Un léger frémissement dans la situation au Mali, et plus particulièrement le nord du pays, est enregistré depuis quelques jours, sur le plan diplomatique. La désinvolture des autorités maliennes, plutôt des putschistes militaires, devant le pourrissement de la situation au nord du pays, complètement contrôlé par les dissidents touareg et les groupes terroristes d'Aqmi et du Mujao, a fait réagir la Communauté internationale. L'Algérie, bien qu'ayant observé une stricte neutralité dans la crise malienne depuis le début des combats et jusqu'à la chute des villes du nord, la France dorénavant pour une 'solution militaire'', l'Union africaine et l'ONU, outre la Cédéao, sont aujourd'hui perçus comme des passages obligés pour un règlement rapide de cette crise. Pourtant, le Conseil de sécurité a douché les partisans d'une solution musclée, la Cédéao et l'UA, qui avaient appelé à une intervention militaire au Nord du Mali, contre les groupes armés de tous bords qui contrôlent la région. Premier couac dans le règlement 'militaire'' de la crise malienne ? En fait, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas soutenu la résolution apportée, mardi, par l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest qui est de créer une force d'intervention au Mali. Des représentants du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine avaient également appelé l'Onu à soutenir « en toute urgence » une opération destinée à rétablir l'intégrité territoriale du Mali. L'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest souhaitent créer une force d'intervention et envoyer des troupes au nord du pays, sous mandat de l'Onu, qui a montré cependant une certaine réserve à cette proposition. Sans rejeter l'idée d'une intervention par le biais de cette force, l'Onu s'interroge sur le coût, les véritables raisons, le cadre et les éventuelles conséquences politiques et sociales d'un déploiement militaire massif au Mali. Selon des sources diplomatiques proches de l'organisation, 'l'Onu doit en savoir davantage sur les objectifs de la force, comment elle sera mise en œuvre et quels seront ses soutiens logistiques et financiers''. Mais, les portes ne sont pas fermées et de nouvelles discussions sur la situation au Mali sont prévues, cette semaine au Conseil de sécurité. Les membres de l'UA et de la Cédéao devront fournir plus d'informations pour convaincre le Conseil de sécurité de donner son feu vert à une intervention militaire au Mali. TIRS SUR DES AVIONS INCONNUS Par ailleurs, deux avions non identifiés avaient survolé jeudi à l'aube, la ville de Tombouctou, aux mains du groupe touareg Ansar Eddine, allié d'Aqmi. Les membres de ce groupe ont tiré à l'arme lourde sur ces deux avions, sans les atteindre. «Deux avions de couleur blanche survolaient jeudi, la ville de Tombouctou et les islamistes ont tiré avec des armes lourdes contre ces avions», a affirmé Oumar Maïga, un habitant de la ville. Un journaliste local a précisé que les avions n'ont pas été touchés et «ont rapidement pris de l'altitude». Oumar Ould Hammaha, un des chefs militaires du mouvement islamiste Ansar Eddine, qui contrôle Tombouctou avec le soutien d'Aqmi, a confirmé l'information. «Oui, nous avons tiré, et s'il plaît à Dieu, nous allons bientôt abattre des avions ennemis qui survolent Tombouctou. La France, l'ONU, peuvent envoyer tous les moyens du monde. Grâce à Dieu, nous allons vaincre l'ennemi», a-t-il déclaré. Selon plusieurs habitants de Tombouctou, c'est la première fois que les islamistes répliquent à de tels survols. « Depuis un mois, c'est au moins la troisième ou quatrième fois que des avions passent au petit matin. Mais c'est la première fois qu'on a les a vu tirer sur des avions », raconte un habitant. Pour les hommes d'Aqmi, il n'y a aucun doute, ces avions sont des appareils de reconnaissance au profit d'une force militaire étrangère. Oumar Ould Hamaha, second du chef d'Aqmi, ajoute que 'nous savons que ce sont des avions espions. Ce sont des avions qui sont en train de photographier. Dites-leur que nous sommes sur le terrain et nous les attendons. On est venu pour défendre l'Islam et on va combattre jusqu'au dernier degré''. A la faveur de la crise libyenne, la branche maghrébine d'Al-Qaïda est soupçonnée de s'être procurée de l'armement antiaérien. Selon des sources sécuritaires de la région, des islamistes - notamment d'Egypte - seraient récemment venus dans le Nord du Mali pour rendre opérationnel cet armement et expliquer son fonctionnement aux jihadistes locaux.