Poursuivant son périple à travers l'Algérie, «ma terre, ma patrie» lancera Da Mokrane le martyr avant de payer de son sang, sur les planches au théâtre régional de Saïda, «le prix de la liberté». Le TR Kateb Yacine de Tizi Ouzou a présenté dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire de l'Indépendance, la pièce «Azal n Tlelli» ou «Thamane El Houria» du metteur un scène Lyes Mokrab, écrite par Youcef Dirami, et retraçant l'histoire de l'Algérie combattante. «Je refuse de vendre le sang de mes frères. Je préfère nourrir debout que de vivre à genoux et souiller la noble terre de mes aïeux, l'Algérie belle et rebelle», ajoutera Da Mokrane, dénoncé par un traître de voisin pour avoir assisté et caché des «fellagas» et soigné les blessés durant la guerre de libération. «La lutte glorieuse du nif et de la dignité» au grand dam de Nna Titem, sa femme, qui découvrira que le grand chef des maquisards surnommé Si Ouali, n'était autre que son téméraire de mari. La pièce, interprétée par une pléiade de comédiens, dont 12 danseurs ayant admirablement traduit, dans une chorégraphie recherchée signée Sara Bouzar, le texte dit en tamazight, une constante de l'identité nationale, «qui incite à son apprentissage pour mieux rassembler les Algériens» avouera un fervent du 7e art, attentif aux répliques de Tamurt, joué par Nacéra Benyoucef. Le public saïdi, même handicapé par cette contrainte linguistique, a su communier avec la troupe kabyle, « la langue de Molière ayant réussi la jonction, la compréhension du message et la satisfaction des curiosités historiques ». L'assistance, acquise à la cause en dépit de l'absence du tableau relatif à la Toussaint, ovationna les hôtes de la ville des eaux ayant défié la canicule de ce mardi 07 août pour porter le message de la liberté. « Une soirée inoubliable en ce mois d'abstinence mise à profit par la direction de la Culture pour combattre l'indigence culturelle» est-il souligné. Le théâtre d'expression amazighe qui connaît un sursaut, sans cesse renouvelé, « gagnerait un rehaut avec une traduction simultanée», préconise un adepte des planches, «car il invite les enfants d'une patrie à refuser de s'allier à leurs ennemis et prendre soin du berceau longtemps spolié, bien avant le coup de l'éventail du Dey en 1830 ». « Du spectacle pareil, on en redemande encore » espère un insatiable du théâtre, à l'adresse de Faroudja du TR de la ville des genêts.