La zaouïa de Sidi Bouazza est située à 3 km à l'ouest de Sidi Benadda, sur la route vers Béni-Saf dans la wilaya d'Aïn Témouchent. Son saint patron, Sidi Bouazza El-Gharbi, est un descendant de l'érudit soufi Sidi Boumediene Chouaïb, établi dans la région témouchentoise au 16e siècle. Il a édifié cette zaouïa pour enseigner le Coran et les valeurs de l'Islam. Dimanche, la zaouïa de Sidi Bouazza a accueilli une délégation composée de personnalités éminentes algériennes du monde du soufisme dont le petit-fils de l'Emir Abdelkader, le Dr Chamyl Boutaleb, et le Dr Sari Ali Hikmet, chercheur en patrimoine soufi et professeur à l'université de Tlemcen. Cette fois-ci, un groupe de chercheurs turcs en patrimoine du soufisme est du voyage. Une rencontre dont le but est de valoriser le concept soufi avec ses différentes confréries, zaouïas et pôles de la pensée et à réhabiliter son patrimoine authentique, qui porte en son sein une valeur esthétique et artistique dans les œuvres de littérature, de poésie et de théories philosophiques. Ce séjour culturel, qui devra durer jusqu'au 30 du mois courant, permettra, nous fait-on savoir, aux présents d'analyser et d'étudier le soufisme comme mouvement intellectuel, religieux et social. La délégation devra plus tard rallier la ville de Tlemcen où un projet de jumelage entre Tlemcen l'algérienne et Konya la turque, devrait voir le jour. Les œuvres de Sidi Boumediene Chouaïb dans le mouvement soufi et la voie adoptée pour inculquer son savoir à ses disciples devraient être, bien sûr, lors de ce séjour, au centre des débats sur ce saint patron. Pour réflexion, Sidi Boumediene Chouaïb ou encore Sidi Boumediene Chouaïb Al-Ghaout (1126-1197) est ce saint soufi plus connu pour être le saint patron de la ville de Tlemcen où il prodigua son enseignement spirituel. Natif d'Andalousie, Sidi Boumediene Chouaïb poursuivit des études religieuses à Fès et reçut l'initiation de Abû Yaza, un maître soufi vivant dans les montagnes de l'Atlas. Au cours de son pèlerinage à La Mecque, il rencontra Abdel Qadir Al-Jilani, le fondateur de la voie Qadiriya. Par la suite, il répandra son enseignement dans tout le Maghreb et eut notamment comme disciple Abdessalam Ibn Machich (1163-1228) qui fut lui-même le maître de Abul Hassan Chadhili (1197-1258) par lequel fut fondée la voie Chadhiliya. Dans la wilaya d'Aïn Témouchent et plus à l'ouest de Béni-Saf, une autre zaouïa -la zaouïa d'El-Djazouli- incarne un prolongement d'el-Tariqua el-Chadilia, une voie du mouvement du soufisme qui remonte à la première moitié du 13e siècle, dit-on. Le prolongement des activités de cette confrérie a été assuré par El-Hadj El-Abidine jusqu'à sa mort en 1939. Le flambeau est aujourd'hui pris par Zine El-Abidine Si Abdelkrim Ibn El Djazouli (chahid surnommé «le général des fellagha» par l'armée française). Si Abdelkrim, qui veille inlassablement à la bonne marche de la zaouïa, fait de l'hospitalité et de la convivialité son point d'orgue. Il tient personnellement à l'accueil chaleureux devant être observé à l'égard de tous les visiteurs.