« En plus du fait qu'elle constitue une première sur le plan maghrébin, l'opération de traitement du cancer de la prostate par vaporisation au laser à diodes ouvre des perspectives heureuses pour 95% des hommes ayant dépassé la cinquantaine et qui sont touchés par l'adénome de la prostate», nous a déclaré hier le professeur A. Dahdouh, chef de service de la chirurgie urologique et de transplantation rénale de l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) de Daksi à Constantine. Réalisée samedi dernier avec succès, l'opération a été transmise en direct, grâce aux moyens techniques fournis par la direction régionale de l'entreprise de télédiffusion Algérie (TDA), aux médecins urologues algériens et étrangers réunis en congrès à la faculté de médecin du Chalet des Pins. Cette première opération a été immédiatement suivie par une seconde qui a concerné également un adénome de la prostate en plus d'une lithiase vésicale. Elle a été, elle aussi, couronnée de succès. «L'avantage du traitement par le laser à diodes est l'absence de saignement du patient. Il est également indolore et offre une meilleure visibilité. Ensuite, l'opération peut être pratiquée sur des malades qui sont sous anticoagulant», a commenté ce praticien qui a expliqué qu'il n'est pas nécessaire d'arrêter le traitement suivi par le malade pour intervenir sur la prostate. Cette opération peut être effectuée désormais sans aucun danger, et ce quel que soit l'âge du patient, «même sur des personnes ayant dépassé les 85 ans», a affirmé encore le Pr Dahdouh. Ce dernier s'est étalé ensuite sur l'autre avantage qu'offre cette méthode véritablement révolutionnaire, avantage qui réside, selon lui, dans la période postopératoire où le malade peut quitter l'hôpital le jour même de l'opération, sinon le jour suivant au plus tard. «Le postopératoire est très réduit, continue le praticien, et il n'est pas coûteux». Le consommable d'une telle intervention coûte 700 euros en France, a-t-il indiqué (environ 7 millions de centimes). Aussi, le gain sur le postopératoire : hospitalisation, consommable du postopératoire comme les sondes, le lavage, etc., réinsertion socioprofessionnelle rapide du malade, est-il considérable. Et d'indiquer que les compétences dans ce domaine ne posent aucun problème particulier. En effet, des urologues qui pratiquent la révection endoscopique de la prostate peuvent effectuer facilement cette intervention car la courbe d'apprentissage n'est pas longue. Sur un autre plan, et en l'absence de statistiques officielles sur les maladies de la prostate en Algérie, le professeur Dahdouh a expliqué que l'espérance de vie dans notre pays atteint environ 76 ans et si l'on doit vivre suffisamment jusqu'à un âge avancé, 95% des hommes développeront inévitablement un adénome de la prostate. A partir de cinquante ans, et même parfois avant cet âge, on a déjà des problèmes de la prostate, signalant la difficulté d'établir des statistiques. Il dira que la clinique rénale de Daksi est débordée par les pathologies urologiques. «Il y a une perpétuelle augmentation de toutes les pathologies urologiques : de l'adénome de la prostate au cancer du rein, aux lithiases et autres». «Et s'il peut y avoir des chiffres, ils ne peuvent en aucun cas refléter la réalité au niveau de la capitale de l'Est, étant donné que nous recrutons les malades au niveau régional et parfois, pour certaines pathologies, au niveau national». Questionné à propos de la greffe du rein, le professeur Dahdouh a répondu que l'EHS de Daksi a réalisé, en cette moitié de l'année 2012, 3 greffes et qu'il y a une vingtaine de cas qui sont en cours d'exploration. Aussi, a-t-il tenu à préciser, dès que les examens confirment que le donneur est parfaitement sain et qu'il y a une compatibilité entre donneur et receveur, la greffe sera réalisée. Mais il a tenu à souligner que les textes réglementaires sur la question manquent énormément et que celle-ci est gérée au niveau de la tutelle, le ministère de la Santé. «Nous n'attendons que le moment où l'arsenal juridique sera mis en place pour s'organiser et procéder régulièrement à des greffes. Pour ma part, a-t-il dit en guise de conclusion, je suis convaincu que l'avenir de la médecine réside, entre autres, dans les greffes d'organes !»