Les clés du scrutin Le socialiste François Hollande, largement favori des sondages, et le président sortant Nicolas Sarkozy devraient sauf surprise être qualifiés demain pour le second tour de la présidentielle française, mais plusieurs inconnues peuvent infléchir l'issue du scrutin. L'abstention Selon l'institut de sondage OpinionWay, elle pourrait être de 26%, alors qu'elle avait été de 16% au premier tour de la présidentielle de 2007. La campagne n'a pas passionné et le premier tour est organisé alors qu'une partie des Français sont en vacances. Le record d'abstention à un premier tour avait été enregistré en 2002, avec un taux de 28,40%. A l'époque, l'extrême droite avait créé la surprise en se qualifiant pour le second tour. «Plus l'abstention est élevée, plus cela peut avoir une incidence» sur les résultats, estime Emmanuel Rivière de l'institut de sondage TNS Sofres. Traditionnellement, l'abstention bénéficie davantage à la droite, touchant plus l'électorat de gauche comme les jeunes et les ouvriers. Ce pourrait ne pas être le cas cette fois, selon M.Rivière. Les indécis Selon OpinionWay, un électeur sur quatre n'a pas encore arrêté son choix pour le premier tour. En 2007, 22% de ceux qui sont allés voter ont hésité jusqu'au dernier moment. Les deux favoris espèrent grappiller des voix du côté de la droite extrême de Marine Le Pen, de la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon et du centre de François Bayrou. Toute la semaine ils ont appelé à la mobilisation massive dès demain et surtout au «vote utile». Si la plupart des électeurs de Mme le Pen (85%) se disent sûrs de leur choix, environ un tiers des électeurs de MM. Mélenchon et Bayrou restent indécis. L'antisarkozysme Rarement président français aura été aussi impopulaire dans la durée. Selon les différentes enquêtes, Nicolas Sarkozy pâtit auprès d'une grande partie des Français d'une image de «président des riches», brutal dans sa manière d'exercer le pouvoir et choquant dans sa façon d'habiter la fonction. Même s'il a réussi à remonter dans les sondages depuis son entrée en campagne, le président-candidat a toujours été donné largement vaincu au second tour par son adversaire socialiste. Même dans son camp, des personnalités de droite dont d'anciens ministres ont appelé à voter pour François Hollande - jusqu'à l'ex-président Jacques Chirac, selon l'un de ses proches. François Hollande a su capitaliser sur ce rejet mais il se garde bien de fanfaronner avant l'heure. «Il est possible que nous gagnions, mais ce n'est pas sûr», répète-t-il prudent. Le vote protestataire Environ 30% des électeurs sont tentés (à parts à peu près égales) de voter pour le candidat de l'extrême droite Marine Le Pen et celui de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon qui se disputent la troisième place dans les sondages, autour de 15%. Leur émergence signale le rejet, par une partie des Français, du «système» et de la bipolarisation de la classe politique entre les socialistes et l'UMP de Nicolas Sarkozy. La performance de la candidate du Front national aura une incidence sur le score de Nicolas Sarkozy puisqu'une partie importante de ses électeurs est constituée de personnes ayant voter pour le président-sortant en 2007 qu'elle a séduits sur les thèmes de l'immigration et de la sortie de l'euro. Le candidat du Front de gauche plait à ceux qui s'insurgent contre les contraintes budgétaires imposées par la crise et l'Union européenne. Il a créé une dynamique nouvelle à gauche en prônant «l'insurrection citoyenne» Dans l'entre deux tours, François Hollande devrait adapter son discours - plus ou moins à gauche - en fonction du score de Jean-Luc Mélenchon demain même si le report des voix fait peu de doutes.