Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance, le théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou a présenté, jeudi soir, sa nouvelle pièce intitulée Le prix de la liberté. Mise en scène par Lyès Mokrab, d'après un texte de Youcef Dirami, l'œuvre traite de l'histoire de la guerre de Libération nationale et de la période coloniale en général. A travers un jeu scénique époustouflant alliant dramaturgie et chorégraphie, les 14 comédiens de la troupe ont mis en évidence la résistance héroïque du peuple algérien durant la Révolution 1954-1962. Lahlou Ahmed, qui a campé le rôle du martyr, illustre à lui seul la bravoure de ces hommes et femmes qui se sont sacrifiés corps et âme pour le recouvrement de l'indépendance du pays. « Je refuse de m'allier à mes ennemis comme un lâche, je refuse de vendre le sang de mes frères. Je préfère mourir debout dans la tempête de la guerre, que de vivre à genoux à jamais et souiller ma noble terre, terre de mes aïeux et de mon grand-père, l'Algérie, ma terre, ma patrie.» C'est par ces propos que Da Mokrane (Lahlou Ahmed) rétorquait stoïquement à un commando de l'armée française qui tentait de lui arracher vainement des aveux au sujet de ses frères de combat, avant de tomber sous les balles assassines de ses bourreaux. D'autres scènes ont fait la lumière sur la réalité des pratiques abjectes de la France coloniale. La trame de la représentation a ému l'assistance, essentiellement des femmes, qui répliquait à l'expression oratoire et gestuelle des comédiens par des applaudissements, notamment lorsque Benyoucef Nacéra, qui symbolisait tamurt (la patrie) dans la pièce, hissa haut les couleurs nationales sonnant ainsi la fin d'une époque. Pour cette première sortie à domicile, en attendant une tournée nationale annoncée pour ce mois de Ramadhan, les jeunes comédiens du théâtre régional Kateb Yacine ont réussi l'essentiel : renouer le public local avec le 4e art à travers une plongée «historique» dans les dures années de braise de l'oppression française. Le spectacle a été mis en valeur par une scénographie de Nafti Salem, alors que la chorégraphie a été coachée par Sarah Bouzar. Salem Kerrouche et Haddou Hocine ont assuré respectivement l'habit musical et l'assistance à la mise en scène. Artiste, militant de la cause berbère, le metteur en scène de la pièce, Lyès Mokrab, 37 ans, a réalisé plusieurs œuvres théâtrales, dont Tacbaylit (la jarre) de Mohia, Mandole en justice, Arkifat ar k yajeb, Takna (la rivale), Tifi, Tayri d timest. Il a été primé dans plusieurs festivals régionaux et nationaux. Lyès Mokrab est également assistant du metteur en scène Lakhdar Mansouri dans la pièce Ness Mechria, produite par le théâtre régional de Tizi Ouzou en 2011.