La démission surprise hier du Premier ministre, Cheik Modibo Diarra, arrêté par des militaires et placé en résidence surveillée, rajoute à la crise que vit le Mali depuis le coup d'Etat du 22 mars 2012, qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré. C'est l'auteur de ce putsch, le capitaine Amadou Haya Sanogo, qui est encore derrière l'arrestation du Chef du gouvernement. Cette démission, même si c'est le Premier ministre lui-même qui l'a annoncée hier matin à la Télévision nationale malienne après avoir été arrêté à son domicile de Bamako par des militaires se réclamant du capitaine Amadou Haya Sanogo, sème davantage la confusion sur la situation prévalant à Bamako. Cheik Modibo Diarra, qui devait partir lundi à Paris afin d'y passer un contrôle médical et dont la principale mission était la reconquête du nord du pays aux mains des groupes armés, a été interpellé à son domicile de Bamako “par une vingtaine de militaires venus de Kati", base des ex-militaires putschistes, d'après son entourage. Et c'est le porte-parole de l'ex-junte malienne, Bakary Mariko, qui a assuré, sur la chaîne de télévision France 24, qu'un nouveau Chef du gouvernement sera nommé “dans les prochaines heures" par le président de transition, Dioncounda Traoré. Le porte-parole militaire a accusé M. Diarra de n'avoir pas agi en “homme de devoir" face à la crise au Mali, mais en fonction d'“un agenda personnel". Pour lui, le départ de M. Diarra, un fervent partisan d'une intervention rapide d'une force militaire internationale dans le nord du Mali, une option rejetée par le capitaine Sanogo, “doit régler le bicéphalisme qui règne au sommet de l'Etat" et “va permettre au Mali d'agir en son nom et dans son intérêt", alors que “la communauté internationale demande au Mali de parler d'une seule voix". Il a, enfin, assuré que “l'ensemble des forces vives du Mali, avec son armée, vont prendre les décisions qui s'imposent pour sortir le Mali de la crise institutionnelle". Ceci étant, cet événement intervient au lendemain de l'approbation par les ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l'UE du “concept de gestion de crise" de la mission militaire européenne visant à former et entraîner l'armée malienne. Cette mission militaire prévoit le déploiement de plus de 200 formateurs européens, probablement au cours du 1er trimestre, au Mali. Dans le même ordre d'idées, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a souhaité hier qu'un nouveau Premier ministre “consensuel" soit rapidement nommé au Mali et a appelé l'armée “à cesser d'interférer dans la vie politique". Mme Ashton “prend note de la démission du Premier ministre du Mali et appelle le président par intérim à nommer rapidement, après consultation des forces politiques, un nouveau Premier ministre consensuel ainsi qu'un gouvernement sans exclusive", ont indiqué ses services dans un communiqué. Mais, la France, qui s'est déclarée “préoccupée par la situation à Bamako", a condamné les “circonstances" de la démission du Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra. “Nous condamnons les circonstances dans lesquelles le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a été contraint de démissionner (...). L'ancienne junte doit cesser ses interventions dans les affaires politiques du pays", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Philippe Lalliot. “Nous appelons chacun à la responsabilité dans l'intérêt du Mali. Un nouveau gouvernement représentatif et qui recueille le plus large soutien au sein de la population malienne doit être rapidement formé par le président Traoré", a-t-il poursuivi. M. T.