La lutte sans merci contre les malversations dans les hôpitaux, sous toutes leurs formes délictuelles, du petit larcin jusqu'au détournement de fonds, de matériel ou de médicaments, en passant par la corruption et autres passe-droits dans les transactions de fonctionnement, de réalisation, d'équipement, de prestation de services engagée par M. Abdelmalek Boudiaf depuis sa prise des commandes de la Santé en octobre 2013, dans le cadre général d'un « plan de redressement » pour réformer le secteur, se poursuit et s'intensifie progressivement. La rencontre nationale, tenue jeudi au Complexe des Andalouses à Oran pour faire le point sur la mise en œuvre de la feuille de route, composée de 24 points, visant notamment l'amélioration de l'accessibilité aux soins de qualité dans les établissements de santé, a été une occasion pour le premier responsable du secteur de dévoiler à l'opinion publique une « énième » affaire scandaleuse de dilapidation qui concerne un détournement de médicaments à l'hôpital Beni Messous (Alger). En effet, entre deux passages des DSP de wilaya qui se sont relayés au pupitre pour faire le bilan de l'application des fameux 24 points dans leurs circonscriptions respectives, M. Boudiaf a révélé que les services de police ont, en coordination avec l'administration de l' EH de Beni Messous, intercepté deux employés en flagrant délit de transfert d'une importante quantité de médicaments vers une destination extérieure, en complicité avec deux autres personnes. Les quatre personnes ont été arrêtées et mises en détention, a indiqué encore le ministre, précisant qu'une enquête a été ouverte pour élucider cette affaire et connaitre ses tenants et aboutissants. La direction générale de l'hôpital de Beni Messous s'est constituée partie civile dans cette affaire portée devant la justice au moment où le ministre a pris des mesures strictes pour le suivi de la gestion et de la traçabilité des médicaments, selon un responsable auprès du même ministère. Selon la même source, nombre d'établissements du secteur à l'ouest du pays feront l'objet prochainement d'inspections sur la base d'informations parvenues au ministre faisant état de détournement de médicaments vers des cliniques privées et même vers un pays voisin. «Le Quotidien d'Oran» a appris, en marge de la même rencontre, auprès du directeur général du CHU d'Oran que deux nouvelles affaires de vol de matériels et de produits médicaux viennent d'être mises à nu par l'administration. Il s'agit, selon les informations fournies par le même responsable, du vol de produits réactifs détergents à la maternité (service ex-Marfan) conditionnés dans des jerricans de 10 litres, ainsi que d'une « importante quantité » de feuilles de plomb utilisées en radiologie pour la protection contre les radiations ionisantes, pour doubler les plafonds, sols, portes et cloisons de locaux destinés à des activités de radiodiagnostic et radiothérapie. L'administration de l'hôpital vient de mettre à nu une troisième affaire qui concerne cette fois le vol d'un lot de matériel informatique au service d'épidémiologie et de médecine préventive. Ces dossiers ont été transmis à la justice par la Direction générale du CHU d'Oran avec dépôt de plainte et constitution en partie civile, a ajouté le même responsable. Ces affaires éclatent ainsi alors que l'enquête judiciaire poursuit son cours dans le détournement d'importantes sommes d'argent, plusieurs millions de centimes, au Centre de transfusion sanguine (CTS) du même CHU où sont impliqués deux employés pour malversations dans la comptabilité des ventes de poches de sang à des cliniques privées. S'agissant des travaux du conclave national des directeurs locaux de la Santé de l'ensemble des 48 wilayas, il y a lieu de noter que le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a annoncé la mise en œuvre de trois (03) plans visant le développement du secteur et l'amélioration des prestations. Ces plans qui sont entrés dans leur phase d'exécution «donneront de grands résultats dans le développement du secteur et l'amélioration de ses prestations en matière de service public», a affirmé M. Boudiaf lors d'une rencontre d'évaluation des actions prises conformément aux orientations du ministère, en présence des directeurs de la Santé publique des wilayas et les responsables des centres et des établissement hospitaliers. A la lumière de ces trois plans, il est attendu le règlement des contentieux concernant la carrière des professionnels de la Santé et la dette des établissements ainsi que l'amélioration de l'accès aux consultations spécialisées. Ces objectifs seront concrétisés avant la fin 2014 selon les prévisions du ministère de la Santé. Le premier plan d'action vise à améliorer la situation socioprofessionnelle des employés et la prise en charge de 95 % des contentieux liés à la promotion et à l'avancement des professionnels, a-t-il expliqué. Le second plan est relatif à l'apurement de 80 % des créances détenues par l'Institut Pasteur et la Pharmacie Centrale sur les établissements de santé. Le troisième et dernier plan d'action permettra l'amélioration à hauteur de 95 % de la demande locale, de l'accès aux consultations spécialisées, particulièrement en gynécologie obstétrique et en chirurgie générale. Dans le même cadre, il est prévu, selon le ministre, le renforcement des moyens afin de mieux prendre en charge les femmes enceintes, notamment dans la phase prénatale. Le ministère de la Santé s'apprête à organiser aux mois de juin et septembre prochains des rencontres périodiques consacrées à l'application rigoureuse de ces plans, en plus des Assises régionales et nationales qui se tiendront le 3 et 4 mai prochain autour des grands questionnements du secteur de la santé en Algérie avec la participation d'experts et acteurs dans le domaine.