L'objectif fixé à la Conférence nationale sur la transition par ses initiateurs qui sont les partis et les personnalités membres de la Coordination nationale pour les Libertés et la Transition démocratique (CNLTD) est qu'elle adopte une plateforme politique qui soit le « parfait » agenda de sortie de crise sur la base duquel se mobiliseraient les forces du changement pour amener le pouvoir a en accepter le contenu. Il faut pour cela que la participation à cette conférence soit à la hauteur que lui ont fixée ses initiateurs, à savoir qu'y prennent part un maximum de forces s'étant exprimées en faveur du changement de système. D'où l'invitation faite par eux à plus d'une centaine de chef de partis et figures de proue de la scène politique à y prendre part aux côtés des membres de la CNLTD. L'initiative est soumise au même aléa que doit surmonter celle du pouvoir consistant à organiser des consultations sur la révision constitutionnelle, à savoir ne pas enregistrer une cascade de refus à participation de la part des invités ciblés. Il est clair que si cela devait être le cas, la conférence projetée aura indubitablement moins de résonance et d'impact qu'en attendent ses promoteurs. Ce qui n'est pas totalement à exclure au vu que des partis et personnalités qui vont recevoir l'invitation semble réticents à prendre part à la conférence. Non pas parce qu'ils ne partagent pas le diagnostic sur lequel se sont basés les membres de la CNLTD pour prendre leur initiative, mais parce qu'ils estiment avoir des points de vue différents « sur les remèdes et solutions » à porter à la crise politique. C'est ainsi que le « pôle du changement », l'autre conglomérat de partis et personnalités de l'opposition dont le chef de file et Ali Benflis, apparaît visiblement peu chaud à répondre à la sollicitation de la CNLTD. Les contacts ne sont pas rompus entre les deux rassemblements mais il est clair que le pôle du changement veut s'en tenir à son agenda qui est la définition d'une plateforme politique au contenu propre à la vision qui est celle de ses membres sur la démarche à suivre pour atteindre l'objectif qu'ils se sont fixés qui est « un changement démocratique ordonné, apaisé et consensuel qui exclut d'envisager un recours à la rue ». Ce point exprimé par la voix d'Ali Benflis dénote que des déclarations de certains membres de la CNLTD donnant à entendre que leur coordination est prête à recourir à tous les moyens dont elle dispose pour emmener le pouvoir à prendre en compte sa revendication d'une transition démocratique, n'ont pas été du goût du « pôle du changement ». Il y a aussi que ce pôle et d'autres acteurs politiques estiment irréaliste, en l'état du rapport de force entre le pouvoir et l'opposition, le contenu de la feuille de route préparée par la CNLTD dont des « indiscrétions » ont dévoilé quelques unes des prescriptions. Celles voulant obtenir du pouvoir qu'il accepte de « composer un gouvernement de consensus national et de mettre en place une commission indépendante qui devra préparer des élections indépendantes et procéder également à la dissolution de toutes les assemblées, organiser des élections anticipées et élaborer une constitution pérenne et, au bout, une élection présidentielle anticipée ». Vaste programme qui est emballant sur le principe mais que la majorité de l'opposition sait bien qu'il n'est pas à la portée de celle-ci même en s'unissant. Car démunie de la crédibilité qui lui permettrait de rassembler derrière elle les citoyens et la société civile sans l'engagement desquels son combat dans ce sens n'ira pas plus loin que la stérile agitation.