Attendue depuis plusieurs années, une législation réglementant les marchés de gros des fruits et légumes, les marchés hebdomadaires de voitures, les halles à marée, et même les grandes surfaces sera bientôt adoptée. Selon Abdelaziz Aït Abderrahmane, directeur général de la Régulation des activités et de la Réglementation au ministère du Commerce, qui intervenait hier lors d'une émission de la radio (Chaîne III), cette nouvelle réglementation va en fait organiser les espaces commerciaux et mieux encadrer le commerce de gros. Il s'agit, ajoute la même source, d'un décret exécutif, qui a déjà été approuvé par le gouvernement et signé par le Premier ministre, et devrait être prochainement publié au Journal officiel. Selon Aït Abderrahmane, ce nouveau texte concerne même les marchés couverts de détail de fruits et légumes, les marchés de voitures, et, pour la première fois, les pêcheries et autres poissonneries. Il est prévu, pour les marchés de quartiers, préexistants ou nouveaux, un contrôle permanent autant de la qualité que des prix des produits mis en vente. Ce nouveau texte a été élaboré pour remédier à «la situation critique (qui dure depuis plusieurs années déjà, ndlr) qui caractérise la gestion, l'organisation, le fonctionnement et l'état général dans lesquels sont exercées les activités au sein des marchés», avait déclaré Aït Abderrahmane lors d'une précédente occasion. Selon lui, il s'agit «d'assainir les circuits de distribution» en introduisant la possibilité de création de marchés de gros spécialisés tels que les marchés de gros de produits agroalimentaires, industriels et de véhicules. Le décret en question stipule que «les marchés de gros doivent être aménagés en carreaux et/ou locaux qui peuvent faire l'objet de cession ou de location au profit d'opérateurs économiques ayant le statut de personnes physiques ou morales et habilités à effectuer des opérations d'achat et de vente en gros». A ce titre, seuls les mandataires grossistes, les collecteurs-livreurs des produits agricoles, ainsi que les prestataires de services sont autorisés à effectuer des transactions commerciales au stade de gros, selon ce décret dont l'article 16 stipule que «la gestion des marchés de gros peut être assurée par toute personnes physique ou morale de droit public ou de droit privé». Le texte exige que les marchés couverts de détail soient dotés de «toutes les conditions de sécurité, d'hygiène et de salubrité pour les opérateurs et la clientèle». D'autre part, ce même texte stipule que la création des grandes surfaces sera «soumise à l'avis préalable du ministre chargé du commerce et du ministre chargé de l'intérieur». Les 1.597 marchés dont 43 dédiés au commerce de gros de fruits et légumes, 654 de détail et 623 sont des marchés hebdomadaires, existants en Algérie, sont «mal répartis» à travers le territoire national. «La concentration des marchés (de gros de fruits et légumes) est au niveau des grands pôles urbains du nord du pays. Et il n'existe pas de marchés de gros dans un certain nombre de wilayas comme Oum El-Bouaghi, Tissemsilt, Aïn Defla, Illizi et Bouira», a ajouté Aït Abderrahmane. Mieux vaut tard que jamais. La réglementation des marchés de gros, de détail et des pêcheries était promise depuis plusieurs années. La mercuriale du poisson annoncée en 2002, par le ministre de la Pêche de l'époque, se fait encore attendre. Une fois publié, le décret évoqué par M. Aït Abderrahmane doit être appliqué, pour que plus jamais les responsables du secteur ne pointent du doigt de fantomatiques «intermédiaires» qui gonflent les prix et créent la pénurie. Si, dorénavant, les acteurs du commerce de gros et de détail seront connus, les auteurs de tout dysfonctionnement à venir (rareté des produits et hausses exagérées des prix) doivent être formellement identifiés. Sinon à quoi aura servi l'adoption d'une telle réglementation ?