renoncer à leur grève légitime? C'est justement un aveu de la part de la tutelle que cette grève a réussi». L'estimation du syndicat des praticiens spécialistes du taux de suivi durant les trois jours de grève est «une moyenne nationale de 80%», avec la précision que «le service minimum a été largement assuré et de manière unilatérale, car comme le précise la loi, cela doit se faire en concertation entre ministère et le partenaire social», a ajouté l'intervenant. Quant à l'objet de la grève, Dr Yousfi explique que les revendications du SNPSSP ont pour but de défendre «un secteur public de santé qui est en train de mourir, et pour sauver ce qui reste, pour garantir une prise en charge de qualité dans l'ensemble des régions du pays», mais également «pour empêcher un départ massif des spécialistes vers le secteur privé ou l'étranger». Lors de la conférence de presse, le président du SNPSSP a fait appel aux élus, aux partis politiques et aux ligues des droits de l'homme pour réagir aux «décisions répressives de la tutelle, tendant à empêcher un syndicat légalement constitué de mener une grève pour revendiquer ses droits et l'amélioration du système national de santé publique». «Il y a péril en la demeure, ajoute Dr Yousfi, pour qui cette grève ne concerne pas seulement les praticiens spécialistes mais également tous les citoyens». L'intervenant a longuement expliqué les revendications du SNPSSP tendant à améliorer la couverture sanitaire notamment celles relatives à «la mise en application des mesures incitatives concernant le service civil, le respect de la réglementation en matière de carte sanitaire pour les services de santé publique et en matière de présence des praticiens spécialistes de santé publique dans les comités médicaux existants déjà ou nouvellement créés», ainsi que «l'octroi d'un quota national de logements de fonction et des facilités d'accès à (d'autres) formules de logement». A noter aussi que le SNPSSP revendique également «l'amendement du statut particulier, la suppression de la discrimination en matière d'imposition (IRG) des primes et indemnités versées par le secteur de la santé aux praticiens spécialistes hospitalo-universitaires (10%) et aux praticiens spécialistes de santé publique (35%) et la révision du régime indemnitaire suivant les projets arrêtés conjointement par le ministère de la Santé et le SNPSSP». Pour ce qui est de suites à donner à cette grève de trois jours, c'est le Conseil national (CN) qui en décidera dans sa réunion prévue demain pour faire le bilan du débrayage observé du 3 au 5 mars. Rappelons que lors de sa précédente réunion, le CN du SNPSSP avait décidé de recourir à une grève cyclique de 3 jours par semaine avant d'aller, à terme, à une grève ouverte.