La rencontre tenue samedi dernier entre le Cnapest et le ministère de tutelle s'est soldée par des points de suspension, voire par un goût d'inachevé ressenti et exprimé clairement par les deux parties. Car, ce qu'il faut surtout retenir, c'est qu'il n'y a eu aucun accord à l'issue de la réunion marathonienne (elle a duré 5 heures) pour faire cesser le mouvement de grève initié par le Cnapest depuis le 7 octobre dernier. Contacté hier par téléphone, le porte-parole du Cnapest, M. Messaoud Boudida, ne trouvait pas les mots pour qualifier ce round de discussion entamé avec le ministère de tutelle après quatre jours de grève des enseignants, laissant entendre que trop de points inscrits sur la plateforme des revendications demeurent suspendus à des facteurs qui ne sont pas maîtrisables par le ministère de l'Education nationale. «Et puis, dira-t-il, nous n'avons pas en tant que membres du bureau national du Cnapest à décider dans l'immédiat de l'arrêt ou de la continuité de la grève, car il revient en premier lieu à la base de se prononcer sur les résultats de cette rencontre». Notre interlocuteur indiquera que «le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) décidera jeudi prochain (17 octobre) de la poursuite ou de la suspension de la grève entamée lundi dernier dans le secteur de l'Education et ce, sur la base des PV qui sanctionneront les assemblées générales qui se sont tenues hier (dimanche) dans tous les lycées et les écoles afin de rendre compte de la rencontre des représentants du Cnapest avec le ministre de l'Education nationale, lesquelles assemblées générales seront suivies aujourd'hui par des conseils de wilaya. En attendant, le mot d'ordre de grève est maintenu». Il s'agira, donc, pour les membres du conseil national du Cnapest d'évaluer la rencontre avec la tutelle et de suivre les échos auprès des enseignants afin de pouvoir trancher, en fonction de cette évaluation, la poursuite ou non de la grève lors de sa réunion de jeudi. Le porte-parole du Cnapest nous a déclaré, aussi, qu'il a été suggéré à la tutelle d'ouvrir le dialogue avec les syndicats de l'Education à chaque fois que nécessaire afin d'éviter le recours à la grève, non sans insister sur les termes d'un dialogue «sérieux, objectif et serein». Ajoutant dans ce sens que «le ministre de l'Education a insisté sur le fait que les portes de son ministère sont ouvertes, seulement faut-il que cela ne soit pas pour entrer et sortir uniquement, sans aborder le concret et répondre aux préoccupations des enseignants». Pour rappel, le Cnapest avait appelé à une grève pour revendiquer le règlement de certaines questions d'ordre socioprofessionnel dont la révision des statuts des travailleurs de l'Education et la réhabilitation des anciens enseignants exclus de promotion, car ne disposant pas de diplôme universitaire, ainsi que la réintégration d'un membre du Conseil national de Bouira suspendu depuis mai dernier, une question posée avec acuité par les syndicalistes, autant dire que la suspension de la grève est essentiellement liée à cette exigence de la réintégration du syndicaliste. A ce propos, le ministre avait promis «d'examiner le dossier avec des cadres du ministère et d'étudier la possibilité de convoquer l'enseignant en question et le directeur de l'Education de Bouira» et s'était engagé à trancher la question dans les deux prochains jours, tout en soulignant que «certaines revendications sont acceptables, mais il existe des cas individuels qui ne doivent pas, pour autant, compliquer les choses». En tout cas, même si l'intervention d'autres ministères est impérative pour régler les revendications du Cnapest, le ministre de l'Education nationale, Abdellatif Baba Ahmed, s'était dit disposé à mettre en place un comité ad hoc chargé de l'examen du dossier des statuts particuliers dans son volet relatif à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants. Il s'était engagé en outre à adresser une demande au ministre de l'Habitat pour réserver un lot de logements au profit des enseignants des wilayas des Hauts-Plateaux et du Nord à l'instar de ce qui se fait pour les régions du Sud. Concernant la médecine du travail, le ministre avait rassuré le syndicat qu'un comité ad hoc (tutelle, syndicat et Fonction publique) sera mis en place pour arrêter la liste des maladies professionnelles du secteur de l'Education et trouver les mécanismes permettant aux enseignants malades de ne plus exercer et d'obtenir une indemnité de la caisse de sécurité sociale. Pour ce qui est de la défalcation des journées «non travaillées» du salaire des enseignants, M. Baba Ahmed s'est montré intransigeant sur la question. «Il sera procédé à une retenue sur les salaires des enseignants grévistes», tranchera-t-il. Quant aux taux de participation à la grève, les chiffres avancés par la tutelle se situent loin des estimations du Cnapest. Alors que la tutelle annonce un taux de suivi de la grève pour les enseignants du secondaire «oscillant entre 21% et 25% au quatrième jour de la grève (jeudi 10 octobre) et 65% dans quatre wilayas du pays», le Cnapest indique, lui, que «le taux de suivi a atteint une moyenne nationale de 85 %, excepté dans la région ouest du pays où le suivi de la grève a été très timide». Mais, cette guerre des chiffres reste «stérile», selon un avis largement partagé au sein des élèves et leurs parents. «Car, disent-ils, la moindre perturbation des cours dans quelques lycées, ou quelques wilayas, entraînerait inéluctablement des conséquences à l'échelle nationale, notamment pour les classes d'examen.»