La chaîne Middle East Broadcasting Centre (MBC), productrice du feuilleton télévisé «Omar Ibn Al-Khatab», a réaffirmé son intention de poursuivre la diffusion de la série malgré le vent de contestation soulevé parmi les téléspectateurs arabes et dignitaires religieux, qui désapprouvent la représentation figurée de Omar, un des compagnons les plus illustres du prophète Mohamed et deuxième calife sous lequel l'islam connaît une expansion rapide au VIIe siècle. C'est ce qu'a indiqué une source cadre de MBC dans une déclaration faite au journal qatari «Echarq», en affirmant que la série continuera d'être diffusée et qu'il n'est nullement dans les intentions de la chaîne de changer sa programmation ramadhanesque et de retirer le feuilleton de sa grille. Cette source ajoutera que MBC respecte toutes les opinions portant sur la série en demandant à ce qu'on donne une chance à la production d'être visionnée jusqu'à la fin avant de la condamner. Elle rappellera que l'écriture du scénario du feuilleton, dont le tournage a duré deux ans, s'est basée sur les avis d'illustres érudits de l'islam. Rappelons que pour sa défense, MBC, l'un des groupes de télévision les plus importants au Moyen-Orient, et à travers les producteurs de la série, affirme avoir reçu le soutien de plusieurs dignitaires religieux qui ont également examiné la véracité des faits historiques évoqués dans la série, notamment celui de l'influent théologien égyptien cheikh Youssef Al-Qaradaoui, réputé proche des monarchies du Golfe. Quant au déploiement sécuritaire autour du siège de MBC en Arabie Saoudite ces dernières 48 heures, la source indique que le Groupe fait confiance aux forces de sécurité dont le rôle est d'assurer la sécurité des biens dans l'intérêt général sans pour autant évoquer une quelconque menace. Cette présence policière survient après des appels lancés pour tenir des sit-in de protestation devant le siège de MBC pour contraindre la chaîne à suspendre la diffusion de la série «Omar Ibn Al-Khatab». Présenté comme une superproduction, le feuilleton sur le deuxième calife de l'islam est au centre de toutes les polémiques en Arabie Saoudite et en Egypte depuis la décision de sa programmation pour le Ramadhan. Une fetwa d'Al-Azhar, principale institution religieuse de l'islam sunnite, basée au Caire, affirme que les représentations figuratives des prophètes et de leurs compagnons étaient interdites. Un édit religieux similaire a été également émis par Dar Al-Ifta en Arabie Saoudite (le Comité permanent des recherches scientifiques et de la délivrance des fatwas). Auparavant, le Mufti d'Arabie Saoudite, Cheikh Abdul Aziz Bin Abdullah Al Cheikh, avait déclaré lors de la prière du vendredi que «ceux qui sont derrière le feuilleton ont commis une grave erreur et un crime en dépensant leur argent sur la production de cette série pour la télévision». Des milliers de personnes se sont exprimées sur les réseaux sociaux pour dénoncer la série télévisée et appeler à ce qu'elle soit retirée du petit écran et un membre de la famille royale régnante en Arabie Saoudite, le prince Abdul Aziz Bin Fahd, fils du défunt roi Fahd Bin Abdul Aziz, avait même promis de faire arrêter la diffusion du feuilleton. Il a menacé MBC d'un procès et appelé le Qatar, qui a cofinancé la production avec l'Arabie Saoudite, à se remettre à la volonté de Dieu, devant un parterre de journalistes saoudiens, quelques jours avant la diffusion du feuilleton. Si la représentation figurée n'est pas explicitement interdite dans le Coran, les théologiens sunnites s'accordent sur le fait que la représentation des figures religieuses est interdite car susceptible selon eux de conduire à l'idolâtrie, une pratique strictement interdite. «Omar Ibn Al-Khatab» n'est cependant pas le premier à susciter une telle controverse puisque l ́Egypte avait interdit la diffusion de «L ́émigré» de Youssef Chahine en 1994 (qui raconte la vie du prophète Youssef), en pleine montée de l ́intégrisme religieux dans les pays arabes. Rappelons que la représentation d ́un prophète est limitée à une caméra subjective, comme dans le film Errissala de Mustapha Akkad, où le prophète Mohamed et ses compagnons, Abou Bakr, Ali et Omar, n ́apparaissent pas à l ́écran. Une exigence d'Al Azhar pour délivrer son quitus.