Le marché parallèle de la devise en Algérie est KO, debout ! Une semaine environ après avoir annoncé la dépréciation du dinar sur le marché des changes, le premier argentier du pays, Karim Djoudi, revient sur ses propos sur la monnaie nationale. Sur les ondes de la radio nationale, en présentant le projet de loi de finances 2014 et ses principales dispositions, il est revenu longuement sur le taux de change, et particulièrement la 'glissade'' du dinar par rapport à l'euro et au dollar. Il a ainsi affirmé que la dépréciation du dinar est en train de se diluer, et a même certifié que cette dépréciation n'est pas le résultat de l'explosion de l'inflation, c'est-à-dire le coût de la vie en Algérie. Ainsi, M. Djoudi a affirmé que le taux de change euro/dinar est passé 'de 113 à 109 ces dix derniers jours''. Et comme pour chasser de vieilles sorcières, il affirme que la dépréciation du dinar n'a nullement été le fruit de la hausse de l'inflation. Il explique qu'en 2012, 'nous avons eu une inflation qui était forte puisque nous avons terminé l'exercice avec un taux moyen d'inflation de 8,9% et que, graduellement, sur 2013 le taux d'inflation moyen est en train de décroître: nous étions à 4,5% en août et nous sommes à 4,1% en septembre et nos hypothèses est que nous nous rapprocherions d'un taux de 4% en fin d'exercice''. Dès lors, pour le ministre des Finances, 'l'inflation n'est pas fondamentalement l'explication qui doit être donnée'' à la dépréciation du dinar, relevant qu'il y a 'une lutte contre l'inflation qui est en train de se réaliser mais le problème est que cette crise du marché des changes est différente de celle de nos partenaires''. Le remède à cette situation pour M. Djoudi est que 'la correction doit se faire selon ce différentiel''. Or, si l'inflation n'est pas à l'origine de la baisse du dinar sur le marché des changes, pourquoi alors avait-il, la semaine dernière à l'APN, indiqué que cette dépréciation du dinar a été impactée par une forte hausse inflationniste ? Selon ses explications, la dépréciation de la valeur du dinar par rapport à l'euro et au dollar est le résultat du différentiel entre le taux d'inflation en Algérie et celui enregistré dans le reste du monde. Par ailleurs, il enchaîne que 'la masse monétaire qui est en circulation n'est pas un élément qui impacte immédiatement le taux de change'', mais la 'la liquidité qu'il y a dans l'économie et la demande d'achat et de vente de devises consécutive à des opérations sur le commerce extérieur''. Actuellement, la parité dinar/euro est de presque 14,80 DA pour 1 euro. Car le marché parallèle de la devise en Algérie est basé sur d'autres critères que ceux invoqués par le ministre, c'est-à-dire la classique offre/demande. Rien de plus ni de moins. Par ailleurs, il a abordé des volets du projet de la loi de finances 2014, notamment sur le front fiscal, avec l'épineuse question de la suppression ou pas de la taxe sur les activités fiscales, qui grèvent lourdement la trésorerie des PME et inhibent leurs capacités d'investissements. Sans vraiment l'écarter ou la supprimer, il a évoqué la volonté du gouvernement d'aller vers la suppression de cette taxe, qui est prélevée sur le chiffre d'affaires des PME, et qui devrait être remplacée par un autre mécanisme. Il suggère à ce propos de mettre en place 'un autre impôt pour abandonner cette taxe sur le chiffre d'affaires''. Il le précise en soulignant que 'il faudrait que l'on ait un ajustement relativement conséquent''. Sur le fond, il affirme même que 'je pense qu'en termes de fiscalité, les avantages qui ont été accordés et les dispositifs qui ont été créés sont tout à l'avantage des investisseurs privés''. Selon le ministre des Finances, la suppression de la TAP, qui rapporte 300 milliards de DA par an aux communes, impactera négativement leur trésorerie. Par ailleurs, M. Djoudi, qui a noté la baisse tendancielle des revenus des exportations des hydrocarbures, a affirmé que l'Etat maintiendra le système de subvention des prix des produits de première nécessité. »Nous allons continuer à soutenir (...) mais il est évident que l'Etat sera appelé, dans le même temps, à revoir sa politique de soutien tout en essayant de conserver le pouvoir d'achat des citoyens «, a-t-il assuré. Sur la question de la préemption sur l'usine Michelin, il a reconnu que le recours de l'Algérie à user de son droit de préemption sur (cette usine) de pneumatiques visait seulement à récupérer le foncier sur lequel l'usine était installée. CREDIT A LA CONSOMMATION EN VEILLE «L'activité de Michelin à Alger a disparu avec la fermeture de son usine, l'Algérie exerce son droit de préemption fondamentalement pour récupérer le foncier, maintenant il peut y avoir des investisseurs dans la pneumatique qui souhaiteraient y investir et ils seront bien accueillis», a-t-il assuré. C'est Cevital de l'homme d'affaires algérien Rebrab qui a en fait racheté cette usine, dont les patrons ont déposé le bilan. Pour M. Djoudi, l'exercice du droit de préemption, instauré par la loi de finances complémentaire en 2009, ne signifie pas la nationalisation, mais de «reprendre un actif et de le remettre sur le marché». Quant au dossier Djezzy, les discussions continuent, a t-il souligné, faisant remarquer qu'il ne reste que deux ou trois points à régler pour clore ce chapitre. Enfin, pour le retour du crédit à la consommation pour la production nationale, demandé par le patronat, il a indiqué qu'il est conditionné par la mise en place de la centrale des risques. «Il faudrait attendre que la Banque d'Algérie mette en fonctionnement sa centrale des risques pour éviter que des ménages se trouvent dans une situation de surendettement», a-t-il dit.