Pour les détenteurs du pouvoir, ce qui importe dans ces législatives de ce 10 mai 2012, c'est principalement le taux de participation des citoyens, quitte à ce qu'ils votent avec un bulletin blanc ! En effet, et comme l'ont souligné d'ailleurs nombre d'observateurs aguerris, l'enjeu du scrutin d'aujourd'hui réside d'abord dans le fait de faire «avaliser ultérieurement les réformes proposées d'en haut» qu'une participation satisfaisante d'électrices et d'électeurs signifierait un gage pour lui aux yeux de l'opinion publique internationale. Ce souci de «el-mouhim el-moucharaka» semble ainsi primer, pour le pouvoir, beaucoup plus que l'élection de tels ou tels députés ou de telle ou telle tendance politique à coloration majoritaire, vraisemblablement important moins que le fait d'une participation importante des Algériens à ce scrutin, synonyme pour lui de leur souscription aux réformes avancées. C'est pourquoi, ce qui est redouté, c'est le spectre d'une abstention qui rappellerait le taux de participation insignifiant des législatives de 2007, mais que les données différentes du contexte actuel semblent pencher en faveur d'un vote beaucoup de loin plus important. Et parmi les éléments qui paraissent objectivement plaider en faveur d'une participation importante de la population au scrutin du 10 mai 2012, on peut énumérer, entre autres, les suivants : - La situation préoccupante aux frontières sud du pays, suscitant un appel à la vigilance répercuté par nombre de candidats et médias, ce qui n'est pas sans inciter nombre de citoyens à prendre le chemin des urnes. - Les effets d'un certain «printemps arabe» et aussi de ses revers favorisant l'aspiration croissante à un changement pacifiste. - Le nombre impressionnant de candidats de partis et de mouvances diverses, mobilisant des proches, des affinités et des solidarités de régions entières (campagnardes, villageoises, de dachras, et autres citadines, de quartiers, etc.), appâtant les électeurs par des promesses d'actions tangibles, décentralisées de proximité, suscitant l'intérêt de nombre de citoyennes et citoyens intéressés beaucoup plus par des préoccupations concrètes touchant leur vécu social immédiat que ce que pourrait concerner un enjeu autre qui leur échappe, ressortant des politiques des hautes sphères. - De façon exceptionnelle, il y a une quote-part importante de femmes candidates participant aux législatives de 2012, et compte tenu de ce paramètre et un certain engouement suscité par les discours insistant sur le souci promotionnel des droits de la gent féminine dans le pays, - et entre autres l'appel du président de la République adressé à son intention pour voter massivement ce 10 mai ; il faut s'attendre par conséquent à une participation conséquente des femmes à ce scrutin. - L'influence des médias, dont la presse écrite, et principalement la télévision avec ses spots publicitaires insistants, faisant notamment intervenir des personnalités connues de divers domaines (les artistes en premier lieu) exhortant les citoyens au vote, le considérant comme un «acte de patriotisme». De même qu'il y a le concours influent des radios nationales et régionales sensibilisant à grande échelle les populations des différentes wilayates sur la «portée de ce geste patriotique» (à signaler que nul n'était besoin pour une radio nationale du zèle exalté de certaines expressions colportées, considérant l'abstentionnisme comme signe d'infidélité vis-à-vis de la patrie). Ce qui n'est pas sans influer sur l'électeur hésitant, le poussant ainsi à voter, moins par conviction que par souci de culpabilité et autre, de crainte de se voir refuser des papiers à l'avenir (pour rappel, à l'issue du chétif verdict des législatives de 2012, des questionnaires ont été adressés aux non-votants dans un style rappelant certaines sinistres pratiques du totalitarisme !). Inutile de dire que, par ailleurs, de pareilles pratiques tendant à fustiger tout non-votant risquent d'engendre l'effet contraire sur le citoyen s'apprêtant à voter justement mais qui pourrait changer d'avis face à de pareils abus, traitant peut-être ses amis, ses proches ou de simples concitoyens libres dans leur choix comme de vulgaires renégats ! Recours préjudiciables à bannir à l'avenir par tous les zélés qui en font plus que leurs supérieurs hiérarchiques leur demandent (comme ces courtisans qui déplacent les divans de salon en pleine salle de réception des officiels, se couvrant de ridicule et attentant par conséquent à l'image du pays à l'étranger) - Parmi d'autres éléments contribuant à une participation relativement importante des citoyens au prochain scrutin, il y a cet élément «stimulateur» relevant des domaines socioéconomique, culturel et sportif, qui, par son effet d'entraînement dans les zones et secteurs qui ont connu un important évènement (inauguration de conduites d'eau potable dans le Sud, augmentations de certains salaires dont celui des retraités, encouragements prodigués aux projets de jeunes avec promesses d'effacement des dettes, etc.), manifestations culturelles (évènements culturels durant toute l'année dans l'extrême Ouest et autres périodiques à travers le territoire national), consécrations sportives officielles (dans les diverses catégories en coupe d'Algérie, et les promesses de championnat incluant des places sur le podium ouvrant la voie à la participation à des compétitions internationales, tout comme les accessions aux différents paliers nationaux de nombre de régions du pays), des avènements promotionnels qui vont probablement contribuer à accroître l'intéressement de leurs jeunes ouailles au vote (le public sportif au niveau national, d'ailleurs, est lui-même sollicité par certains spots incitatifs de l'ENTV, dont celui montrant l'ex-capitaine d'équipe des Verts, Antar Yahia, glissant son bulletin de vote dans une urne transparente sur fond d'appel lancé aux citoyens électeurs pour en faire autant le 10 mai ! - Le fait que le vote à ces législatives du 10 mai 2012 coïncide avec la commémoration du 50e anniversaire de l'indépendance, dont l'opportunité a été grandement saisie par les autorités publiques et divers candidats à la future Assemblée nationale pour appeler à un vote massif de «consolidation de la souveraineté nationale», selon leurs propos. - Les avis encourageants d'organismes internationaux invités à l'observation de près des opérations du scrutin qui se sont prononcés favorablement sur les prémices d'un bon déroulement des élections. - Le dernier discours présidentiel, après ceux annonciateurs de «réformes» et celui appelant les Algériens au vote aux prochaines législatives, dont la dimension est considérée «d'une portée historique déterminante pour le pays» : ce qui est susceptible de contribuer à un écho croissant, principalement parmi les jeunes, dont nombre d'entre eux voient en le Président de la République l'image d'un père bienveillant, au-dessus du lot, mal vu par contre de tout le reste des représentants du corps politique du pays, à l'appel duquel ils ne paraissent pas insensibles, prêts à y désobéir ! Par ailleurs, concernant les éléments plaidant en défaveur du scrutin de ce 10 mai, il y a ces appels lancés pour une abstention ou le boycott de ces législatives 2012, initiatives qui relèvent évidemment de l'exercice de la pratique démocratique et constituant un droit indéniable. Nul n'ayant le droit, naturellement, de discréditer un concitoyen optant librement pour ce choix, conformément à ses choix ou convictions intimes. Car, sans le témoignage de cet esprit compréhensif du respect du choix libre et du droit de chaque électrice et électeur, c'est assurément la porte ouverte à l intolérance et autre esprit belliciste de chauvinisme étroit, etc. Dans cette optique, sans chercher à plaider en faveur de quiconque, la position du parti du RCD, par exemple, de boycotter ces élections et d'appeler en faveur de l'abstention, participe pleinement de l'exercice de la pratique démocratique. Et la diabolisation équivaudrait à flirter avec les sinistres pratiques totalitaires d'un autre âge ! Cette position de boycott ou d'abstention par telle ou telle tendance ou personnalité politique, étant autant respectable en droit institutionnel que celle opposée de tout autre parti ou mouvance ayant choisi de participer à ces élections. C'est, entre autres, le cas du parti du FFS qui a opté pour la participation à ces législatives et c'est son droit le plus absolu. Cela dit, cette participation du FFS est citée, ici, justement parce qu'elle constitue un autre facteur susceptible de contribuer à la réduction du taux d'abstention attendu à travers le territoire national, et plaidant par conséquent en faveur d'un taux de participation citoyenne important à ce scrutin du 10 mai 2012. Bref, d'une manière générale, il semble que ces présentes législatives s'annoncent nettement importantes, et en se référant rien qu'aux éléments évoqués ci-dessus, l'auteur des présentes lignes peut se risquer à avancer que le taux de participation des électeurs à ce scrutin dépassera très largement celui antérieur des législatives de 2007. Quant aux estimations concernant les partis qui l'emporteraient haut la main, cela dépendra de la tenue d'élections propres et honnêtes, loin de toute tentative de fraude. En tout état de cause, quel que soit le parti ou le mouvement qui remportera les premières loges de la future APN, vraisemblablement, aucune formation politique ne paraît apte à remporter la majorité absolue. Et, comme s'y attendent beaucoup d'observateurs, la prochaine Assemblée nationale semble tendre vers une composante humaine «mosaïcale» de divers horizons politiques où vont s'opérer des jeux d'alliances stratégiques en vue d'une participation active à l'élaboration des futurs textes législatifs. Dont celui fondamental de la nation préconisé par les réformes annoncées, même si certaines sources laissent entendre que la durée de cette prochaine APN sera écourtée, une fois apportée la part de contribution de ses divers membres au raffermissement des lignes principales de la future Constitution dont les axes majeurs et déterminants restent du ressort du pouvoir réel en Algérie. Pour clore, il reste à signaler que le présent point de vue concernant ces prévisions se rapportant au déroulement du scrutin du 10 mai 2012 relève de considérations tout à fait indépendantes, engageant des appréciations strictement personnelles, d'ordre subjectif donc, mais reposant sur certaines données tangibles dont les répercussions prospectives resteront à vérifier après le 10 mai. Et si tel s'avérait le cas, cette probabilité d'une participation importante à ce scrutin n'aura rien d'étonnant parce que s'inscrivant tout simplement dans la logique d'un contexte international en plein chamboulement. Et à vrai dire, on assiste actuellement au bouleversement de tout un paradigme de l'Histoire qui suscite partout des agitations de divers ordres, notamment sur le plan des valeurs humaines, mais ce qui ne signifie pas automatiquement allant dans le bon sens de la démocratie, du droit, de l'éthique et des libertés croissantes du genre humain ! Quoi qu'il en soit, comme dit l'adage : wait and see !