Projection ■ Relancer la production nationale et pousser à consommer algérien ont, jusque-là, été un objectif difficile à atteindre, un vœu pieux. Le crédit à la consommation serait-il un des moyens favorisant cette démarche ? «Tout à fait», affirme d'emblée l'ancien délégué de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF). «Nous sommes à la veille d'une tripartite (le 23 du mois courant) très dense. C'est une tripartite à double dimension. Une dimension économique avec la promotion de la production nationale ainsi que la promotion de l'entreprise algérienne quels que soient ses capitaux. De l'autre côté, les aspects sociaux dans les dossiers qui sont d'abord salariaux ensuite le crédit à la consommation», a rappelé ce jeudi matin, Abderrahmane Benkhelfa, expert financier et consultant économique, dans son intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. «Et le crédit à la consommation pourrait être un bon moteur pour la croissance», a-t-il estimé soulignant en outre qu'un texte portant réhabilitation de ce crédit, est en phase de préparation. Il devrait cadrer ce dispositif et éviter les tricheries. Car, aux dires de l'expert, un crédit à la consommation ne devrait, en aucun cas, gonfler les importations. Les produits éligibles au crédit à la consommation, dont le retour devrait être décidé prochainement, sont ceux dont le taux d'intégration est égal ou supérieur à 40 %, propose dans son rapport le groupe de travail chargé de la protection et de la promotion de la production nationale, issu de la tripartite tenue en octobre dernier. La liste de ces entreprises qui produisent ou assemblent des biens et/ou services destinés à la vente aux particuliers et dont le taux d'intégration quantifiable et appréciable est égal ou supérieur à 40%, sera arrêtée par les administrations, institutions et organisations compétentes. Ce taux est retenu par référence, aussi bien aux normes universelles admises que par rapport au potentiel du tissu industriel national. Les entreprises dont les produits sont éligibles au crédit à la consommation sont toutes celles qui sont installées durablement sur le territoire national. En outre, selon Abderrahmane Benkhelfa, le crédit à la consommation doit être perçu comme étant un acte bancaire. «Dans l'esprit des uns et des autres, cela est considéré comme allocation budgétaire. Le crédit à la consommation, n'est pas un revenu. Les gens ne doivent pas s'y attendre», a-t-il indiqué à ce propos. «Quand on n'a pas ce revenu, il faudrait travailler pour en disposer. C'est pour ces raisons et d'autres que je continue à plaider pour une centrale des risques. Ce n'est pas à travers un tel crédit que le surendettement s'installe», a insisté l'invité de la Radio nationale. Il a, dans ce sillage, affirmé qu'opter pour un crédit à la consommation doit indéniablement être accompagné de mesures de vigilance, de sensibilisation des ménages et surtout des mesures de contrôle des produits qui sont financés. «C'est cela qui fera la qualité d'un crédit à la consommation comme moteur de la production nationale ou non», a-t-il ajouté. Le 87 bis au menu de la Tripartite Cela fait des années que l'article 87 bis du Code du travail relatif au calcul du salaire, alimente les débats. Il a de tout temps été contesté du fait que tel qu'il est édicté (le salaire de base inclut les indemnités et primes), il arrive souvent que le salaire net se situe en dessous du SNMG (Salaire national minimum garanti) rendant obsolètes les successives augmentations du SNMG. Aujourd'hui, et à la veille de la tenue, dimanche prochain, de la Tripartite (gouvernement-UGTA-patronat), les positions semblent avoir évolué et le dossier sera sur la table de cette rencontre. Si du côté des travailleurs, l'on pourra se réjouir, dans le cas où on arriverait à un accord, certaines entreprises en revanche, appréhendent d'assumer les nouvelles charges salariales. Pour Abderrahmane Benkhelfa, il ne faudrait pas s'arrêter juste à cet article qui est une vision réductrice de la politique salariale. «Il faudrait aussi aborder la problématique salariale dans notre pays», a-t-il indiqué plaidant pour le déplafonnement des salaires des compétences. Il a déploré que le dirigeants des entreprises soient sous-rémunérés. «Il faut une vérité des prix et aussi une vérité des salaires», a-t-il conclu.