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Crise politique malienne: la bouteille à l'encre
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 12 - 2012

Au Mali, comme annoncé par le porte-parole de l'ex-junte miliaire après la « démission » mardi matin du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, le président intérimaire du pays Dioncounda Traoré a nommé quelques heures après un nouveau chef du gouvernement en la personne de Diango Sissoko.
Le nouveau Premier ministre malien, un grand commis de l'Etat que l'on présente comme étant neutre à l'égard du président intérimaire, du Premier ministre démis et du chef des putschistes du 22 mars, le capitaine Sanogo, a peu après sa nomination déclaré que «la priorité c'est la récupération du Nord et l'organisation d'élections», en ajoutant qu'il veut faire «un gouvernement d'union nationale». Apparemment, son choix a été négocié entre le président Traoré et le chef de l'ex-junte militaire, le capitaine Sanogo, tous deux ayant été d'accord pour l'éviction de Cheick Modibo Diarra.
La situation à Bamako ne s'en clarifie pas pour autant tant il y a de zones d'ombre dans les événements intervenus au Mali depuis lundi soir. Le nouveau rééquilibrage du rapport de force qui vient de se produire ne renseigne nullement sur l'option pour laquelle il va être opté pour faire face à la crise politique et sécuritaire dans laquelle le pays se débat.
Le capitaine Sanogo vient de faire la démonstration que la junte qu'il dirige est toujours en capacité d'imposer sa politique et ses actes au pouvoir civil que préside Dioncounda Traoré. Que veut cette junte miliaire ? A croire ce que son porte-parole a déclaré dans l'entretien qu'il a accordé mardi à notre consoeur Salima Tlemçani du journal El Watan, elle est contre l'intervention militaire « étrangère » au Mali que ce soit sous la bannière de la CEDEAO ou toute autre puissance étrangère. Selon ce porte-parole, la reconquête du nord du pays incombe a l'armée nationale du pays qui doit pour cela bénéficier d'une aide internationale purement logistique et matérielle. Sur les « concertations internationales » interrompues la veille de la « démission » de Cheick Modibo Diarra, le porte-parole de Sanogo a affirmé que les militaires maliens ne sont pas contre mais au contraire «convaincus que seul un dialogue serein et sincère pourra résoudre la crise». Ce qui, a-t-il affirmé, n'a pas été la priorité pour l'ex-Premier ministre, ni celle non plus du président intérimaire Dioncounda Traoré.
Bokary Mariko, le porte-parole de l'ex-junte, a livré quelques « vérités » à notre consoeur sur le rôle de la France et de l'ex-président Nicolas Sarkozy dans les événements ayant conduit à la déstabilisation du Mali qui sont d'une gravité extrême si elles s'avèrent exactes. Selon lui, l'ex-président français aurait promis au MNLA un Etat touareg, l'Azawad, au nord du Mali en contrepartie de la défection de ses hommes de l'armée libyenne.
L'ex-junte semble être revenue sur le devant de la scène malienne pour exiger du pouvoir civile l'application d'une « feuille de route » faisant nécessité le retour de la confiance au Mali entre l'institution militaire et ce pouvoir civil. La junte estimant, selon son porte-parole, que la « paix au Mali ne peut se construire sans un Etat fort ». C'est l'objectif qu'elle assigne « aux concertations nationales » dont ce même porte-parole a annoncé mardi qu'elles débuteront incessamment.
Les explications fournies par les militaires sur les raisons et le sens des événements qui ont abouti à la démission de Cheick Modibo Diarra n'ont apparemment pas été convaincantes pour certains acteurs nationaux dont le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR), une coalition d'une quarantaine de partis opposés au coup d'Etat du 22 mars au Mali et favorables à une intervention militaire étrangère. Pas plus pour l'ONU, la France et les Etats-Unis. L'ONU a même renouvelé ses menaces de « sanctions ciblées » contre les ex-putschistes et Ban Ki-moon s'est déclaré, quant à lui, « troublé » par le coup de force au Mali dont le Nord est aux mains d'islamistes armés. Autant dire que la situation au Mali est loin de la décantation et de la clarification quant à ce qu'il faut faire pour aller à la solution de sa crise nationale.


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