La tendance avait commencé par les territoires d'outre-mer et elle était confirmée en début de soirée: le candidat socialiste, François Hollande, est bien en tête du premier tour de l'élection présidentielle française avec 28 à 30% des voix. Nicolas Sarkozy arrive bien en seconde position comme l'avaient prévu les sondages. Les premiers résultats diffusés vers 18 heures par l'Agence France-Presse qui cite des sources concordantes, le créditent d'un résultat situé entre 24 et 27,5%. Le recul est franc par rapport aux élections de 2007 où il avait obtenu 31,8% de voix face à Ségolène Royal au premier tour. Jean-Luc Mélenchon est crédité de 10,5 à 13%, un score inférieur à ses espérances qui ne lui permet pas de devancer la candidate du Front national, Marine Le Pen, qui est bien à la 3ème place avec 17% à 20,7%. François Bayrou, le candidat du centre, est crédité de seulement 8,7 % à 10% des suffrages. Dans les DOM-TOM, les résultats donnent partout François Hollande largement en tête devant Nicolas Sarkozy (UMP), systématiquement en deuxième position. A Saint-Pierre et Miquelon, François Hollande est en tête avec 33,75% (contre 26,64% à Ségolène Royal en 2007), Nicolas Sarkozy le suit avec 18,75% (contre 24,55% en 2007). En Guadeloupe, François Hollande obtient 57% (contre 38% pour la candidate PS en 2007) loin devant Nicolas Sarkozy et ses 23,40% (alors qu'il réalisait 42,63% en 2007). La tendance dans les DOM-TOM est sans doute plus amplifiée qu'en France, mais elle constitue un indicateur significatif. SARKOZY VA «POURRIR» L'ENTRE-DEUX-TOURS Avec ces résultats, on se dirige vers un second tour ouvert avec un indéniable avantage à François Hollande. L'excellente performance de Jean-Luc Mélenchon (il était crédité de 5% des voix en début de campagne) a été contenue par un vote utile en faveur de Hollande et ne lui permettrait pas, selon les premières estimations, de dépasser les 15%, ni d'être le 3ème homme de l'élection. Pour le candidat socialiste qui peut compter sur le fait que l'électorat de Mélenchon fera tout pour empêcher la réélection de Sarkozy, la performance limitée à moins de 15% du candidat du Front de gauche est une bonne nouvelle. Il peut ainsi centrer sa campagne au second tour sur l'objectif d'attirer une partie de l'électorat centriste de François Bayrou sans avoir à faire de trop grandes concessions à Jean-Luc Mélenchon. Avec plus de 15%, Mélenchon aurait servi d'argument de campagne au second tour à la droite pour effrayer l'électorat centriste. Le second tour s'annonce très difficile pour Nicolas Sarkozy dont les efforts pour arriver en tête du premier tour - et démentir les sondages - n'ont pas été couronnés de succès. Le recul de plus de 5% par rapport à son résultat au premier tour en 2007 est clairement une sanction. Nicolas Sarkozy a beau avoir repris les thèmes de l'extrême droite, il n'est pas arrivé à réduire la dimension du Front national tout en s'aliénant l'électorat du centre. «Il va tout faire pour pourrir l'entre-deux-tours», explique un observateur de la vie politique française. «Nicolas Sarkozy n'est pas crédible quand il se recentre, il va donc être obligé de courir vers l'électorat d'extrême droite». Il faut donc s'attendre à ce que les thèmes de l'extrême droite (immigration, islamophobie et sécurité) soient les principaux thèmes sur lesquels le candidat Sarkozy tentera de mobiliser la droite jusqu'à ses franges les plus extrêmes. Le problème de Nicolas Sarkozy est que sa personnalité et son style même rendent aléatoire le regroupement de l'électorat des différentes droites face au candidat de la gauche. Il n'est pas assuré d'avoir un report substantiel de l'électorat du Front national et encore moins de celui de François Bayrou. Avec l'acte II, la France va connaître une campagne dure où il faudra s'attendre à une surenchère de la part du président sortant destinée à convaincre l'électorat de Marine Le Pen.