Un bulletin d'alerte de la FAO daté du 12 octobre dernier a été transmis cette semaine à plusieurs pays sahéliens, ainsi qu'à l'Algérie, les prévenant d'une invasion acridienne imminente si des mesures préventives urgentes ne sont pas prises. A l'INPV d'El Harrach et dans les stations du sud du pays, tout le monde est sur le pied de guerre, ont indiqué au journal le Quotidien d'Oran des agronomes. La menace est potentielle, et le bulletin d'alerte de l'organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture est classé 'urgent''. Selon ce bulletin 'des essaims de Criquets pèlerins sont présents au Tchad et devraient commencer à se former sous peu au Niger et au Mali. On s'attend à ce que ces essaims se déplacent vers l'Afrique du Nord-Ouest au cours des prochaines semaines''. La FAO poursuit que 'bien que les conditions écologiques exceptionnellement favorables aient permis deux générations de reproduction cet été, les pluies ont pris fin et la végétation est en cours de dessèchement''. Dés lors, 'cela entraînera une concentration et un regroupement des effectifs acridiens dans les zones du Sahel encore vertes puis la formation de bandes larvaires et d'essaims le reste du mois et en novembre.'' Les premières signalisations de bandes larvaires sont localisées au Niger, en Mauritanie, au Tchad, alors qu'au Mali la situation est moins claire en raison de l'insécurité qui y règne''. Au Tchad plus exactement, d'où la menace pourrait se déplacer, 'des essaims immatures et des bandes larvaires sont présents dans le nord-est, près de Fada, où des opérations de lutte sont en cours. Des bandes larvaires et des essaims ont également été signalés plus à l'ouest, près de Kouba Oulanga'', indique l'organisation onusienne. Selon la FAO, les essaims de criquets pèlerins devraient atteindre l'Algérie, du moins les régions de l'extrême sud vers la seconde quinzaine du mois d'octobre si rien n'a été fait en matière de lutte antiacridienne. 'Une fois les essaims formés, on s'attend à ce qu'ils se déplacent vers le Nord et l'Ouest à partir du Mali, du Niger et du Tchad et arrivent dans l'ouest et le centre de la Libye, le sud et le centre de l'Algérie et le nord-ouest de la Mauritanie au cours de la seconde quinzaine d'octobre'', note la FAO selon laquelle 'certains essaims pourraient atteindre l'ouest de l'Algérie, le sud du Maroc et le Sahara occidental''. Ces essaims iront dans les zones recevant des pluies, y effectueront leur maturation et pondront vers décembre. ALERTE MAXIMUM 'Tous les pays de la Région devraient être en alerte maximum à partir de maintenant'', rappelle la FAO qui précise que 'l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Mauritanie devraient prendre immédiatement les précautions nécessaires pour se préparer aux opérations de prospection et de lutte''. Au Mali, au Niger et au Tchad, 'tous les efforts devraient se poursuivre pour maintenir et renforcer les opérations de prospection et de lutte dans les zones infestées'', ajoute le bulletin d'alerte de la FAO. Selon le ministère de l'agriculture, toutes les dispositions ont été prises, côté algérien, pour lutter contre la menace acridienne et empêcher que les premiers essaims n'atteignent le pays à partir de Tamanrasset, et El Oued notamment. Des images satellites sont exploitées par les équipes techniques de l'INPV pour suivre la formation de ces essaims dans les oueds, dans les régions du sahara et des pays voisins. Un dispositif assez important a été mis en place, selon des sources proches du ministère de l'agriculture, pour éviter que les premiers essaims ne se forment près des frontières algériennes.'' Si on trouve des éclaireurs, on doit s'attendre à un premier groupe de criquets qui va infester et s'installer dans la région. Pour le moment, nous n'avons pas encore rencontré d'éclaireurs'', selon une source proche des services techniques de lutte antiacridienne dans le sud du pays. 'La prospection est opérationnelle. Nous effectuons des prospections en permanence même s'il n'y a pas d'alerte durant toute d'année. Mais en cas d'alerte, on doit renforcer surtout les unités de traitement'', a-t-elle ajouté sous le couvert de l'anonymat. Entre juillet et août derniers, des traitements de petites surfaces ont été effectués dans le sud du pays, mais beaucoup plus à titre préventif, avait alors indiqué un communiqué de l'INPV. La dernière grande invasion du criquet pèlerin en Afrique avait été enregistrée entre septembre 2003 et juillet 2004. Près de 65 000 km2 avaient été dévorés par les criquets pélerins sur une large bande constituée de neuf pays du Sahel et du Maghreb (Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Algérie, Libye, Maroc, Tunisie).