Une attaque à la bombe a visé, mardi dans la soirée, la mission diplomatique américaine à Benghazi, la ville libyenne d'où était partie la révolution contre le régime de Kadhafi, faisant planer le spectre de la présence dans la région de groupes djihadistes, estimaient hier des observateurs qui s'interrogeaient sur le timing de cette attaque et la mort d'un responsable d'Al-Qaïda au Pakistan, d'origine libyenne. Selon l'ambassade des Etats-Unis à Tripoli, la mission diplomatique américaine a été la cible, mardi soir, d'une attaque à la bombe, mais qui n'a pas fait de victime. «Il y a eu une attaque, hier soir, contre le bureau des Etats-Unis à Benghazi», a précisé un responsable de l'ambassade, soulignant qu'il s'agissait d'une bombe artisanale et qu'il n'y avait pas de victimes. «Les Etats-Unis déplorent l'attaque de leur mission diplomatique à Benghazi», a-t-il dit sous couvert de l'anonymat, ajoutant que l'ambassade avait appelé les autorités libyennes à renforcer la sécurité autour des locaux américains en Libye. Selon des sources proches des services de sécurité libyens, cette attaque a été revendiquée par un groupe se présentant sous le nom de Groupe du prisonnier Omar Abderrahaman, qui a laissé des tracts sur place, dans lesquels il menace les intérêts américains en Libye. Les mêmes sources proches des services de sécurité libyens ont indiqué, par ailleurs, que le Groupe des partisans du prisonnier Omar Abderrahman, un égyptien condamné à la prison à vie aux Etats-Unis, a également revendiqué une attaque à la roquette perpétrée le 22 mai contre les locaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Benghazi. Cheikh Omar Abderrahman (73 ans), surnommé le «cheikh aveugle», a été condamné en 1995 à la prison à vie par la justice américaine pour des complots visant à attaquer des cibles new-yorkaises et à assassiner l'ancien président égyptien Hosni Moubarak. Il a aussi été cité comme inspirateur des premiers attentats contre le World Trade Center, qui ont fait six morts et un millier de blessés en 1993. De son côté, le vice-ministre de l'Intérieur libyen, Ounis Al-Charef, a précisé que l'engin explosif avait explosé à environ 500 m de la représentation américaine, mercredi vers 03H00, et que le bâtiment n'avait pas été touché directement. Les officiels libyens, dont le ministre de l'Intérieur, n'écartent pas l'hypothèse que cette attaque soit une sorte de vengeance ou une riposte à la mort du numéro deux d'Al-Qaïda, le Libyen Abou Yahya Al-Libi, tué dans une attaque de drone au Pakistan. Al-Libi, considéré comme l'un des principaux théoriciens d'Al-Qaïda, était apparu à plusieurs reprises ces dernières années dans des messages vidéo du réseau extrémiste. En mars 2011, il avait exhorté les rebelles libyens à poursuivre leur offensive contre le régime Kadhafi. »Al-Libi a des partisans dans le pays et ils pourraient être derrière» l'attaque, a déclaré M. Charef. L'attaque de la mission diplomatique américaine de Benghazi intervient également au lendemain des déclarations du secrétaire US à la Défense, Leon Panetta sur la poursuite de la traque par les Etats-Unis des réseaux d'Al-Qaïda au Pakistan. Les Etats-Unis vont poursuivre leurs attaques visant Al-Qaïda au Pakistan, a-t-il déclaré hier, au lendemain de l'annonce de la mort du numéro deux du réseau, Abou Yahya Al-Libi, dans une attaque de drone au Pakistan. «Nous avons été très clairs sur le fait que nous allons continuer à nous défendre», a-t-il déclaré lors d'une visite à New Delhi. Les autorités libyennes tentent de leur côté de remonter les filières pour identifier les responsables de cette attaque, qui intervient également à un moment où la Libye commence progressivement à se remettre sur pieds après une ruineuse guerre civile qui s'est soldée par la mort de Kadhafi et l'émergence d'un gouvernement de transition d'obédience islamiste.