Chargé par le président de piloter l'opération de consultation autour de la révision de la Constitution, Ahmed Ouyahia a transmis les invitations à participer à 150 destinataires entre personnalités nationales, partis agréés, parlementaires, organisations et associations nationales représentant les droits de l'homme, les magistrats, les avocats, les journalistes, le secteur économique, la jeunesse et les étudiants, et les professeurs d'universités sollicités pour leurs compétences. Reste à savoir qui parmi ceux que le directeur de cabinet de Bouteflika à invité accepteront de prendre part aux consultations. L'ont sait déjà que les partis et personnalités politiques membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) déclineront l'invitation et tenteront de rallier à leur position les autres segments de l'opposition avec lesquels ils ont engagé des contacts en vue de la constitution d'un front commun autour d'un agenda politique et d'une démarche en rupture avec ceux du pouvoir. Bien qu'il ait personnellement contacté, semble-t-il, les membres de la CNLTD, Ouyahia ne s'attend certainement pas à des revirements en leur sein, mais il va très probablement tenter de les isoler en essayant en dehors de ce groupe d'obtenir l'accord du maximum de destinataires de ses invitations qui n'ont pas exprimé de position de refus aussi tranchée que celle adoptée par le premier. De fait, en dehors de la CNLTD et du FFS qui a exprimé individuellement la même position qu'elle (mais en faisant valoir d'autres arguments), les autres segments de l'opposition ont émis des appréciations sur l'initiative du pouvoir d'ouvrir des consultations sur la révision de la Constitution qui, pour être sceptiques sur leurs conséquences, sur le contenu qui sera celui du projet que le pouvoir soumettra à approbation populaire ou parlementaire, n'ont pas franchement répondu favorablement à la sollicitation de la CNLTD de faire cause commune à l'égard de la démarche du pouvoir. Certains parmi eux sont tentés par « pragmatisme » de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide et à prendre part par conséquent aux consultations pour ne pas apparaître hostiles par principe à la possibilité de la construction d'un « consensus national » que le président réélu a déclaré vouloir faire aboutir autour de son projet de révision de la Constitution. Après avoir lancé les invitations, Ahmed Ouyahia va en tout logique faire le pressing en direction des indécis ou hésitants pour les emmener à aller le voir. Saura-t-il dissiper les suspicions qu'ils cultivent légitimement ? C'est en tout cas la mission piège qui lui a été confiée et dont il sait que l'échec l'éclaboussera durablement. Le pouvoir l'a voulu, il y aura consultations sur la révision constitutionnelle. Elles n'ouvriront toutefois la voie à un «consensus national» que s'il joue franc jeu avec les consultés et qu'elles n'apparaissent pas n'avoir drainé que des acteurs dont la proximité avec le pouvoir démonétise les propositions. En tour cas l'après-17-Avril est bel et bien dans la mise en place dont le pouvoir entend déterminer l'agencement en faisant échec à toutes les initiatives que l'opposition, réfractaire à ses desseins, tentera de lancer pour y faire obstacle.