La visite de Abdelmalek Sellal, ce samedi à Ghardaïa, a été placée sous très haute sécurité, son dernier déplacement dans la région étant toujours dans les mémoires. C'est donc en sa qualité de Premier ministre que l'homme était hier à Ghardaïa pour annoncer que les promesses que le Sellal, directeur de campagne, a faites, au nom du candidat à la présidence Abdelaziz Bouteflika, seront appliquées pour «trouver une solution définitive» au problème de la région en privilégiant «la voie du dialogue et de la concertation» et «l'application rigoureuse des lois de la République» pour résoudre le conflit communautaro-confessionnel qui mine la région du M'zab. En janvier dernier, il avait pourtant qualifié ces mêmes événements de «petites altercations entre jeunes» écartant ainsi tout problème entre malékites et ibadites ou encore entre Mozabites et Châambas. Lors du meeting électoral qu'il avait animé, Sellal s'était engagé à faire de la région «un véritable pôle de développement économique», promettant que les problèmes socio-économiques seront résolus. Il s'était engagé à revenir à Ghardaïa «une fois les problèmes de la région réglés définitivement». Dans une rencontre avec les notables, les élus et les représentants de la société civile, Sellal a voulu se montrer ferme en déclarant solennellement que «la justice jouera son rôle pleinement conformément à la loi», faisant référence aux violences qui secouent épisodiquement la vallée du M'zab. Apportant son soutien à l'action des services de sécurité, il n'a pourtant pas hésité à pointer du doigt les dépassements qui y ont été enregistrés. Ainsi, il dira qu'en application des instructions du chef de l'Etat, «j'ai demandé l'ouverture d'enquêtes sur d'éventuels dépassements», ajoutant que «ces dépassements ne seront tolérés ni par le président Bouteflika ni par la loi». On se rappelle que les services de l'ordre, et notamment la police, ont été accusés de répression «sélective». Pour sa défense, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a parlé de «cas isolés», s'appuyant sur les résultats de la commission d'enquête dépêchée par son patron, le général major Abdelghani Hamel. Trois fonctionnaires de police de la sûreté de la wilaya de Ghardaïa ont été suspendus et présentés devant les juridictions compétentes pour manquement à leurs missions. Usant d'un ton volontairement ferme contre les tenants de la violence, en évoquant, sans la nommer, la fameuse main étrangère qui serait derrière les événements de Ghardaïa. A ce propos, il expliquera que «certains ont tenté de semer la discorde mais leurs tentatives furent vouées à l'échec grâce à la vigilance des Ghardaouis et de l'Etat», avertissant que «l'Etat algérien n'accepte pas que l'avenir du pays soit compromis». Par ailleurs, et lors de sa rencontre avec les figures de Ghardaïa, il a appelé les notables à mobiliser les jeunes de la région en faveur des intérêts suprêmes du pays. En dépit d'un déploiement impressionnant des forces de sécurité, plusieurs quartiers de Ghardaïa continuent de vivre au rythme des violences sporadiques entre les deux communautés arabe et mozabite.