Les participationnistes et les boycotteurs n'enflamment pas le Net. Timide sur le terrain, la campagne électorale des législatives du 10 mai, qui a démarré le 15 avril pour prendre fin le 6 mai, est quasi nulle sur la Toile. Rares sont les partis et les candidats qui font usage de l'Internet pour faire campagne. S'il est vrai que les principales formations politiques algériennes ont élu domicile sur la Toile depuis plusieurs années déjà, elles n'arrivent pas à en faire un outil de communication. La mobilisation sur le Web, en vue des prochaines législatives, demeure quasi nulle. Les partis politiques, nés avant la promulgation de la nouvelle loi sur les partis politiques, possèdent pour la plupart un site internet officiel depuis les élections législatives de 2007. Peu actualisés, ces sites officiels sont ternes, avec des interfaces sobres, sans interactivité avec les éventuels sympathisants. L'information disponible est composée de communiqués et des vidéos d'interventions des leaders du parti, des reprises d'articles de presse, l'annonce d'activités (lorsqu'elles existent) et un diaporama photos. Dans tous les cas, on est très loin de la tentative de mobilisation sur le Web. Il n'existe pas, pour l'ensemble des sites visités, de page spéciale élection législative. Le site Web du FLN (Front de libération nationale), principale force politique du pays, est figé. On n'y trouve même pas son programme électoral pour les prochaines échéances. Le programme date de 2009. C'est à l'an I de la conquête numérique. Son partenaire-rival, le RND (Rassemblement national démocratique) et le parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia, fait un peu mieux. Le programme électoral est disponible. Pas plus. L'Alliance de l'Algérie verte, tirée par le MSP (Mouvement pour la société pour la paix), troisième force politique dans l'actuelle législature, possède un nouveau site Web, tapissé de vert plus «plaisant». On peut enfin suivre la campagne à J+1 mais toujours pas d'interactivité. La page Web du PT (Parti des travailleurs) de Mme Louisa Hanoune a carrément disparu de la Toile. Au FFS (Front des forces socialistes), le site n'a pas changé. Mieux, au 2e jour de la campagne électorale, il était inaccessible. Le nouveau parti de Abdallah Djaballah (Justice et Développement) semble bien plus dynamique puisque à moins de deux mois de l'obtention de son agrément, il dispose de son site Web et d'une chaîne de télévision sur Nilesat. Le site contient essentiellement des interviews de Djaballah, le renvoi vers les activités du parti et vers sa page Facebook, quelques informations sur les candidats aux législatives, mais point de programme. Le site invite également à un sondage d'opinion composé d'une seule question : Pensez-vous que les islamistes obtiendraient la majorité aux législatives du 10 mai 2012 ? Depuis sa mise en ligne le 4 mars dernier, quelque 974 votants ont exprimé leur opinion. Facebook reste une plate-forme privilégiée Plus accessible et plus facile d'usage, le réseau social Facebook est devenu le recours privilégié des candidats, des équipes de campagne et même des partisans des partis politiques engagés dans la campagne électorale ou ceux opposés à ces élections. Mais la profusion de pages et de groupes Facebook fait qu'il est très difficile de reconnaître les officiels des faux profils. La force de frappe du FFS sur le réseau Facebook demeure ses militants dont le «portefeuille amis» qui affiche clairement leur appartenance politique avec des campagnes d'information documentées sur les activités de campagne du parti de Hocine Aït-Ahmed (en majorité celles se déroulant en France). Son rival, le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) est lui aussi présent à travers une page officielle et une multitude de pages «alliées» comme celle de «Ouled Assima» (les enfants de la capitale) qui cache difficilement son appartenance au parti de Mohcen Belabbes qui mène officiellement campagne sur le Web contre les législatives du 10 mai. Les partisans du boycott plus présents Le FLN et à un degré moindre le PT et le RND sont également présents sur Facebook, mais ils ne mènent pas une grande campagne, sans doute parce que les médias lourds leur sont bien ouverts. Contrairement aux boycotteurs qui semblent bien engagés sur les réseaux sociaux. A voir l'activité politique des partis sur la Toile, on est tenté de dire que la webcampagne est loin de figurer dans l'agenda des politiques malgré la proportion de plus en plus importante d'internautes en Algérie, qui atteint les 10 millions, soit environ 30% de la population. Visiblement, les partis politiques préfèrent encore les supports classiques, presse écrite et audiovisuelle, pour faire leur campagne électorale, au lieu d'aller sur le Web qui, rappelons-le, est libre d'accès bien avant la date officielle du démarrage de la campagne. A côté, les partisans du boycott de tous bords ont essaimé sur la Toile. Et tous les moyens sont bons. Un prix du kg de pomme de terre à 120 DA mène inévitablement vers un message du genre : «Ne votez pas !».