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Jean-Marie Pinel, président de la CCIAF (Chambre de commerce et d'industrie algéro-française) : «Les entrepreneurs ont une grande part des solutions entre leurs mains»
L'Algérie et la France doivent pouvoir trouver des moyens de co-développement, estime dans cet entretien Jean-Marie Pinel, président de la Chambre de commerce et d'industrie algéro-française (CCIAF). Il souligne cependant que les gouvernants peuvent «souhaiter» mais ils ne décident pas à la place des entreprises. Vous disiez récemment que le partenariat économique entre l'Algérie et la France se porte bien. Les entreprises algériennes trouvent des difficultés à exporter leurs produits vers l'Hexagone et en Europe en général malgré l'accord d'association avec l'UE conclu en 2005. Le problème est-il soulevé au sein de la CCIAF par les entreprises algériennes? Non le problème n'est pas encore soulevé. Cela ne m'étonne d'ailleurs pas dans la mesure où l'Algérie est une économie tirée principalement par la demande et que cette demande n'est pas encore totalement satisfaite. L'objectif est bien pour les entreprises algériennes de vendre en Algérie, sur leur propre marché. Dans un deuxième temps se posera le problème des débouchés. C'est pourquoi nous souhaiterions initier déjà des flux qui naturellement ne seront pas nécessairement importants dans un premier temps. L'un des objectifs que vous vous êtes fixés à la CCIAF est de faire en sorte que le partenariat entre les entreprises des deux pays soit mutuellement profitable. Concrètement, comment allez-vous faire ? Nous n'avons à la Chambre dans ce domaine qu'un rôle de facilitateur. Le premier moyen est de faire en sorte que les entrepreneurs se connaissent et s'apprécient et qu'ils soient ainsi amenés à constituer des partenariats. C'est pourquoi nous initions des manifestations, des séminaires ou colloques où les entrepreneurs peuvent se rencontrer pour s'apprécier et envisager de faire des activités industrielles et commerciales ensemble. La législation en Algérie est contraignante, avez-vous déclaré lors de votre dernière conférence de presse. Comment dans ce cas de figure allez-vous concrétiser vos projets ? Toute législation, de quelque pays que ce soit, a ses contraintes. En raison de la concentration d'une part très importante de ses ressources, je pense que l'Algérie a des contraintes particulières. Mais le développement d'activités dans le cadre de la loi se réalise tous les jours. Dans ce domaine des possibilités existent et c'est dans ce cadre que nous essayons de favoriser les partenariats entre entrepreneurs des deux côtés de la Méditerranée. Comment vous évaluez la dernière visite de Jean-Pierre Raffarin qui était accompagné de nombre d'opérateurs économiques français ? Tout ce qui nous a été communiqué par UbiFrance ou ce que nous avons vu, entendu, écouté montre que ce colloque a été très positif à de nombreux points de vue. Il faut que les organismes comme le nôtre ou d'autres prolongent et accompagnent ces effets positifs. Les responsables algériens et français soutiennent à chaque occasion qu'ils veulent bâtir un partenariat économique exceptionnel. Les choses n'avancent pas cependant comme cela est souhaité. Pourquoi ? Je ne prétends pas avoir de réponse à toutes les questions. Force est cependant de constater que l'Europe est en crise. Les entreprises cherchent certainement aussi des possibilités sur les pays asiatiques où les coûts étaient très attractifs pour les entreprises et s'accompagnaient de débouchés. Cependant, aujourd'hui et pour le futur, les pays de l'Extrême-Orient voient leurs coûts augmenter avec une concurrence exacerbée pour leur consommation. Deux pays qui ont la capacité de former des jeunes dans les nouvelles technologies, qui ont des ressources et des capacités de recherche comme l'Algérie et la France, devraient pouvoir trouver des moyens de co-développement. En économie les choses sont souvent très lentes mais s'imposent à un moment ou un autre. Elles s'imposeront un jour. Il faut simplement que les entrepreneurs n'oublient pas que les gouvernants ne prennent pas les décisions pour eux. Ils peuvent souhaiter, mais au final ce sont les entreprises qui font ou doivent faire en fonction des avantages perçus à ce moment-là. Les entrepreneurs ont une grande part des solutions entre leurs mains. La Chambre de commerce et d'industrie algéro-allemande est très active. Pensez-vous que les Allemands sont de sérieux concurrents en Algérie ? Nous sommes très contents que les Allemands soient aussi actifs sur le marché algérien, ce sont nos partenaires au sein de l'Europe et ce qu'ils aident à développer participe au développement de tous. La tâche est suffisamment importante pour ne pas souhaiter la réduire à quelques-uns.