Louisa Hanoune est bien partie chez Gaïd Salah. Elle l'a dit, confirmé et revendiqué haut et fort. Gaïd Salah a bien reçu Louisa Hanoune en sa qualité de vice-ministre de la Défense. Il ne l'a pas démenti. On comprend donc que c'est réel et que cette rencontre a bien eu lieu. C'est bien pour les chefs de partis politiques que de porter à la connaissance du peuple leurs déplacements et c'est bien qu'ils le fassent en toute transparence. Mais que cherchait Louisa chez Gaïd Salah ? C'est la question que se sont posés tous les Algériens en âge de réfléchir, et celle qu'ont passée et repassée en revue tous ceux qui sont en âge de compter, de disséquer, de déchiffrer, de lire entre les mots. Rien, aucune réponse n'a été trouvée à cette question. Les uns ont vu en cette visite, que Louisa a bien pris la précaution de mentionner qu'elle était programmée depuis septembre, un déplacement obscur. Que fait un chef de parti politique chez le chef d'état-major ? se sont-ils écriés. A cette interrogation qui ne pouvait ne pas être prévue par la chef du PT, cette dernière précise qu'elle est allée rendre visite au membre du gouvernement et non au chef d'état-major. D'autres se sont demandé alors ce que va chercher Hanoune chez des membres de gouvernement maintenant ? C'est sans doute en relation avec les élections, ont-ils laissé entendre avant de se reprendre et faire remarquer à Hanoune que, pour parler d'élections maintenant, les plus indiqués sont le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice et que, au plus, on pourrait comprendre qu'elle aille voir le Premier ministre du moment qu'il préside la commission des élections. De retour, Hanoune n'a pas tardé à s'exprimer. Dans un communiqué qu'elle rend public, Louisa Hanoune porte à la connaissance des Algériens l'objet de sa visite au vice-ministre de la Défense. Elle y affirme avoir fait part de ses inquiétudes à Gaïd Salah quant aux conséquences éventuelles des déclarations de Sâadani contre le général Toufik et le DRS. Ces inquiétudes sont grandes car de telles accusations peuvent, soutient-elle, provoquer une éventuelle «intervention militaire étrangère en Algérie». Or, comme toute rencontre suppose une prise de parole des deux parties, Hanoune nous informe que le vice-ministre de la Défense lui a rappelé le message du président de la République avant de lui préciser que «les conditions sont prêtes pour le côté sécurité du rendez-vous». Voilà donc pour cette rencontre étonnante d'un chef de parti avec le chef d'état-major. Hanoune s'en est allée parler d'intervention militaire étrangère au chef d'état-major. Elle s'est peut-être vue plus et mieux informée que l'état-major sur les questions militaires et les risques militaires qui guetteraient le pays alors que son interlocuteur lui aurait répondu que le message du président Bouteflika est suffisant pour calmer ses inquiétudes. Décryptage. Dans le brouhaha qui gagne la scène politique nationale, des voix ont du mal à se faire entendre. L'échéance arrive à grands pas et les contours des choses demeurent flous. En tant que soldat volontaire, Hanoune porte sur elle d'aller voir le chef d'état-major, l'habituelle menace de l'instabilité dans une main et celle, plus habituelle encore, de l'intervention étrangère dans l'autre. Voilà ce qui nous attend, semble-t-elle dire, ou plutôt lire. Pour le reste, ce n'est pas difficile à saisir et à chacun de comprendre la suite comme il veut. Ce n'est vraiment pas facile à faire avaler comme message, pas du tout.