Abderrahmane Benkhalfa, ex-délégué général de l'ABEF, consultant économique indépendant, a estimé que la sphère syndicale a été le parent pauvre de la dernière tripartite, avec un seul représentant, qui est l'UGTA. Il a insisté hier, au forum d'El Moudjahid, lors d'une conférence intitulée «Lecture globale des résultats de la tripartite», qu'il est aujourd'hui nécessaire d'opérer des changements, pas au niveau politique ironise-t-il, mais sur le plan économique. Pour Benkhalafa, la tripartite doit avoir une représentation diversifiée de la sphère économique, la sphère gouvernementale et la sphère syndicale. Or, la sphère syndicale a été représentée avec un seul et unique représentant qui est l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Benkhalfa précise qu'il n'est pas contre l'UGTA «mais je dis que la sphère syndicale doit être aussi diversifiée comme le reste des sphères et ce, pour garantir une meilleure qualité d'arbitrage». L'expert s'est dit également contre le maintien des responsables à la tête des institutions patronales ou syndicales plus de 20 ans, sans qu'il y ait de changement. A la question sur les salaires, l'expert financier a estimé qu'il est bien de s'occuper du SNMG et du pouvoir d'achat, mais du point de vue économique et non pas par rapport à des conjonctures sociales et politiques. Pour l'expert, le salaire doit être une contrepartie de l'exécution d'une prestation de travail qualitatif ou quantitatif. Autrement dit, il faut revaloriser les salaires tout en valorisant la production, soutenir les grandes entreprises pour qu'elles grandissent et promouvoir les investissements en améliorant l'environnement. L'expert plaide, parallèlement, pour une politique salariale qui prenne en compte les performances et les compétences. «Il faut déplafonner les salaires», a-t-il suggéré. «Il ne faut pas se limiter au SNMG, mais il faut s'occuper également des salaires des hautes compétences, les salaires des dirigeants pour pouvoir exiger un meilleur style managérial». Et d'expliquer : «Il faut que les compétences soient payées selon la valeur du marché». Il a précisé que «nos décideurs ont un problème d'accepter des hauts salaires. Pourtant, c'est les hauts salaires destinés aux compétences qui vont tirer la croissance». En ce qui concerne l'évaluation, le conférencier a plaidé pour le changement du statut du Conseil national économique et social (CNES). «Cette institution doit se transformer en un véritable laboratoire d'étude d'évaluation sur tous les dossiers économiques et sociaux. Il a également appelé à mettre en place une institution nationale d'évaluation des politiques publiques, qui ne doit pas être sous tutelle d'un ministère. Enfin, pour ce qui est de l'article 87 bis, le conférencier s'est dit pour une nouvelle révision «mais, avec une clarté de définition et une obligation d'exécution», a-t-il conclu.