Le paysage politique s'anime comme rarement observé depuis les élections contestées de 1997. Le nombre de partis explose sans que l'on sache s'il s'agit d'un recyclage de militants ou de nouvelles recrues. La quasi-majorité des leaders des formations sont d'anciens députés ou ministres. Le rajeunissement ou le renouvellement de la classe politique ne sera pas à l'ordre du jour du prochain scrutin. Les législatives de mai prochain ont quelque chose de particulier. Tous les partis, mis à part le RCD, semblent persuadés qu'elles seront sans fraude. Tous se voient majoritaires. Peu appellent à des alliances. Et tous comptent sur une participation appréciable des électeurs. Ce scrutin aura deux faces et beaucoup de valeur, contrairement à certaines pièces de monnaie. Il établira de manière pérenne ce que sera le paysage politique algérien pour le prochain quinquennat et aura valeur de sondage pour la prochaine élection présidentielle. Si l'administration et la justice réussissent l'organisation du vote, son dépouillement et que les résultats ne soient contestés par personne, alors les Algériens pourront renouer avec l'acte de vote. Redonner du crédit à l'acte citoyen de voter est l'un des enjeux majeurs de cette élection. Les électrices et les électeurs ont trop souvent vu leurs votes détournés et ce, quelle que soit l'élection organisée depuis le début des années 1990. Cette certitude que la fraude est consubstantielle de l'opération électorale ne pourra disparaître que si mai 2012 efface de la mémoire collective tous les scrutins qui l'ont précédée.La seconde face de ce scrutin sera liée aux partis politiques et à leurs candidats. Si les formations politiques proposent aux électeurs les mêmes candidats, la déception risque d'être à la hauteur du taux d'abstention de 2007. Le besoin de changement ne réside pas seulement dans la politique menée avec ses résultats qui ne sont pas toujours à la hauteur des attentes citoyennes. Le besoin de changement réside également dans le renouvellement d'une classe politique usée et qui est présente soit dans l'opposition ou dans la majorité gouvernementale depuis 1990.La valeur de cette élection à deux faces sera donc déterminée par le niveau de transparence du scrutin et la capacité des partis politiques à présenter de nouvelles «têtes» plus proches des citoyens et qui comprennent leurs préoccupations. De la valeur de ce scrutin, nous aurons une indication du chemin que prendra l'Algérie vers plus de démocratie et de liberté. Le vote de mai 2012 engendrera une nouvelle Constitution. Cette dernière déterminera pour longtemps les équilibres entre les différents pouvoirs. L'élection qui arrive sera comme une pièce à deux faces, l'administration, la justice et les partis lui fixeront sa valeur : un «douro» ou une pièce de 100 dinars non dévalués. En mai, l'Algérie sera fixée. A. E.