La 25ème conférence mondiale du gaz à Kuala Lumpur a été l'occasion d'un grand effort de marketing de Sonatrach avec l'annonce d'une révision à la hausse des investissements du groupe public qui passent de 68 milliards de dollars à 80 milliards de dollars sur cinq ans. Sonatrach semble vouloir indiquer qu'elle a définitivement «digéré» la crise de 2010 qui a accompagné la «décapitation» de son staff dirigeant et qui a eu un impact sensible sur la prise de risque décisionnelle. En annonçant une révision à la hausse des investissements sur cinq, Abdelhamid Zerguine, PDG de Sonatrach a, probablement, cherché à envoyer un signal clair à des partenaires qui continuaient de considérer que le groupe public était toujours en «convalescence». Avec cet effort d'investissement substantiel et l'attente d'une révision de la loi sur les hydrocarbures dans ses volets fiscaux afin de rendre l'amont pétro-gazier plus attractif, on peut espérer que le retour à la «normale» est possible. C'est au cours d'une session plénière sur la géopolitique et le gaz, animée avec Mahatir Mohamed, ancien Premier ministre de la Malaisie, Marcel Kramer, PDG de Royal Dutchgas, et Alexander Medvedev, vice-président de Gazprom, que M.Zerguine a annoncé cette révision à la hausse des investissements. «Nous envisageons de dépenser plus de 68 milliards de dollars pour les cinq prochaines années. Ce niveau d'investissement va, probablement, augmenter pour atteindre 80 milliards de dollars», a-t-il déclaré. Il a, également, rappelé le potentiel de l'Algérie en termes de réserves d'hydrocarbures avec 1,6 million de km2 de bassins sédimentaires, dont deux tiers n'ont pas encore fait l'objet d'une prospection intensive. Le PDG de Sonatrach en a profité, également, pour indiquer que des études récentes, réalisées en mai 2012, sur une superficie de 180.000 km2 ont révélé un potentiel énorme de gaz de schiste dépassant plus de 600 millions m3 par kilomètre carré, ce qui signifie que plus de 2.000 milliards de m3 peuvent être récupérés. Dans la foulée, le directeur central des associations de Sonatrach, Kamel Eddine Chikhi a annoncé le forage du premier puits de gaz de schiste (shale gas) dans le bassin d'Ahnet, situé au sud d'In Salah. Ce forage sera suivi de deux autres, a-t-il indiqué. «Nous venons d'entamer le forage du premier puits shale-gas en Algérie, appelé Ahnet 1 qui va nous permettre d'approfondir davantage nos données sur nos réserves gazières non conventionnelles et d'établir les techniques de forage adéquates à ce type d'extraction de gaz», a déclaré M. Chikhi. Plusieurs études ont été réalisées par Sonatrach, effort propre et en partenariat avec des bureaux de consulting internationaux pour l'exploitation de ce gisement.»Ce sont des études croisées qui ont permis au groupe algérien d'avoir une meilleure estimation du potentiel du sous-sol qui sont très encourageantes», a-t-il dit. DEFENSE DES CONTRATS A LONG TERME Au cours de la session plénière, le PDG de Sonatrach a mis en corrélation la sécurisation de l'offre gazière et l'impératif d'un juste prix pour le gaz qui est, selon lui, une «condition minimale» pour faire face à l'énorme effort d'investissement que doivent consentir les pays producteurs. Outre ce «juste prix», Zerguine a mis en avant une réponse par le partenariat «qui a donné des résultats tangibles pour tous les acteurs du marché gazier», a-t-il enchainé. «Dans un contexte géopolitique incertain, il est nécessaire de renforcer les partenariats existants, mais aussi d'en créer de nouveaux, avec des niveaux de prix qui reflètent les niveaux d'investissement nécessaires» a fait valoir Abdelhamid Zerguine en défendant les contrats gaziers à long terme. Il a expliqué que sans les contrats à long terme, les investissements, coûteux, nécessaires à la sécurisation, ne seraient pas possibles. «La flexibilité de l'approvisionnement est le résultat du développement des infrastructures gazières qui ont offert aux clients de l'Algérie une sécurité de l'offre. Il faut aussi souligner que cette flexibilité est le résultat d'énormes investissements sur plusieurs années, consentis par Sonatrach grâce aux contrats à long terme qui lui ont permis de sécuriser l'offre et de partager les risques avec ses clients». Il faut, a-t-il dit «donner à la vision du long terme et de la coopération stratégique tout son sens car elle avait permis l'expansion de l'industrie du gaz».