En 2011, 200 actes de violence et 26 envahissements de terrain durant les rencontres ont été enregistrés en Tunisie. Les actes de violence qui ont émaillé le match de la Ligue des champions d'Afrique de football entre l'ES Sahel et l'Espérance Tunis s'inscrivent dans une logique implacable des événements qui secouent la Tunisie post-Ben Ali. En effet, et au-delà de l'aspect purement sportif qui a caractérisé ces débordements, il ne faut pas les dissocier de l'ambiance générale en Tunisie et qui tourne à l'émeute. Les faits : samedi dernier, à Sousse, la rencontre opposant l'ES Sahel à Espérance Tunis (0-2) est interrompue, une première fois, à la 41e minute. Le match sera définitivement arrêté à la 70e minute après le deuxième but de l'EST suite à des jets de projectiles et un envahissement de terrain. La police tire des grenades lacrymogènes, charge et évacue le terrain. Pourtant, et devant l'éventualité de tels actes, les deux équipes avaient convenu de n'autoriser que les supporters locaux à assister à cette rencontre. Un rendu pour un prêté puisque le match aller avait connu la même physionomie. Ce énième incident a amené les responsables du football tunisien à réagir. Ainsi, Jalel Tekaya, conseiller auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports, a déclaré au lendemain de la rencontre que le reste du championnat tunisien de football de Ligue 1 se poursuivra à huis clos «pour éviter tout autre dépassement». De son côté, le coach de l'ES Tunis, Nabil Maâloul, a estimé que le retour du public dans les stades n'était pas possible pour le moment. Le technicien tunisien dénonce un noyau de supporters «sans aucune conscience» et interpelle les responsables du football tunisien, la fédération et l'autorité de tutelle. En mars dernier, Tarek Dhiab, l'ancienne star des pelouses tunisiennes et actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, a dressé un sévère réquisitoire contre la violence dans le sport. «Le sport tunisien a atteint un point de non-retour à cause de la violence», avait-il affirmé. Ali Laaryadh, ministre de l'Intérieur, a souligné que le phénomène de la violence dans les espaces sportifs cause non seulement de lourds dégâts matériels et humains mais peut également ancrer chez les jeunes générations de la haine et de la rancœur. Afin de lutter contre ce phénomène, le ministre a suggéré de renforcer la sécurité à l'intérieur des espaces sportifs, d'améliorer leur champ d'intervention afin qu'ils soient plus rapides et multiplier les points de contrôle par l'installation de caméras dans tout le stade. Ce déferlement de violence dans les enceintes sportives a été également le lot du football algérien avec des matches qui ont failli tourner au meurtre. En Egypte, au moins 74 personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées dans des violences après un match de football entre Al-Ahly et Al-Masry à Port-Saïd, amenant l'armée à se déployer dans la ville. Des supporteurs se sont affrontés à coups de poing, et selon des sources médicales, plusieurs sont morts ou ont été blessés à l'arme blanche. Les heurts ont commencé après que l'arbitre eut sifflé la fin du match au cours duquel Al-Masry a fait subir à Al-Ahly, un des meilleurs clubs d'Egypte, sa première défaite (3-1) de la saison, à la 17e journée du championnat national. Des centaines de supporteurs d'Al-Masry, un club de Port-Saïd, ont envahi le terrain et ont commencé à lancer des pierres et des bouteilles contre ceux d'Al-Ahly. Les services de sécurité ont assuré que les policiers anti-émeutes étaient présents en nombre suffisant, mais qu'ils n'ont pas voulu s'interposer en raison de consignes de modération diffusées après des manifestations meurtrières au Caire en novembre et décembre derniers. Des heurts s'étaient déjà produits le 6 septembre dans un stade du Caire entre la police et des partisans de Al-Ahly qui lançaient des slogans hostiles à l'ex-président Moubarak. Près de 80 personnes avaient été blessées.