Actuellement, 24 000 étudiants algériens poursuivent leurs études dans différents établissements en France. «C'est la troisième communauté d'étudiants étrangers en France», a précisé hier Mme Geneviève Fioraso, ministre française de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en marge de la signature de cinq conventions de partenariat, au siège du Cerist à Alger. En visite avec une délégation importante à Alger, la ministre a précisé que la France accueille 5000 étudiants en plus chaque année. «Ils sont aujourd'hui, 24 000 qui sont inscrits dans différentes universités de France», dira-t-elle. Elle précise encore que les étudiants algériens sont inscrits essentiellement dans les sciences dites dures, tel que les mathématiques, la physique et l'informatique et dans les filières médicales. Ce qui est souhaitable, selon la ministre «est de continuer à accueillir des étudiants algériens, mais aussi de développer des formations sur place, c'est le sens même de cette coopération et de l'accompagnement du travail bilatéral qui se fait entre les deux pays». La ministre a également précisé qu'il y a eu des facilitations en matière de procédure pour l'obtention des visas pour les étudiants. «Il y a eu beaucoup de progression, notamment depuis juillet dernier. Nous octroyons des visas pluriannuels pour les étudiants de master et les doctorants, une façon de leur éviter chaque année le parcours du combattant», a-t-elle encore déclaré en ajoutant que des directives ont été également données aux consulats français en Algérie pour garantir toutes les facilitations possibles pour les étudiants demandeurs de visas. Et de préciser que même en France « on est en train de mettre en place, à travers les grands pôles universitaires, des lieux destinés aux étudiants étrangers, y compris pour les étudiants algériens pour qu'ils trouvent toutes les informations possibles sur les offres de logement, de santé, de transport en commun .». Le nouveau aussi, selon la ministre française, est que le doctorant une fois son doctorat obtenu, a le droit de séjourner en France pendant un an, alors qu'auparavant cette période était limitée à six mois, pour lui permettre de trouver un emploi après ses études. La question qui se pose d'elle-même : «Est-ce que ces étudiants seront de retour un jour dans leur pays d'origine ?» UN ACCORD ALGERO-FRANÇAIS POUR L'INDEPENDANCE NUMERIQUE Pour développer un partenariat stratégique «gagnant-gagnant», les deux parties (française et algérienne) ont signé hier cinq conventions jugées importantes. La ministre française s'est beaucoup focalisée sur l'accord-cadre bilatéral relatif au domaine de l'innovation numérique. Un accord scientifique entre l'Institut national de Recherche en Informatique et Automatisme ( l'INERA), la société française «BULL» et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique permettra de développer un centre de calcul intensif. «Un projet qui permet à nos pays, la France et l'Algérie, de ne plus être dépendants des seuls modes de calculs développés aux Etats-Unis», selon Mme Fioraso. Elle explique que «cette dépendance a des conséquences sur les ordinateurs, sur les produits technologiques que nous développons ; tout ce qui nécessite des calculs complexes, concernant tous les domaines, l'énergie, l'informatique, l'information, la communication, la santé ». Mme Geneviève Fioraso a indiqué que «toutes nos entreprises, en particulier les PME-PMI, les entreprises de tailles intermédiaires, celles qui créent de l'emploi, celles qu'on veut développer en Algérie ou en France, ne sont pas complètement converties au numérique. Il est donc essentiel que nous développions tous ces modes de calcul de haute performance et surtout de conserver leur autonomie». La ministre conclut en affirmant que le développement de ce genre de partenariat a un intérêt économique, et scientifique. «C'est un accord de souveraineté pour notre autonomie». Les autres accords portent sur une convention-cadre pour la mise en place d'un réseau mixte liant les écoles algériennes aux grandes écoles françaises, une convention de coopération entre la Direction générale de la recherche scientifique et technologique et l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur. Un autre protocole d'accord a été signé entre la Direction générale de la recherche scientifique et la Minatec, ainsi qu'une convention de donation entre le DGRST et Univers-sciences pour développer de bonnes méthodes d'évaluation. A cela s'ajoute une convention de coopération entre L'ANVREDET et BPI-France, un accord qui permet de trouver comment passer de l'innovation et la recherche à la pratique industrielle. Le ministre algérien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohammed Mebarki, a exprimé son satisfecit pour les résultats de la coopération universitaire algéro-française. «Nous avons des centaines de thèses de magister et de doctorats qui ont été soutenues, des centaines de publications scientifiques cosignées avec des Français». Il précisera que «durant la période 2008-2013, le rythme de croissance de cette production a progressé d'une manière significative, allant de 573 publications en 2008 à 739 publications en 2013». A noter que la France est le pays le plus collaborateur avec l'Algérie, en termes de Co-publications, au monde avec un très grand écart par rapport au deuxième pays collaborateur qu'est les USA. «Aujourd'hui, précise le ministre, on veut passer à une autre étape qualitativement meilleure ; on ne veut plus se limiter à la Co-publication, mais il faut qu'on passe à l'industrialisation des prototypes des résultats de la recherche». Autrement dit, la traduction de ces résultats de recherche en innovation et en industrialisation. LANCEMENT DE QUATRE INSTITUTS TECHNOLOGIQUES DES LE MOIS DE SEPTEMBRE Le ministre a annoncé le lancement de quatre instituts technologiques dès septembre prochain, fruit de coopération algéro-française. Le ministre explique que ce projet de réforme du système universitaire sera accompagné par des Français qui nous ont déjà soutenus, comme ce fut le cas pour le système LMD. «Des instituts à l'image des instituts d'enseignement technique ( IET) français, un système qui forme pendant trois ans des cadres intermédiaires en différentes maîtrises technologiques». Il poursuit : «Tout est fin prêt pour démarrer dès le mois de septembre». Selon le ministre, les instituts seront installés à Tiaret, Bouira, Jijel, le dernier sera à Ouargla.