« Les commerçants semblent oublier que nos modestes bourses ont été durement éprouvées par les achats de l'Aïd et que nous ne pouvons plus supporter la cherté de leurs produits ! », s'est plainte, hier, une ménagère rencontrée à l'entrée du marché Boumezzou au centre-ville de Constantine. En effet, la bonne femme conçoit mal que la pomme de terre soit vendue encore à 70 dinars le kilo, que l'oignon le soit au même tarif et la tomate à 100 dinars. En faisant le tour des étals, nous avons fini par comprendre la colère de cette ménagère car on venait de constater que la mercuriale de l'après Aïd et du long dernier week-end ressemble comme une sœur à celle d'avant la fête religieuse, censée pourtant inspirer les croyants en matière de mansuétude et de retenue. En effet, si les prix des viandes rouges et blanches qui restent plafonnés à 700 et 800 dinars pour celle du veau (1.100 à 1.200 pour la viande sans os) et le poulet à 330 dinars le kilo ne suscitent pas encore de commentaires étant donné que les citoyens n'ont pas encore consommé entièrement celle du sacrifice, les prix des autres légumes et surtout ceux des fruits provoquent l'indignation du fait qu'ils sont inaccessibles. Ainsi, en cette moitié de l'automne, les fruits d'arrière saison comme le raisin blanc et la poire connaissent une envolée. Le premier est proposé à 250 dinars le kilo (prix uniforme dans les trois marchés du centre-ville) et la seconde à 220 dinars. Ajoutez à cela la pomme à 180 DA, les bananes à 150, le poivron à 100, les courgettes à 100, les petits pois dont c'est la primeur à 180 DA et enfin le citron, importé d'Argentine, à 400 dinars le kilo et essayez de trouver votre compte ! « Les prix des fruits et des légumes suivent le niveau de vie », a commenté hier un marchand au marché des frères Bettou, en affirmant qu'il n'est pas juste que les salaires des travailleurs augmentent à chaque fois et que les prix des fruits et légumes restent au même niveau. Au cours de notre discussion, ce marchand avancera pourtant d'autres explications au renchérissement des prix en indiquant que les marchés ne sont pas encore bien approvisionnés par les récoltes de certaines wilayas du Sud, qui alimentent presque toute l'Algérie. Ajoutez encore, dit-il, que les grossistes venant de certaines wilayas qui entourent la capitale se présentent aux producteurs et raflent toute la marchandise en offrant des prix plus attractifs. « Nous à Constantine, nous ne sommes pas en mesure d'en faire de même en achetant de grosses quantités à des prix aussi élevés ». Et puis, ajoute encore notre marchand, il n'y a plus de travailleurs saisonniers dans notre région et des producteurs des wilayas de l'Est sont obligés de ramener, pour la cueillette des légumes, des ouvriers de la région ouest, notamment de Mascara, pour faire le travail. C'est pour cela que leurs prix de gros sont élevés et ils se répercutent sur les prix au détail. A la fin de la discussion, le commerçant a voulu conclure sur quelque chose de rassurant en disant que, ces derniers jours, il y une tendance à la baisse qui commence à se dessiner. Attendons pour voir.