«A travers les élections locales du 29 novembre, le pouvoir vient d'apporter une réponse de plus quant à sa volonté de soumettre le pays en fermant le jeu politique par la corruption et l'abus d'autorité». C'est en ces termes que le président du RCD, Mohssene Belabès, a résumé le scrutin de jeudi dernier à l'occasion d'une conférence de presse organisée hier au siège du parti à El-Biar, Alger. «Ce choix est dangereux, cette voie est sans issue», a-t-il encore averti en soulignant que désormais le pouvoir assume publiquement la fraude en faisant référence à la déclaration du ministre de l'Intérieur selon laquelle le fichier électoral n'est pas assaini et que les militaires voteront par procuration alors que, selon le conférencier, les corps constitués ont voté normalement dans les bureaux de vote. «Le seul endroit d'Algérie où la fraude n'a pas pu être massive et systématique, malgré le vote des corps constitués, c'est la Kabylie», a déclaré le président du RCD qui rend hommage par ailleurs aux citoyens de la commune de Haizer dans la wilaya de Bouira qui ont, dit-il, empêché les militaires en stationnement dans cette région d'aller voter. «Ciblé, attaqué et stigmatisé, le RCD s'honore d'avoir, pour l'essentiel, préservé ses positions grâce au dévouement héroïque de ses militants qui ont animé une campagne de proximité permanente en dépit des entraves de l'administration», ajoute le responsable du Rassemblement pour la culture et la démocratie qui note que la participation de son parti à ce scrutin avait un objectif, à savoir «démontrer que des militants animés par une conviction personnelle, fidèles à un projet alternatif démocratique peuvent se battre et honorer leur mandat». Pour le RCD, seule une alternative patiemment construite sur des critères clairs, cohérents et qui se distinguent de la dynamique de régression politique, morale et sociale, peut sauver le pays. «Ce scrutin est la manifestation d'une stratégie suicidaire», a encore ajouté le conférencier qui soutient que tous les observateurs ont noté la détermination du pouvoir à promouvoir la délinquance et l'incompétence à travers ses listes, aggravant les risques d'une déstabilisation nationale. Cette «déstabilisation» serait imminente estime M. Belabès qui ne donnera cependant pas d'autres indications quand il a été interrogé par les journalistes. Cette élection, analyse le conférencier, est la démonstration d'une précipitation d'un désastre annoncé. «Le pouvoir ne tire aucune leçon de ses échecs», dira le président du RCD qui remonte à 1997 pour décocher des flèches empoisonnées à l'adresse du RND, sans le nommer. «En 1997, la création d'un parti politique composé d'opportunistes et de repris de justice s'est vu offrir, trois mois plus tard, une majorité aux législatives et aux locales», souligne le nouveau président du RCD qui soutient que ce parti «déchiré par des appétits insatiables, miné par des ambitions clientélistes, finira comme toutes les aberrations politiques dans la poubelle de l'histoire». «Les élections du 29 novembre sont à la fois une opération de domestication nationale et un message d'alerte pour le peuple», estime encore le premier responsable du RCD qui assure par ailleurs que «dans cet océan de boue et d'indignité, le RCD assure les Algériens et les Algériennes que les municipalités qu'il dirigera seront un espace de transparence, de rigueur et de solidarité». Interrogé sur l'éventualité de contracter des alliances avec d'autres partis politiques pour gérer les communes, Belabès affirme que cela est inévitable et que les tractions commenceront dès aujourd'hui. Il soutiendra dans le même cadre que son parti arrive en tête dans 31 communes dans la wilaya de Tizi Ouzou alors qu'il occupe la deuxième position à Béjaïa. «Le RCD est un parti qui a ses valeurs et ses objectifs. Son histoire et son parcours lui commandent de toujours dépasser les enjeux conjoncturels pour consolider la voie qui mène à l'instauration d'un Etat de droit», lit-on dans une déclaration de ce parti qui a refusé à la journaliste du «Temps d'Algérie» d'assister à la conférence de presse pour des raisons inconnues.