Le projet du tourisme de chasse fait son petit bonhomme de chemin à Oran. Avant-hier, au complexe touristique des Andalouses, un accord de principe a été conclu en vertu duquel des touristes étrangers bien encadrés pourront s'adonner à la chasse du sanglier et de certaines espèces de gibiers dans les forêts d'Oran. La réunion d'échange et de concertation, tenue lundi matin aux Andalouses, en présence du conservateur des forêts de la wilaya d'Oran, M. Bouzine Abdelkrim, sous sa double casquette de protecteur du domaine forestier de la wilaya et de représentant (local) de l'autorité publique algérienne, a été féconde en débat et, surtout, fructueuse en termes de résultat. Ont pris part à cette table ronde : le propriétaire d'une agence de voyages espagnole (nommée Atlas) ainsi que son associé-gérant, un représentant de la Fédération des chasseurs espagnols, et, côté algérien, le vice-président de la Fédération nationale des chasseurs algériens et le président de la Fédération des chasseurs de la wilaya d'Oran (qui fédère treize associations locales) ainsi que le directeur du complexe des Andalouses, M. Hacène Bahlouli. Pour la genèse, c'est ce dernier qui est l'initiateur de ce projet. Avec son pragmatisme du business et son langage terre-à-terre qu'on lui connaît, M. Bahlouli s'est vu forcé, à un moment du débat, de placer cette mise au point : «Il s'agit d'un partenariat gagnant-gagnant entre vous et nous. Vos clients sont à la recherche de belles forêts qui pullulent en sangliers et autres petits gibiers. Les forêts, vous avez entendu le conservateur qui disait qu'Oran en disposait plus de 145.000 hectares. Ce sont des forêts vierges et pittoresques que vous ne trouverez nulle par ailleurs. Quant aux sangliers sauvages, ce n'est pas ça qui manque. Reste le prix. Vous savez mieux que quiconque que c'est sans comparaison aucune avec le tarif pratiqué en Hongrie ou en Roumanie, à titre d'exemple. A vrai dire, «Los operadores turísticos» espagnols ne savent que trop bien le rapport avantageux qualité/prix (ou plutôt quantité/prix, puisqu'il est question en fait de nombre de bêtes à abattre par séjour de chasse). Et ils l'ont reconnu sans détours lors des négociations avec leurs vis-à-vis algériens. Néanmoins, ils ont tout de même mis sur la table nombre de réserves, de problématiques ou de contraintes carrément, qui, de leur point de vue, constituent des « problèmes » pour eux vis-à-vis de leur clientèle assez exigeante. On peut les résumer, à grand trait, dans les points suivants. 1. Les Espagnols ont émis le vœu -et non pas la condition, loin s'en faut- que les autorités algériennes leur permettent de faire passer leurs armes de chasse et autre matériel accessoire. 2. Ils ont insisté sur le fait qu'ils doivent disposer au préalable des statistiques sur la faune locale (autorisée à la chasse bien sûr), notamment la population de sangliers par site, en arguant que « nos clients parmi les chasseurs professionnels et amateurs européens ne voyageraient avec nous que si nous, en tant que voyagistes, leur donnons des garanties qu'il existe à peu près tant de sangliers dans un tel espace clôturé (les Occidentaux préfèrent parler : réserve naturelle, ce dont l'Oranie ne dispose pas pour l'heure). 3. Ils ont demandé à ce qu'un circuit de sentiers soit aménagé dans les bois, avec possibilité d'utiliser des chevaux comme moyen de transport. « Tous ces points ne sont que de simples détails techniques, dès lors qu'on soit d'accord sur le principe », a répliqué le conservateur des forêts, qui a donné d'amples éclairages sur les aspects réglementaire, technique et organisationnel liés à la chasse touristique et aux battues administratives en Algérie. Pour sa part, M. El-Kébir Nasredinne, l'un des piliers de l'activité de chasse en Algérie, a tenu à préciser aux Espagnols qu'« en Algérie, seul le fusil de chasse classique à canon lisse de type superposé ou juxtaposé de calibre 12, 16 ou 20 mm est autorisé. Les armes à canon rayé et automatiques de plus de trois coups ne sont pas admises. Une seule arme par chasseur est autorisée en importation temporaire à l'occasion des séjours organisés ». Hier mardi, au lendemain de la réunion, une battue à blanc (simulation d'une partie de chasse) a été organisée par la Fédération des chasseurs de la wilaya d'Oran à la forêt de Madagh, sous l'encadrement des services forestiers de la circonscription de Boutlélis sur ordre du conservateur des forêts, en guise d'exercice de démonstration dédié aux partenaires espagnols.