Le gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Laksaci a évoqué, hier, devant les députés, les grandes tendances de l'économie nationale en 2011 et au cours du 1er semestre 2012. Constat: l'économie nationale recule, les exportations d'hydrocarbures y compris. La situation financière globale de l'Algérie s'est consolidée au cours du 1er semestre 2012, et l'Algérie, grâce à une politique financière prudentielle, a pu amortir le choc de la crise financière internationale, notamment la crise de la dette dans la zone euro. Ainsi, les réserves de change de l'Algérie se sont établies à 186,32 milliards de dollars contre 182,22 milliards de dollars à fin 2011. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed laksaci, a souligné «la solidité» de la situation financière de l'Algérie au cours du dernier semestre, lors de la présentation devant l'Assemblée nationale du rapport de conjoncture économique et monétaire de l'Algérie en 2011. En outre, M. Laksaci a souligné que la dette extérieure globale à court et moyen terme du pays a été ramenée à 3,99 milliards de dollars à la fin du 1er semestre 2012 contre 4,4 milliards de dollars à fin 2011. Sur le plan financier, l'Algérie est classée parmi les pays à forte solidité macro-économique, a-t-il dit devant les députés. Ces bonnes performances financières, selon M. Laksaci, sont le résultat de la hausse du cours du baril de pétrole, vendu en moyenne à 113,37 dollars au cours du 1er semestre 2012 contre 112,92 dollars durant la même période en 2011. Ces niveaux de prix du brut sur les marchés internationaux ont permis aux exportations algériennes d'atteindre les 37,50 milliards de dollars au premier semestre 2012, en hausse de 4,05 mds de dollars par rapport à la même période en 2011. Par contre, les exportations hors hydrocarbures ont augmenté de 25,77% à 1,22 milliard de dollars contre 970 millions de dollars à fin 2010. M. Laksaci a, par ailleurs, relevé la hausse de 3,5% à 23,90 milliards de dollars des importations algériennes au cours du 1er semestre 2012, contre 23,09 mds de dollars au cours de la même période en 2011. Cette hausse des importations est le résultat, selon lui, de la forte progression des achats à l'international de produits de consommation non alimentaires, alors que les importations de produits alimentaires et d'équipements industrielles ont reculé de 11,9% et de 16,7%. LE DINAR S'EST APPRECIE EN 2011 En 2011, les exportations d'hydrocarbures ont reculé de 4,89% à 71,66 milliards de dollars avec des niveaux de prix de 112,94 dollars/baril contre 80,15 dollars/baril en 2010. Quant aux importations, elles se sont établies à 44,94 mds de dollars à fin 2011, en hausse de 15,56% par rapport à 2010. Dès lors, l'excédent commercial algérien s'est établi à 19,7 mds de dollars en 2011 contre 12,15 mds de dollars en 2010, selon M. Laksaci. Concernant la parité du dinar algérien, celui-ci se négociait un peu mieux face à l'euro à la fin juin 2012, comparativement à la même période en 2011, son cours moyen s'étant amélioré de 0,43%, alors que la parité face au dollar américain s'est nettement détériorée, baissant de 2,82%. Et, au cours du dernier semestre, le cours officiel du dinar s'est apprécié de 2,27, selon M. Laksaci. Revenant sur l'inflation, il a relevé qu'elle a explosé pour atteindre 7,29% à fin juin dernier contre 3,5 % au cours de la même période en 2011, une conséquence, selon lui, de la hausse vertigineuse des prix de produits de base à partir de la fin de l'année 2011. Pour autant, le gouverneur de la Banque d'Algérie a averti contre les mauvaises performances de l'économie nationale, dont la croissance a reculé en 2011 à 2,4% contre 3,4% en 2010, du fait de la faiblesse du secteur du BTP, en dépit des bonnes performances du secteur agricole et des services. Cette situation a influé négativement sur la croissance économique qui a reculé à 5,2% en 2011 hors hydrocarbures contre une croissance de 6% en 2010. La non-diversification des exportations algériennes couplée à de piètres performances économiques sont de nature à exposer les grandes tendances macro-économique de l'Algérie aux dangers externes, notamment une plus grande permissivité aux effets de la crise économique et financière qui touche actuellement de plein fouet la zone euro. LES DEPUTES CONTRE LE MARCHE NOIR Par ailleurs, M. Laksaci a été interpellé par quelques députés dans la séance de la matinée sur le marché parallèle des devises. Un député du FJD a vertement tancé le gouverneur de la BA, estimant que 'la légalisation du marché parallèle des devises est un feu vert pour la mafia du blanchiment d'argent et une reconnaissance de la fraude et un moyen de repousser les investisseurs étrangers qui ne font pas confiance à une monnaie à deux valeurs», estimant que «la tolérance vis-à-vis de ce marché - au moment où la lutte contre les autres marchés informels bat son plein - représente l'absence d'une vision stratégique de la gestion financière». Les débats autour du rapport de conjoncture 2011 du gouverneur de la Banque d'Algérie sont prévus aujourd'hui mardi. Il est fort probable qu'ils vont se focaliser sur le dossier du marché noir des devises après les déclarations du ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia samedi dernier pour qui le marché parallèle du change ne doit pas être interdit. «Les citoyens y trouvent leur compte», a-t-il assuré. Immédiatement après, Mahi Lhelil, président de la commission des finances à l'APN, a assuré que le gouverneur de la Banque d'Algérie sera interpellé sur cette question lors de la présentation de son rapport de conjoncture annuelle.