Le compte à rebours est lancé pour le coup d'envoi du troisième championnat professionnel de football en Algérie, prévu ce week-end. Mais si cette pratique sportive est censée rapprocher les peuples et garantir le spectacle à travers le strict respect des valeurs sportives et du fair-play, il n'en demeure pas moins qu'en Algérie, le football est devenu un exercice «dangereux» miné par la violence, l'insécurité, le jeu de coulisses, l'indiscipline des joueurs et l'incapacité de gestion de la majorité des dirigeants et ce, en l'absence d'expertises financières. C'est pour cette raison d'ailleurs que le poste de président de club en Algérie est extrêmement prisé au détriment de toute autre considération. Cette année, la récente décision des hautes autorités algériennes à vouloir revenir à la réforme sportive de la fin des années 70, a été bien accueillie par la majorité des sportifs. Or, si l'Etat veut réellement sauver les grands clubs de l'emprise de la mauvaise gestion et notamment à travers l'investissement des grandes entreprises étatiques, il va falloir qu'il y ait des conditions claires, des exigences de transparence et une bonne gestion fixée à l'avance. Il faudra également des compétences à tous les niveaux, du PDG de la société jusqu'au président du comité de supporters. Le déclin du sport roi en Algérie est à l'image de la société. Les règles les plus fondamentales sont bafouées, quitte à débourser sans compter pour espérer gagner des titres ou, à l'inverse, pour assurer le maintien. Cet enjeu de taille, souvent justifié par les exigences des supporters, a contribué d'une manière presque directe à «tuer» le vrai objectif assigné dans l'organisation d'un championnat national, à savoir dégager une sélection nationale compétitive qui reflète réellement le niveau footballistique dans son pays. LA POLEMIQUE SONATRACH La volonté affichée cet été par l'Etat algérien à vouloir réinvestir dans le sport national, et plus particulièrement en football, est motivée par le faible niveau découlant du déclin graduel qui est en train de marquer cette discipline, que ce soit en championnats nationaux, ou sur le plan international. Pour espérer réussir cette mission de sauvetage, l'Etat a décidé d'envoyer sur le terrain son principal «représentant» économique qui n'est autre que la grosse entreprise d'hydrocarbures, Sonatrach en l'occurrence. Ainsi, et en fonction d'un équilibrage régional, mais sans trop d'arguments, quatre clubs seulement bénéficieront du soutien de la filière pétrolière, le MCA, le MCO, le CSC et la JSS. Cela dit, si, dans le fond, la décision paraît intéressante et permettra à ces clubs de mieux tenir la route en cette période de vaches maigres, dans la forme, la décision reste injuste, car pourquoi privilégie-t-on ces clubs par rapport à d'autres ? Evidemment, cette mesure n'a pas été appréciée par les dirigeants des autres clubs professionnels, revendiquant eux aussi leur part du gâteau. Cela a, bien sûr, provoqué une certaine polémique, allant jusqu'à brandir la menace du boycott par le Forum des clubs professionnels, qui a obtenu gain de cause en renvoyant d'une semaine le coup d'envoi du championnat. LES ASSURANCES DU NOUVEAU MJS Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, se veut rassurant quant à l'avenir du sport en Algérie et particulièrement le football. Lors de sa première sortie médiatique, il a promis d'accompagner les clubs professionnels en concrétisant les décisions issues du Conseil interministériel et ce, pour l'application effective du professionnalisme et l'amélioration du niveau du football algérien. Le ministre a même divulgué les grands axes de sa stratégie par laquelle il voudrait promouvoir le sport algérien à même de rivaliser avec les pays développés. Sa démarche est relative à la lenteur constatée dans l'application du professionnalisme. Il est vrai que les mesures d'accompagnement décidées par l'Etat algérien en mai 2010 n'ont pas été concrétisées, surtout en ce qui concerne les centres de formation. Toujours est-il que la mentalité quasi chronique de la majorité des dirigeants à vouloir s'auto-approprier les clubs, n'a pas aidé dans ce sens, ce qui fait que les investisseurs publics et privés ne se bousculent pas au portillon. LE TITRE POUR LES UNS, LE MAINTIEN POUR LES AUTRES Les seize clubs engagés dans cette troisième expérience professionnelle en Algérie ont effectué une préparation selon les moyens de bord. Il y a ceux qui ont été très actifs dans le traditionnel marché des transferts, engageant des joueurs talentueux et un staff technique à priori valable, tandis que d'autres ont été fidèles à leur politique de rajeunissement en lançant dans le bain plusieurs jeunes joueurs prometteurs. Pour ce qui est de la préparation d'intersaison, la Tunisie reste toujours la destination préférée de nos équipes, vu la disponibilité des infrastructures sportives et hôtelières, ainsi que les moyens de récupération et de détente. Ainsi, et afin de conserver son titre, l'Entente de Sétif s'est renforcée par de nouveaux éléments d'expérience. Comme la saison passée, l'ESS a enregistré le départ de ses principaux titulaires, à l'image de Benmoussa et Hachoud. L'entraîneur français, Hubet Velud, dont c'est la première expérience en Algérie, nourrit de grandes ambitions et veut faire de l'ESS une machine à gagner. Par ailleurs, des outsiders comme la JSMB, le CRB et l'USMH ont eux aussi l'intention de viser haut cette fois-ci, au lieu de se contenter des rôles secondaires. Ces équipes seront obligées de cravacher dur pour s'imposer en championnat au vu de la rude concurrence. En tous les cas, la réussite des stages et le nombre des matches amicaux disputés, que ce soit ici en Algérie ou à l'étranger, nous permettent de dire, sans risque d'équivoque, que ces équipes sont prêtes à relever le défi. De son côté, l'ASO qui a vécu une véritable mésaventure en Ligue des champions d'Afrique, sera appelée à rectifier le tir en championnat. L'entraîneur Belhout n'aura pas la tâche facile et sera dans l'obligation de remobiliser ses troupes pour espérer réaliser un bon parcours, aussi bien en championnat qu'en coupe d'Algérie. Outre la formation chélifienne, la JSK, le MCA, le WAT et le MCO ont également une réputation à défendre. Après une saison 2011-2012 complètement ratée, ces équipes sont appelées à répondre aux exigences de leurs supporters qui rêvent de titres. Toujours est-il que la rentrée sportive s'annonce difficile pour le Mouloudia d'Oran, notamment en raison de la grande confusion qui règne ces dernières semaines au sein de la direction du club. Dans le registre des favoris, on pense que des équipes comme l'USMA et le CSC auront leur mot à dire cette saison. Après avoir mis le paquet pour renforcer leurs effectifs, les dirigeants des ces clubs ont fait appel à des entraîneurs étrangers, très connus sur le plan international, à l'image de Roger Lemerre (CSC), qui a longtemps hésité avant de répondre favorablement aux chants des sirènes constantinoises. Selon toute vraisemblance, ces équipes auront à exercer une supériorité en apparence évidente. De leur côté, les promus la JSS, l'USMBA et le CABBA tenteront surtout de réaliser un parcours honorable avec, à la clé, deux objectifs majeurs, à savoir assurer le maintien et former une équipe d'avenir. Enfin, le CAB et le MCEE devront faire preuve d'ambition pour espérer suivre le rythme qui sera imposé par les grosses cylindrées. LE TECHNICIEN ETRANGER DE PLUS EN PLUS PRISE Jamais le championnat d'Algérie de Ligue 1 n'a enregistré la présence autant d'entraîneurs étrangers au cours d'une même saison. Ils sont désormais huit techniciens étrangers à exercer parmi l'élite, lors de l'exercice 2012-2013. Cela ne peut s'expliquer que par l'enjeu financier motivant pour ces entraîneurs qui, en plus de la médiatisation, le prestige et l'absence d'impôts, perçoivent des super-salaires versés par des dirigeants de clubs qui n'hésitent pas à casser leurs tirelires, mais qui, paradoxalement, se plaignent tout au long de la saison de la crise financière. Il faut dire que l'USMA a engagé, cet été, son troisième entraîneur étranger en l'espace de deux ans. C'est sur le technicien argentin, Angel Miguel Gamondi, que le choix des dirigeants usmistes s'est porté. A Sétif, l'entraîneur Hubert Velud, l'ancien sélectionneur du Togo, aura pour mission de mener l'ESS aux sommets, vu que l'Entente participera à la Ligue des champions d'Afrique. Mais de l'avis des spécialistes, c'est le CSC qui a créé la grosse surprise en s'attachant les services de Roger Lemerre, champion d'Europe avec la France en 2000 et champion d'Afrique avec la Tunisie en 2004. Aussi, le CRB n'a pas dérogé à la règle en engageant l'Italo-Suisse, Guglielmo Arena, en remplacement de Djamel Menad qui, lui, avait succédé à l'Italien Gianni Solinas au milieu de la saison dernière. Pour sa part, la JSK, qui envisage de revoir ses ambitions à la hausse, a fait appel à l'Italien Enrico Fabbro. Cette tendance de confier les commandes techniques à des entraîneurs étrangers connaît une effervescence sans précédent et ce, même chez les clubs des divisions inférieures. C'EST DEJA LA VALSE DES ENTRAINEURS ! Si le WAT (Amrani Abdelkader), la JSMB (Alain Michel) et l'USMH (Boualem Charef) ont renouvelé leur confiance aux entraîneurs de la saison passée, toutes les autres équipes ont procédé à des changements dans l'encadrement technique. Pire encore, certains dirigeants de clubs ont même trouvé un malin plaisir à limoger leurs entraîneurs en pleine préparation d'intersaison. Comme ce fut le cas avec le MCA qui a enregistré la venue d'un deuxième entraîneur étranger cet été, le Français Jean Paul Rabier en l'occurrence, succédant ainsi à son compatriote Patrick Leiwig, démis de ses fonctions au bout de quelques semaines seulement de travail. C'est le cas également du MCO qui s'est séparé de l'entraîneur belge, Luc Eymael, lequel a eu le mérite de regrouper l'effectif et d'entamer la préparation avant d'être remplacé au pied levé par le Suisse Raoul Savoy, qui avait contribué au maintien du Mouloudia en Ligue 1. C'est dire que les dirigeants des deux clubs, tout en péchant dans une instabilité habituelle, restent fidèles à l'option étrangère. Par contre, au CAB, et malgré le départ de Latreche juste avant la reprise des entraînements, les dirigeants du Chabab ont fait appel à Bouarata, qui devrait sans surprise entamer le championnat avec le CAB. Dans ce sens, on ne cessera jamais de répéter que la valse des entraîneurs ne permettra jamais à notre football national de se développer et de connaître son véritable essor, si l'on n'y met pas fin sans tarder. Il faut rappeler que pas moins de 21 entraîneurs de la Ligue 1 qui, pourtant compte 16 équipes, ont été limogés ou ont été contraints de par la situation du club de plier bagage la saison écoulée, alors que la saison n'en était qu'à sa moitié.