Que le gouvernement soit de gauche ou de droite, la justice française ne badine pas avec les agressions à caractère antisémite. Le 19 septembre, un engin explosif «de faible puissance» a été lancé dans une épicerie casher de Sarcelles, au nord de Paris. Moins de deux semaines plus tard, et après que toutes les polices de France soient mobilisées, suite à la réaction de la communauté juive, une opération menée simultanément, dans plusieurs villes de France, dans les milieux salafistes s'est soldée par la mort d'un homme et l'interpellation d'une dizaine d'autres. Un homme armé et «qualifié de dangereux» a été arrêté dans la banlieue de Paris et un autre interpellé à Cannes. Hier, l'arrestation d'un suspect dans son domicile à Strasbourg a mal tourné et la version policière évoque la légitime défense. Selon les premiers éléments de l'enquête, les policiers qui ont investi la maison d'un suspect ont essuyé des tirs et ont dû riposter, touchant mortellement l'homme. Sa compagne a été interpellée. Trois policiers ont été légèrement blessés. Ne voulant certainement pas revivre le scénario de Toulouse, la police française s'est rapidement focalisée sur les milieux salafistes et l'enquête ouverte initialement par le parquet de Pontoise (nord-ouest de Paris) a été transmise, il y a quelques jours, au parquet antiterroriste qui a confié l'enquête à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et à la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire. Cette rafle survient après l'attentat de Sarcelles, lié quant à lui, aux manifestations islamistes qui ont éclaté pour protester contre le film islamophobe «Innocence of Muslim». Des slogans antisémites avaient été scandés, lors d'un rassemblement non autorisé près de l'ambassade des Etats-Unis à Paris. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avait redouté que l'attaque de Sarcelles ait un lien avec la diffusion de ce film. Interrogé sur la volonté du groupe de mener d'autres attaques, contre des lieux fréquentés par la communauté juive, notamment, une source proche de l'enquête a appelé à la prudence tout en relevant que les suspects avaient une «liste d'objectifs». Les dernières descentes dans les milieux islamistes «radicaux» ont eu lieu en avril dernier, au plus fort de la médiation de l'affaire Merah. Une dizaine de présumés djihadistes ont été ainsi arrêtés dans plusieurs villes de France, lors d'une opération policière visant des suspects susceptibles de s'être rendu en Afghanistan ou au Pakistan ou de vouloir s'y rendre pour mener le djihad. En quelque sorte, des arrestations préventives dont la médiatisation a été critiquée par plusieurs candidats à l'Elysée, à l'époque. Lors de ce coup de filet, la police est notamment intervenue à Roubaix et à Marseille, alors que d'autres interventions ont également eu lieu à Carpentras (Vaucluse), à Valence, à Pau et dans le Lot-et-Garonne, selon une source policière. Des perquisitions ont eu lieu au domicile des personnes interpellées, et du matériel informatique a été saisi, selon une source judiciaire. Une semaine auparavant, treize membres présumés du groupuscule salafiste Forsane Alizza', soupçonnés d'association de malfaiteurs, en relation avec une entreprise terroriste et d'acquisition, de détention et de transport d'armes, ont été interpellés et mis en examen.