Courant Le soufisme, qui fait partie du patrimoine immatériel national, est un haut lieu du rayonnement spirituel. «L'histoire de l'Algérie est organiquement liée au soufisme», déclare Zaim Khenchlaoui, anthropologue et chercheur, lors d'une conférence animée hier à l?hôtel El-Aurassi, à l?initiative du Rotary International Club d?Alger sous le thème «Soufisme en Algérie, passé et présent». «On ne peut parler de soufisme algérien, mais d'un soufisme international qui va au-delà des frontières visibles», explique ce chercheur. Le soufisme s?est installé pour la première fois en Algérie vers le VIe siècle à Ikdjan, du côté de Sétif. Les descendants de Fatima, la fille du Prophète, qui fuyaient la répression ont trouvé refuge et soutien chez les Berbères de cette localité. Depuis cette époque, les confréries se sont développées en donnant ainsi vie et corps à un ensemble de zaouïas qui ont dynamisé la vie spirituelle au Maghreb. Selon le conférencier qui cite la confédération des zaouïas «8 900 zaouïas existaient au début du vingtième siècle. Elles ont joué un rôle important face aux oppresseurs, contrairement à ce que rapportent quelques historiens, les faisant passer pour collaborateurs du colonialisme». «Ces endroits (zaouïa) sont de hauts lieux de mémoire qui ont défendu la spécificité musulmane et algérienne face à tous les envahisseurs». Le conférencier cite la Zaouïa de Batna de la voie de chadilia comme la plus ancienne et Béjaïa comme un important centre du soufisme au Maghreb. Sidi Boumediene avait enseigné plusieurs années dans cette ville avant de partir pour Tlemcen. Le soufisme est d'abord la tariqa (la voie) que parcourt le maître ou le disciple vers son Dieu. Chaque tariqa s'est développée pour donner corps à d'autres créant ainsi des ramifications composées de branches et de sous-branches dans le domaine de la spiritualité. «En ce moment, il existe quelque 40 tariqas en Algérie», souligne l'orateur. Sur un autre plan, le conférencier fera plusieurs parallèles avec d'autres spiritualités, notamment d'Inde, de Chine et du Japon où «les soufis considèrent que leur philosophie est la continuité du judaïsme et du christianisme», mais aussi «Boudha qui est considéré comme un sage». «Les soufis trouvent leurs arguments dans l'ermitage du Prophète», explique M. Khenchlaoui qui souligne qu'il existe un soufisme intellectuel et d'autres soufismes basés sur des expériences physiques. «Les zaouïas sont, en réalité, un gouvernement invisible hiérarchisé pour supporter mystiquement le fardeau du monde», explique le conférencier qui rapporte les propos de soufis.