«La religion n´est autre que l´ombre portée de l´univers sur l´intelligence humaine». Victor Hugo Selon le magazine maghrébin Réalités, la chaîne Nessma TV diffusera durant le mois de Ramadhan la cinquième partie du feuilleton syrien à grand succès «Bab El Hara», dont elle vient d´acheter les droits de diffusion. Mais l´information la plus surprenante, c´est la possible diffusion d´un feuilleton iranien «Youssef» qui raconte l´histoire du prophète Joseph. La série Youssef Youzarsif, réalisée par Farajallah Salahshour, est tout simplement le plus grand travail de reconstitution des gens du Livre Sacré, jamais réalisé par un pays. Une mise en scène digne des grands péplums, mais aussi la plus importante distribution de la télévision et du cinéma iraniens. Si l´histoire complète et réelle du prophète ou Youssuf Ibn Yaacoub (le fils de Jacob) est en somme une grande oeuvre, c´est sa reconstitution qui pose problème. Contrairement aux Arabes et plus précisément aux sunnites, les iraniens et plus particulièrement les Chiites, n´ont aucun complexe à mettre en images un prophète inscrit dans les livres saints. Autrement dit, l´image du prophète Youssef sera représentée à l´écran par le comédien Mosatafa Zamani. En Iran, la représentation physique en images, dessins ou photos d´un prophète n´est pas interdite par les autorités, et les portraits géants de l´Imam Ali et ses deux fils Hassen et El Hussein, sont souvent exposés dans les manifestations religieuses chiites d´Al Achoura. Ce n´est pas le cas dans certains pays arabes où la représentation d´un prophète, est limitée à une caméra subjective, comme dans le film Errissala de Mustapha Akkad, où le prophète Mohamed (Qsssl), et ses compagnons, Abou Bakr, Ali et Omar, n´apparaissent pas à l´écran. À l´époque c´est la Mosquée El Azhar, la plus haute autorité musulmane sunnite du monde arabe, qui avait imposé cette mise en images. Et c´est l´Egypte encore, qui avait interdit la diffusion du l´Emigré de Youssef Chahine en 1994 (qui raconte justement la vie du prophète Youssef), en pleine montée de l´intégrisme religieux dans les pays arabes. Le tribunal des référés du Caire, avait, à l´époque, été saisi suite à la plainte d´un avocat islamiste, affirmant que le film «personnifiait le prophète Joseph, enfreignant ainsi une fatwa (avis religieux) officielle datant de 1983». Mais Youssef Chahine, qui était très populaire et courageux et devant le soutien de la communauté internationale, avait fait annuler la décision de justice du Caire. 750.000 spectateurs ont alors regardé L´Emigré en Egypte et n´ont rien dit. Le film a été d´ailleurs projeté au Liban, en Jordanie et en Tunisie et, bien sûr, en France où la polémique a permis à Youcef Chahine de bénéficier d´un prix honorifique lors du 50e anniversaire du Festival de Cannes en 1997. Ainsi, la diffusion par une télévision arabe, qui est regardée sur Nile Sat, d´un feuilleton iranien personnifiant un personnage du Coran, risque une nouvelle fois de créer une polémique, surtout qu´aucune autre télévision arabe n´avait accepté de diffuser cette oeuvre iranienne qui est, sur le plan cinématographique, excellente. Pour l´heure, la direction de Nessma tarde à communiquer son programme de Ramadhan. [email protected]